Histoire du golf suisse (de 1891 à nos jours)

Quelques faits historiques marquants

Saviez-vous que…

… le premier parcours de golf suisse a été officiellement inauguré le 15 août 1891 à Saint-Moritz?
Ce parcours 9 trous partait de l'actuel Hôtel Palace en direction du lac. Il n'a existé que quelques années. On a ensuite joué au golf jusqu'en 1964 dans le parc de l'hôtel Kulm. Après une interruption, ce parcours de petit jeu, remodelé en 2010, est aujourd'hui un véritable bijou. Avec ses 930 mètres, il ne suffit toutefois pas pour être homologué par Swiss Golf.

… le golf a fait pour la première fois officiellement partie du programme des Jeux olympiques à Paris en 1900?
Le diplomate français Pierre Deschamps, qui avait remporté la médaille d'argent, a ensuite contribué à la création de la «Swiss Golf Association» en 1902 à Lucerne. Le parlementaire et golfeur anglais Arthur H. Crosfield présida l'association durant ses onze premières années d’existence. 

… saviez-vous que l'association (ASG) voulait déjà devenir «européenne» après seulement huit ans d’existence?
Lors de l'assemblée générale du 16 août 1910, les délégués ont approuvé le nouveau nom de «Swiss & Central European Golf Association» (SCEGA). Le procès-verbal officiel ne donnait pas de justification particulière. Apparemment, l'objectif était de pouvoir accueillir des clubs amis comme Menaggio et Villa d'Este.

… qu’en 1924 on jouait au golf dans les stations touristiques d’Engelberg, Lugano, Villars, Thoune et Vitznau? 
Beaucoup de ces parcours de golf ont ensuite disparu, et certains ont revu le jour après de longues pauses, sous de nouvelles formes.

… qu’à fin 1945, seuls 560 membres de tous les clubs affiliés à l’association étaient encore officiellement membres de la fédération ?
De nombreux terrains de golf furent utilisés pour l'agriculture pendant la Seconde Guerre mondiale. Les parcours de Bâle et de Genève, par exemple, sont restés fermés au golf jusqu'en 1946. La carte de membre de l'ASG coûtait alors 5 francs. Selon leur taille, les clubs versaient entre 50 et 100 francs par an à l'association.                                                                                                                                                                                                                                                                                           

… qu’en janvier 1950 le premier magazine de golf suisse est apparu sur le marché? 
Otto F. Dillier, golfeur amateur de haut niveau, lança le magazine sous le titre officiel «GOLF Schweiz-Suisse-Svizzera-Switzerland», affichant ainsi ses ambitions. Le magazine a été rebaptisé «Golf & Country» en 1975.

… que le seuil des 5000 golfeuses et golfeurs en Suisse n'a été franchi qu’à fin 1971?
L'économie était florissante, avec bon an mal an une augmentation annuelle de 25% de golfeurs dans les clubs. Le budget de l'association se montait alors à la somme impressionnante de CHF 200'000.

… que la Suisse ne comptait en 1984 que 29 clubs de golf, soit exactement le même nombre qu’en 1968?
Dans le même temps, le nombre de golfeurs avait presque triplé, passant de 4000 à plus de 11’000.

… l'association a initié dès 1992 la première conférence nationale «Golf & Nature», où sont notamment intervenus le président des agriculteurs Melchior Ehrler et le directeur général de Migros Eugen Hunziker?
Les années 90 ont connu un boom impressionnant de la construction des parcours de golf. Pas moins de neuf clubs ont été admis lors de l'assemblée des délégués de 1999, ce qui constitue un record.

… avec 102’128 joueurs enregistrés fin 2022, le seuil des 100’000 golfeurs a été dépassé pour la première fois?
Concrètement cela représentait 6204 juniors et 95'924 membres actifs. Parmi eux, 56'223 jouaient dans l'un des 98 clubs de Swiss Golf. 39'701 adultes étaient inscrits auprès des deux organisations de golf public ASGI et Migros GolfCard. 

