Pascal Germanier et l’ASGI – le parcours du combattant
Depuis 1998, Pascal Germanier, General Manager, a su créer une place pour les golfeurs indépendants en Suisse, surmonter des obstacles, changer les mentalités, convaincre, expliquer, innover, prouver. Son obstination et sa pugnacité ont permis à l’ASGI de devenir une association reconnue et respectée, notamment en ce qui concerne la démocratisation du golf en Suisse.
Propos recueillis par Thérèse Obrecht Hodler et Martin Hodler
L’ASGI a démarré il y a plus d’un quart de siècle. Comment l’idée de de créer une association de golfeurs indépendants est-elle née dans votre tête?
En 1994, on m’a approché pour un projet de golf de 18 trous à La Sarraz, et nous avons débuté avec un Pitch&Putt et un practice. Il y avait un potentiel de 400 à 600 nouveaux golfeuses et golfeurs dans la région. Je me suis engagé et on est partis à l’aventure. Un an plus tard ça a littéralement explosé – environ 1500 personnes fréquentaient les installations, on organisait des cours d’initiation individuels ou en groupe et une vingtaine de compétitions sur une petite boucle de 9 trous. L’ambiance était extraordinaire et les médias en parlaient… Pour moi, cette expérience était la preuve qu’il y avait à la fois un besoin et un potentiel de nouveaux golfeurs et golfeuses, mais la question qui se posait à ceux qui se lançaient dans le golf: «On va jouer où?»
C’était pareil dans notre centre de golf indoor à Etagnières ouvert en 1996, et dont les clients étaient, eux aussi, frustrés de ne pas pouvoir obtenir une licence suisse. Et c’est à ce moment-là que le concept de golfeurs indépendants, qui germait déjà dans ma tête, a pris forme et que j’ai commencé à monter une stratégie pour lancer une association.
En 1998, 61 clubs étaient affiliés à l’ASG et la Suisse comptait environ 32’000 licenciés. Les finances d’entrée étaient généralement élevées dans les clubs et la plupart avaient des listes d’attente. Dans ces conditions, la seule solution pour ces nouveaux golfeuses et golfeurs était de prendre une carte soit avec la Fédération française de golf, qui acceptait tout le monde, soit trouver une solution en Grande-Bretagne ou en Allemagne, ou de passer par un club fantaisiste de type «boîte aux lettres» en Thaïlande ou ailleurs, où l’on vous demandait quel handicap vous souhaitiez voir sur votre carte.
Le fait est qu’entre 10’000 et 15’000 Suisses cotisaient à cette époque en France et qu’il n’y avait aucune volonté affirmée du côté suisse de les récupérer. Je trouvais cela dommage … pourquoi l’ASG ne pouvait-elle pas leur poposer une carte d’indépendant, comme cela se faisait en France ou en Espagne, par exemple?
Quelle était la position de l’ASG à cet égard?
J’avais le privilège de connaître le secrétaire général de l’ASG, John C. Storjohann, un personnage tant au niveau suisse qu’à l’international. Il m’expliquait que statutairement en Suisse, seuls les membres de clubs pouvaient obtenir une licence, et que rien n’était prévu pour les personnes non-affiliées. L’ASG avait d’ailleurs sondé les clubs à ce propos et la plupart se montraient réticents quant à l’arrivée de golfeurs indépendats. On avait également exploré la situation à l’étranger. Aux Etats-Unis et en Grande-Bretagne, les golfs et driving ranges publics étaient monnaie courante, les fédérations de France et d’Espagne donnaient des licences aux golfeuses et golfeurs indépendants, mais le modèle d’associations de golfeurs indépendants n’était pas encore développé en Europe.
C’était une question de mentalité, on connaissait surtout le golf classique à cette époque – tu joues au golf dans ton club – et au sein de l’ASG on avait des doutes sur la pérennité d’une association idépendante. Mais pour de nombreux débutants qui découvraient le golf en jouant moins d’une dizaine de fois par an, l’adhésion à un club ne se justifiait pas dans un premier temps. Cela dit, on comprenait égalemet à l’ASG que l’ASGI pouvait être un réservoir de nouveaux golfeurs et amener des membres supplémentaires aux clubs.
Yves Hofstetter, avocat et joueur national lausannois, de plus membre du Comité de l’ASG, a de suite adhéré à ce concept, et a décidé de représenter l’ASGI au sein de l’ASG. Il a également rédigé nos statuts. En 1998, après un an de discussions intenses avec l’ASG, il était convenu qu’on pouvait former une association indépendante sous le nom d’ASGI. Les conditions étaient que l’ASG garde le contrôle et que la majorité des voix au comité de l’ASGI devait être détenue par des représentants de l’ASG. Après l’acceptation par l’assemblée des délégués en mars 1998, Yves Hofstetter a été nommé président fondateur. La première cotisation annuelle à l’ASGI était fixée à 300 francs par adulte. Pour nous aider à démarrer, l’ASG nous a accordé un prêt de 10’000 francs. Nos membres ont reçu des cartes propres à l’ASGI, différentes des cartes ASG, mais avec la mention «sous le patronage de l’ASG».
L’aventure pouvait démarrer officiellement en mai 1998. Il faut savoir aussi que dans la région lémanique, par exemple, cotiser 300 francs à l’ASGI nétait pas forcément intéressant, puisqu’on pouvait obtenir une licence française pour 42 euros, qui vous permettait de jouer sur plusieurs parcours en France voisine, dont les parcours de championnat à Divonne, Esery, Maison Blanche, Bossey etc. Etant donné cette situation particulière en Suisse romande, la majorité de nos membres sont venus de Suisse alémanique, notamment de la région zurichoise.
Le début était donc difficile. Comment l’ASGI a-t-elle évolué pendant les années après la fondation?
En 1998, nous avons recensé 116 membres; en 1999, nous étions déjà 680, puis 2450 en 2000 et 4500 en 2001. Et en 2004 nous avons franchi la barre symbolique de 10’000 membres. Tout était démontré !
En 2001, nous avons demandé le statut d’association affiliée lors de l’assemble des délégués de l’ASG. Ce statut nous a été accordé avec une majorité des deux tiers. La même année, nous avons en outre conclu un partenariat avec l’Omega European Masters avec une contribution financière et un stand au Village de même qu’avec le premier Credit Suisse Challenge à Wylihof, où nous avons organisé, entre autres, un clinic avec les pros suisses.
Avec cette fulgurante croissance, on commençait à entendre des voix qui disaient: «Il faut faire attention, l’ASGI en fait trop, elle est trop bon marché, elle n’investit pas dans les clubs, c’est donc normal que nous voulions restreindre l’accès aux indépendants et majorer les tarifs.»
Et pourtant, les clubs pofitaient d’un apport en green fees, pourquoi cet argument n’a-t-il pas porté dans les clubs?
Bonne question. Si un golfeur indépendant joue 40 fois par année, il paie plus qu’une cotisation annuelle dans un club. Mais les clubs ne faisaient pas de marketing et n’avaient pas de vision de développement dans ces années-là. Pour ma part, je comparais la situation aux remontées mécaniques dans les stations de ski: vous payez votre carte journalière, même si vous n’avez pas de chalet dans la station, ni investi un seul franc dans la société des remontées mécaniques. Je disais aux managers: «Votre club a peut-être coûté 10, 15 ou 20 millions de francs au départ. Cet investissement était couvert par les souscriptions des membres. Mais si vous me dites maintenant que le club n’est pas payé, cela veut dire qu’il y a un problème de management, ou de statut du club. C’était un peu provocateur, j’en conviens.»
Si les montants pour les droits de jeu, les actions, les finances d’entrée vont dans un fonds de rénovation, les cotisations annuelles servent à couvrir les dépenses courantes. Tout le monde est d’accord là-dessus. Il y avait différents modèles de clubs, parfois une SA était propriétaire et l’association du club recevait les cotisations, parfois une contribution à fonds perdu était affectée au fonds de rénovation, parfois la cotisation des membres comprenait une part qui était consacrée à l’entretien. Dans certains clubs, il existait même trois entités différentes. Le golf est compliqué!
Donc, à votre avis, le modèle des clubs de golf avait certaines lacunes dans les années 1990?
Pour certains clubs, oui, je pense que c’était le cas. Les nouveaux membres achetaient une action à la SA, et lors des reventes d’actions, le club ne recevait rien. Puis on se rendait compte qu’on n’avait pas d’argent pour la rénovation parce qu’il n’y avait pas de nouvelles entrées, mais seulement des listes d’attente. C’était donc un mauvais calcul, mais dans le même temps, les clubs n’étaient pas prêts à accepter plus de membres ni les joueurs Migros GolfCard et ASGI, pour ne pas surcharger les installations. On cherchait avant tout le confort du membre, qui pouvait venir et jouer sans réservation. Comme je l’ai déjà dit, les clubs ne faisaient pas de marketing, ne disposaient pas de spécialistes au niveau financier et n’avaient pas de stratégie tangible de développement. On acceptait de nouveaux membres quand on avait un besoin réel d’argent. Il y avait tout et son contraire dans ces différents modèles. Mais seuls les modèles classiques avec une finance d’entrée à fonds perdu et non transmissible tiraient leurs épingles du jeu et semblaient échapper aux turbulences.