 

Le Golfclub Dolder Zurich était récemment le seul à offrir encore une (petite) équipe de caddies: «La plupart du temps, de jeunes garçons des environs qui veulent gagner de l'argent de poche en tirant les chariots de golf des membres, en leur passant les clubs, les nettoyant, en ratissant les bunkers, réparant les pitchmarks et lisant les lignes. Ce dernier point est toutefois plutôt rare; les membres connaissent «leurs» greens et en prennent soin - il est peu courant de trouver un terrain où les pitchmarks sont réparés aussi rigoureusement qu'ici», écrivait la «NZZ» en juillet 2013, plus de 100 ans après les débuts du golf sur les hauts de Zurich.

Le Golfclub Dolder Zurich a officiellement rejoint l'association en 1907. Quelques années plus tard, le premier président de la Swiss Golf Association écrivait à propos du premier club de Zurich: «Ce club, qui doit son existence à l'énergie et au sacrifice de son président, l'excellent golfeur et sportif Alfred Hoffmann (soutenu activement par le populaire consul américain Mansfield), peut se vanter d'être le premier club de golf de Suisse dont la majorité des membres sont de nationalité suisse». Par comparaison, la seule mention historique sur la page web du Golfclub Dolder semble plutôt sobre: «Le Dolder Golfclub Zurich a été fondé en 1907, ce qui en fait l'un des plus anciens clubs de golf de Suisse ». 

Dolder est l'un des rares parcours en Suisse à ne pas disposer de son propre driving range. Les premières installations d'entraînement ont vu le jour en 1915 à New York. Aujourd'hui encore, en Grande-Bretagne, de nombreux anciens parcours ne disposent pas de leur propre driving range. Il est impossible de savoir qui a exploité le premier driving range en Suisse. Une chose est sûre: actuellement, 95 des 100 parcours de golf de Swiss Golf disposent de telles aires d'entraînement. A cela s'ajoute un nombre considérable de driving ranges exploités dans toute la Suisse, indépendamment des clubs. 

Dès le début, les tarifs officiels des caddies ont été bien documentés. A Saint-Moritz, par exemple, ils étaient en 1896 de 75 centimes pour le parcours 18 trous et de 50 centimes pour le parcours 12 trous. La même année, «The Alpine Post» publiait les cotisations saisonnières du club. Les «Gentlemen and Married Ladies» payaient 20 francs, les «Unmarried Ladies» 15 francs. Il était également précisé: «Tea will be served every afternoon after 4 o'clock». 

A l'époque, les visiteurs illustres avaient l’habitude de passer des séjours de plusieurs semaines dans des hauts lieux du tourisme comme les Grisons ou la Suisse centrale. Les hôtes étaient donc heureux de pouvoir profiter d’activités de loisirs en tout genre. En hiver, ils pouvaient skier, faire de la luge et assister à des concerts dans les salles de loisirs des stations huppées. Il y avait aussi des idées originales: à Flims et Maloja, par exemple, un casino avait été construit dans la forêt. Mais très vite, les clients payants ont fait défaut.

De cette phase de golf purement touristique dans les stations suisses, qui a duré jusqu'au début de la Première Guerre mondiale, seuls six clubs sont encore aujourd'hui membres de l’association: Dolder, Crans-sur-Sierre, Bad Ragaz, Lucerne, Montreux et Engadine. Tous les autres parcours ont disparu ou ont été utilisés à d'autres fins.