Certaines personnes estimaient qu’une adhésion à l’ASGI devait se limiter à trois ans, et qu’ensuite l’adhérent devait obligatoirement s’inscrire dans un club ou arrêter le golf. Je leur demandais alors: «Que préconisez vous? Qu’un Lausannois devienne membre dans un club aux Grisons?» Evidemment ce n’était en aucune manière une solution! Et des spécialistes ou pseudo-conseillers avec leurs suggestions fantaisistes et sans réflexion, il y en a eu…
Yves Hofstetter et moi avons passé beaucoup de temps à discuter, expliquer, convaincre. Quand je demandais à des dirigeants de clubs, s’ils avaient lu nos statuts et regardé nos programmes et documents, je me rendais compte que les courriers ou e-mails envoyés étaient rarement lus. Cela dit, plus de la moitié des clubs de golf suisses collaborait avec l’ASGI et environ 35% faisaient barrage.
Les clubs qui ont compris l’intérêt de travailler avec nous dès notre lancement étaient plutôt décentralisés, comme Les Bois par exemple. On y organisait des cours d’initiation, des compétitions et d’autres activités. Ils voyaient qu’on amenait des visiteurs et des membres potentiels qui, en plus, consommaient et achetaient des green fees – tout cela était très positif. On créait des animations sur mesure pour les clubs éloignés des centres urbains.
L’ASGI en 2005/2006
2005 et 2006 ont été des années charnière dans l’évolution de l’ASGI. Entre autres, les clubs de golf grisons (réunis dans l’IG Bündner Golfclubs) ont présenté, puis retiré, une motion à l’assemble des délégués de l’ASG, une motion qui aurait pu être fatale pour l’ASGI. A cette époque, le plupart des clubs cherchaient activement des membres et n’avaient plus de listes d’attente. L’analyse des chiffres montrait pourtant que plus de 3000 anciens membres de l’ASGI avaient d’ores et déjà rejoint un club mais qu’une petite minorité des golfeurs indépendants resterait de toute manière toujours indépendante. Le mécontentement était généralisé tandis que l’ASG, sous la présidence de Martin Kessler, s’efforçait surtout de trouver des solutions de compensation financière.
Pendant ce temps, l’ASGI était très active en 2005, elle a notamment:
- versé aux clubs de l’ASG 450’000 francs au titre de contributions aux investissements et 100’000 francs pour la promotion des juniors,
- organisé plus de 50 tournois dans différents clubs et payé environ 400’000 francs pour les apéritifs et la restauration lors de ces événements,
- mis sur pied 27 workshops dans toute la Suisse.
Il est indéniable que l’ASGI jouait un rôle important dans la promotion du golf en Suisse, non seulement comme réservoir de nouveaux golfeurs mais aussi par l’apport financier à l’ASG et directement aux clubs. On estime que pendant la saison 2005, quelque 12’000 membres de l’ASGI ont payé environ 20 millions de francs en green fees pour près de 200’000 tours joués dans des clubs affiliés à l’ASG.
Cette liste a été dressée par Walter Künzi, propriétaire et président du Golfclub Bubikon, premier golf public de Suisse, construit en 1992, qui a dès le début collaboré avec l’ASGI. Tous les tournois de ce club étaient également ouverts aux membres de l’ASGI, il y avait des ateliers ASGI, un tournoi ASGI de la pleine lune, et l’on comptait 3000 tours de 9 trous joués à Bubikon par des membres de l’ASGI, qui versait en outre une contribution de 15’000 francs pour les investissements réalisés à Bubikon (voir «Golf&Country» No 4, 2006).
En 2005 également, l’ASGI a effectué les premiers tests avec les Parcours Gourmands. En 2006 elle a mis sur pied, avec les clubs partenaires de la région, un roadshow dans des grandes surfaces de Romandie (pros, cours d’initiation, swing analyzer etc. sur le stand).
De plus, l’ASGI a organisé un Golf-Safari avec des clubs valaisans et avec le soutien de l’Office du tourisme valaisan (5 tournois, dégustation de vin, offre culinaire, possibilité pour les AP d’obtenir un handicap). La même année a eu lieu la cinquième Swiss Golf Week, avec 444 inscrits, dont 217 membres de clubs.
Lors de l’assemblée des délégués de 2006, les clubs grisons ont donc déposé une motion demandant une augmentation massive des cotisations de l’ASGI. Pourquoi? Comment l’ASGI a-t-elle réagi?
Les clubs grisons estimaient en effet que la cotisation annuelle de 300 francs des membres de l’ASGI était insuffisante et qu’il fallait l’augmenter à 450 francs en 2006, puis à 650 francs en 2007 et à 900 francs en 2008. Cette motion n’a pas fait l’unanimité et le président du GC Davos, Patrik Wagner, a fini par demander qu’elle soit suspendue. Il s’est fait critiquer par certains de ses pairs pour cette décision. Les clubs grisons reprochaient d’ailleurs aussi à l’ASG de profiter de l’ASGI, puisque nous versions 800’000 francs par an à l’ASG à partir de 2006, soit 65 francs par membre, soit le même montant que payaient les membres de clubs.
Mais cette attaque des clubs grisons fut l’occasion idéale pour parler avec Patrik Wagner et les représentants des Grisons, et je me suis rendu compte qu’ils ne connaissaient pas bien le fonctionnement de l’ASGI. Quant à l’éternel reproche que «l’ASGI n’investit pas», notre réaction était de dire «ok, dans ce cas on va investir»! On a acheté chaque année des parts pour environ 400’000 francs dans les clubs qui étaient ouverts à ce processus. On a proposé ces parts aux membres de l’ASGI qui pouvaient ainsi devenir membres à l’essai dans un club en payant une cotisation. Le club en question avait donc un an pour convaincre cette personne d’adhérer définitivement. Beaucoup d’entre elles l’ont fait. On ne peut pas faire mieux!
Tous ces efforts ont pris des années, il a fallu beaucoup de dialogues, beaucoup de discussions pour ajuster nos relations avec les clubs. Mais nous avons fait le calcul: au toal il y a eu 50’000 membres à l’ASGI depuis le début, nous sommes 20’000 ajourd’hui; 32’000 sont partis au fil des années et presque la moitié d’entre eux, soit 15’000, ont rejoint un club de golf suisse.
Mais pourquoi la situation a-t-elle de nouveau dégénéré en 2017 losque l’ASG a résilié votre contrat?
Je connaissais l’avis du président de l’ASG Jean-Marc Mommer à propos des golfeurs indépendants. Je l’ai invité à un Parcours Gourmand dans les Grisons en organisant un meeting avec les présidents des clubs grisons qu’il ne connaissait pas. Il était ravi!
Un beau jour pourtant, Jean-Marc Mommer a décidé de résilier notre contrat, mais également celui de Migros GolfCard, avec un sursis d’une année de plus tard. Pas très équitable … On nous a annoncé que l’ASG allait désormais vendre les licences directement aux joueurs indépendants pour 80 ou 100 francs par saison, ce qui aurait pu signifier la fin des membres dans les clubs …
On était abasourdis. L’ASG nous critiquait parce qu’on n’était pas assez chers, puis elle s’apprêtait à vendre les cartes directement et pour un prix très bas. J’ai dit à Jean-Marc Mommer: «Vous allez tuer les clubs.» On s’est concerté avec Migros GolfCard pour élaborer une nouvelle stratégie. Mais la décision du président Mommer a fait d’énormes remous également dans les clubs. Reto Bieler, membre du Comité de l’ASG, s’est mis en standby et a immédiatement pris ses distances avec cette politique.
Jean-Marc Mommer a alors mis sur pied une commission de présidents de clubs, qui devaient proposer des solutions au Comité de l’ASG. Lors d’une réunion de cette commission convoquée à Meggen, Yves Hofstetter, président du Golf Club de Lausanne, devait d’abord signer un document de confidentialité, s’il voulait participer aux discussions. Yves a refusé de signer, arguant qu’il ne représentait pas le club à lui seul et que son comité devait être informé. Cette commission lui ayant refusé l’accès, il a quitté aussitôt Meggen et cette assemblée fantoche. Puis il a pris les devant en réunissant les présidents des clubs romands, qui ont adressé une lettre au Comité de l’ASG en disant: «Stop, maintenant vous écoutez les clubs.» Le message était clair.