Voir chapitreLes terrains de golf qui n’existent plus en Suisse



L’association change de nom

A l’époque, il se passait beaucoup de choses au sein de la Swiss Golf Association. Comme chaque club avait droit à une place de vice-président au sein du comité, on ne comptait pas moins de 14 vice-présidents en 1910. C’était encore un chiffre acceptable, car selon le procès-verbal, le nombre de vice-présidents était limité à 28. Lors de cette même assemblée générale du 16 août 1910, les délégués approuvèrent la proposition de rebaptiser l'association «Swiss & Central European Golf Association» (SCEGA). Le nouveau nom ne changeait rien aux structures. Il n’y a pas d’explication pour ce changement de nom, si ce n’est qu’il avait probablement pour but de pouvoir accueillir des clubs amis des pays voisins, comme le club de golf de Menaggio sur le lac de Côme et le club de Villa d'Este, qui était même représenté à l'assemblée. Un an plus tard, la question de savoir si les championnats amateurs pourraient être aussi organisés en dehors des frontières suisses fut soulevée. Les discussions ne débouchèrent apparemment sur rien de tangible. 

Trois ans plus tard, les mots «Central European» avaient déjà disparu de tous les documents et il était question de l'Association suisse de golf, l'«ASG».


Première Guerre mondiale

L'assassinat de François-Ferdinand, l'héritier du trône autrichien, à Sarajevo le 28 juin 1914 marqua le début de la Première Guerre mondiale. Un mois plus tard l'Autriche-Hongrie déclarait officiellement la guerre à la Serbie. Ce fut le prélude à un conflit sanglant qui dura des années et qui fit près de dix millions de victimes militaires et environ sept millions parmi les civils. Vingt millions de soldats furent blessés, souffrant de blessures parfois très graves.

L'attentat de Sarajevo et ses conséquences eurent aussi une influence dramatique sur la vie en Suisse. Notre pays mobilisa ses soldats le 2 août 1914 et la neutralité suisse fut proclamée le lendemain. Tous les hommes âgés de 20 à 48 ans devaient effectuer leur service militaire.

Deuxième vague durant les années vingt

Pendant la Première Guerre mondiale, le monde avait d'autres soucis en tête que le golf. Les touristes n'étaient pas au rendez-vous et la Suisse connaissait de gros problèmes économiques et sociaux, qui conduisirent d’ailleurs à la seule grève générale jamais organisée dans le pays, en 1918. Malgré cela, de nouveaux parcours de golf ont rapidement vu le jour après la fin de la guerre. Dix clubs sont apparus dans les années vingt, qui font encore partie de Swiss Golf aujourd'hui. A Lausanne, Lugano ou pour la première fois en France voisine, des terrains de golf plutôt modestes, de 9 trous ou moins, ont vu le jour pour les membres et les touristes, toujours peu nombreux à l'époque.

La Suisse n'a été qu'indirectement touchée par la guerre. Suisse Tourisme porte toutefois un regard critique sur la période de la Première Guerre mondiale: «Le climat social s'est détérioré pendant la guerre pour différentes raisons. La difficulté d’importer les denrées alimentaires, le rationnement et le renchérissement massif ainsi que la perte de salaire pendant le service actif ont entraîné des situations de détresse dans les couches les plus pauvres de la population. Pendant la guerre, les hommes ont dû effectuer leur service militaire pour protéger les frontières. Ils n'étaient guère indemnisés pour ce service. Ils n'ont pas non plus reçu de compensation pour la perte de salaire, et beaucoup n'ont plus retrouvé de travail après la guerre. La détresse, l'agitation politique et les révolutions socialistes à l'étranger ont conduit à la grève nationale de 1918, une grève générale à laquelle ont participé, du 11 au 14 novembre 1918, quelque 250'000 ouvriers et syndicalistes de toute la Suisse».

Détail historique: en 1919, le Vorarlberg a voté sur d'éventuelles négociations d'adhésion à la Suisse. Après la défaite de la Première Guerre mondiale, plus de 80% des votants se sont prononcés en faveur de ce projet, mais la Suisse ne s'est pas montrée très intéressée, certainement parce qu'une adhésion du Vorarlberg aurait conduit à une majorité de confession catholique et aurait renforcé la prépondérance germanophone. Le Conseil fédéral s'est finalement prononcé en faveur du statu quo.

Aucun championnat officiel de golf ne s’est joué en Suisse entre 1914 et 1921. Le «Swiss Tourist Almanac» de 1921 recensait onze terrains de golf, dont deux, Bad Ragaz et Axenfels, étaient encore fermés à l'époque. Les 9 premiers trous du Dietschiberg lucernois n'ont été ouverts qu'en juin 1921. Samedan, Maloja, Saint-Moritz, Crans-Montana, Les Rasses et Interlaken complétaient l'offre saisonnière, ainsi que Dolder et Montreux, avec une exploitation saisonnière prolongée.


Nouvelles créations de clubs au début des années vingt

L'industriel Oscar Dollfus, originaire du Tessin, avait découvert les joies du golf à Lausanne. Il réussit à convaincre les élus locaux lausannois de lui louer une partie des terres agricoles nécessaires. Les six premiers trous purent être ouverts en juillet 1921, même s’il fallut attendre encore dix ans pour que le véritable parcours de 18 trous voie le jour. Les touristes anglophones n'étaient pas les principaux clients. A Lausanne, le sport a toujours occupé la première place. Les grands tournois internationaux ont toujours été la «marque de fabrique» du Golf Club Lausanne, comme par exemple les championnats du monde amateurs en 1982 et, plus tard, le championnat d'Europe dames. Même pendant la Seconde Guerre mondiale, les membres pouvaient jouer sur une moitié du terrain, tandis que le reste était utilisé pour le Plan Wahlen, c'est-à-dire la production de pommes de terre. Le parcours 18 trous a pu réouvrir en septembre 1947. 

Les débuts du golf dans la station touristique de Villars furent nettement plus modestes. En 1922, Charles Génillard, directeur de l'hôtel Villars-Palace, aménagea un parcours de 9 trous dans son parc: «Les départs et les greens sont acceptables, mais le terrain est très mal entretenu. Nous espérons que ce n'est que temporaire et que le pro William Freemantle, sur place, améliorera la situation», écrivait le magazine français «Le Golf» de manière peu flatteuse. A l'époque, les pros étaient aussi et surtout chargés de superviser l'entretien du parcours, qui devait se contenter de moyens très modestes. A Villars, ce n'est pas la guerre qui a mis fin au parcours, mais la vente du terrain. Il a fallu attendre 1980 pour qu'à l'initiative de l'office du tourisme de Villars et de la commune d'Ollon un court parcours de 18 trous, partiellement pentu, soit construit sur la piste de ski au-dessus de Villars pour les habitants et les touristes.

Le jeu a commencé de façon très modeste à Vulpera, dans les Grisons: en 1923, le parcours ne comportait que deux trous, à l'endroit où se trouve aujourd'hui le driving range. Trois ans plus tard le parcours a été amélioré et surtout agrandi avec l'aide de l'Écossais Gordon Spencer. En 1927, quatre ans après son lancement, le club de golf a été admis dans la fédération suisse. Là aussi, pratiquement seuls les touristes des hôtels Waldhaus, Schweizerhof, Villa Post et Villa Engiadina jouaient au golf. Aujourd’hui il n'y a plus un seul hôtel dans le village. Au fil des ans, le golf a changé plusieurs fois de propriétaire. Ce qui est resté, c'est un parcours de 9 trous particulier, avec une montée vers le départ du trou 7, qui traverse la route cantonale. Lors des grands tournois, quelqu'un surveille la route et indique aux golfeurs s’ils peuvent jouer. Selon le président du club, il arrive presque chaque saison qu'une voiture soit touchée par une balle de golf. «Mais jusqu'à présent il n'y a pas eu de gros accident», a-t-il déclaré au journal local à l'occasion du 100ème anniversaire du club. La route cantonale a d'ailleurs été construite après le terrain de golf.