Jean-Marc Mommer était passablement ébranlé par cette tournure des événements et a pris un congé maladie. De son côté, Yves Hofstetter a pris contact avec Reto Bieler et la situation a changé du tout au tout, avec la mise en place d’un nouveau Comité ASG.
A quelque chose malheur est bon! L’abcès a été crevé et, grâce à cette crise, l’ASGI et Migros GolfCard ont obtenu le statut de PGO …
… et l’ASG a changé nom en Swiss Golf et est devenue une organisation moderne, la Maison du golf suisse en quelque sorte!
Reto Bieler a été nommé président en 2018. Il a fait un travail absolument remarquable, il avait la tête sur les épaules et une vision claire. Il a extrêmement bien préparé l’assemblée des délégues de 2018 et proposé un modèle sous la devise «TOUS ENSEMBLE». Tous les points à l’ordre du jour ont été approouvé. Tout a été parfaitement pensé, tous les acteurs ont été réunis, y compris les indoors, les driving ranges, la Swiss PGA. Reto Bieler a su donner confiance à tout le monde. Ce qui nous importait le plus c’était de rentrer dans les statuts comme nouvelle catégorie. L’ASGI et Migros GolfCard sont devenus des membres statutaires de Swiss Golf comme organisations de golf public – ou PGO – et nous avons reçu un nombre de voix en lien avec le nombre de nos membres à l’assemblée des délégués. En outre, chaque PGO avait désormais une place au Comité de Swiss Golf.
Et parallèlement, deux Fonds de soutien ont été créés. Le premier est Supporting Golf Together, réunissant Swiss Golf, Migros GolfCard et ASGI avec un capital de 1,5 million de francs affecté principalement aux grands tournois professionnels. Le second est le Fonds de soutien aux clubs, que chaque PGO alimente avec CHF 60.- par membre adulte, ce qui représente plus d’un million de francs pour chacune.
Le changement était radical et les clubs ont pris la mesure des enjeux. Nous n’étions plus des adversaires. Et la majorité des 98 clubs suisses jouent le jeu aujourd’hui. Nous sommes à leur écoute et leur demandons leurs besoins, que ce soit sous forme d’investissements, de tournois ou d’autres activités.
Je me permets d’ajouter que l’ASGI avait déjà créé un fonds de soutien aux clubs dix ans auparavant. Le fonds du sport contribue au prize money des tournois professionnels, pour un tournoi par catégorie, soit Challenge Tour, LETAS, LET, Senior Tour, European Tour (OEM de Crans).
Donc tout va bien dans le meilleur des mondes alors que l’ASGI a soufflé les 26 bougies? Même avec Migros GolfCard qui semble prendre de plus en plus d’importance?
Nos relations avec tous les acteurs du golf sont excellentes. Un dialogue permanent a été instauré au travers de diverses commission (Commission des membres, Supporting Golf, Sport de loisir …). L’ASGI a toujours eu sa propre stratégie et défini sa ligne, et dans ce sens, elle se distingue des autres. Migros, avec ses six centres de golf, a également sa propre stratégie. Nous sommes concurrents certes, mais nos produits sont différents et on avance en bonne intelligence.
Quel est le programme de l’ASGI à l’avenir? Quels sont vos défis majeurs actuellement?
Nous avons fait changer les mentalités mais nous sommes restés fidèles à nous-mêmes et poursuivons notre stratégie globale avec une trentaine de partenaires, avec les clubs, les sponsors, les entreprises. La formation reste au centre de nos activités. Nous avons mis sur pied le programme Golf&Teaching en 2022, en collaborant avec 28 pros de la Swiss PGA, et l’avons intégré à notre nouvelle «National Golf School». Ce programme doit permettre aux gens de trouver un pro à une distance aussi rapprochée que possible de leur domicile, et à un tarif très attractif.
Mais le monde du golf a changé, les jeunes générations ont d’autres habitudes et d’autres envies. Il faut accrocher les jeunes. Ils ont envie de golf, certes, mais aussi de fun. Il faut de nouvelles idées, par exemple des tournois sur 12 ou 2x6 trous. Nous multiplions les cours d’initiation et soutenons des associations ou même des groupes d’amis pour organiser de petits tournois. On offre même des cours d’initiation s’il y a assez d’intéressés.
Et pour finir, je rappelle un principe fondamental: nous réinvestissons tout l’argent que nous récoltons dans le développement du golf suisse. L’ASGI n’pas de trésor de guerre et nous ne sommes pas un «profit center» qui fait du bénéfice avec le golf.