Pendant ce temps, le nombre de parcours continuait de croître. En 1924, le cahier «Saison d'été en Suisse» donnait une liste de 18 clubs de golf, dont les nouveaux clubs d'Engelberg, Genève (Onex), Lausanne, Le Pont sur Vallorbe, Lugano, Thoune, Villars sur Bex et Vitznau-Buochs. Pour faire face à cette croissance, l'ASG a décidé dès cette époque de diviser la Suisse en trois régions, chacune d'entre elles devant organiser son propre championnat. Jusqu'à cette date, seule la Suisse orientale avait un championnat régional.

Divers clubs de golf fondés dans les années vingt quittèrent ensuite la fédération. C'est le cas par exemple d'Axenstein, Neuchâtel, Gstaad, Les Rasses, Thoune ou Waldhaus-Flims.

Les championnats internationaux amateurs furent réintroduits dans le calendrier des tournois dès 1922, en match play, comme c’était l'usage à l'époque, mais dans une modeste mesure. Lors de la première édition à Lausanne, le 26 juillet 1926, 17 messieurs étaient inscrits, dont le «champion du Japon». Selon un article paru dans le journal local, un certain P. Feraldo a battu son adversaire Walters en finale par 10 up. Les championnats suisses amateurs dames, qui comptaient huit participantes, se sont soldés par «la victoire de Mme Williams par 3/2 sur la comtesse de Salverte».

Du Swiss Open à l’European Masters

Différents sites pour le Golf Club de Genève

Bien que l'on joue depuis longtemps à Genève, le Golf Club de Genève n'est devenu officiellement membre de la fédération qu’en 1923. A Genève, l'ONU et l'Organisation internationale du travail (OIT), entre autres, ont joué un rôle important. Selon la chronique du club, deux prêts bancaires de 35’000 francs ont dû être remboursés peu après l’ouverture des 9 premiers trous à Onex. Pour mettre les choses en perspective: à l'époque, un tour coûtait deux francs en semaine et le double le weekend. Les hommes payaient 125 francs de cotisation annuelle, les dames 65 francs seulement. 

Peu avant la Seconde Guerre mondiale, le Golf Club de Genève comptait 200 membres actifs, auxquels s'ajoutaient 34 non-golfeurs, mais qui pouvaient manger et boire au restaurant en tant que «membres passifs». Lors de l'assemblée générale, il avait été décidé que le repas après la séance ne devait pas coûter plus de 3,50 francs, vin ou café non compris, bien sûr. 

Les tarifs officiels des caddies de l'époque sont également intéressants: 1,80 franc pour une partie de 18 trous et 1,20 franc pour une partie de 12 trous. Parallèlement, les membres étaient invités à contribuer au remboursement des dettes du club.

En tout, les golfeurs genevois ont «déménagé» deux fois, de Charmilles à Onex, puis à Cologny. La vente du «Domaine des Évaux», où se trouvait le terrain de golf d'Onex, s'est avérée être une aubaine, avec un bénéfice de 4 millions de francs, qui a été utilisé pour l'acquisition du site actuel près de Cologny. Parallèlement, les Genevois ont pu s'offrir les services de Robert Trent Jones, l'architecte de golf américain. Son offre, qui s'élevait à deux millions de francs, était deux fois plus chère que celle des autres architectes connus, mais tout de même «nettement moins chère que ses tarifs habituels», comme on peut le lire dans le procès-verbal de l'assemblée générale de 1970.


Premiers parcours au Tessin

A Lugano, le premier parcours du Tessin a été créé en 1909 déjà, mais a dû déposer le bilan en 1916. L’actuel Golf Club Lugano a vu le jour en 1923, notamment grâce à une «preuve d'amour» de la part de l'Allemand Erwin von Riedemann envers son épouse. En effet, Josefa était une golfeuse passionnée qui avait remporté de nombreux tournois de golf internationaux. Riedemann trouva un terrain adéquat au bord du lac de Lugano. Le 24 novembre 1923, il inaugura à Magliaso les 9 premiers trous conçus par l'architecte Percy Dell. Ce n'est que bien plus tard, en 1970, que Donald Harradine a étendu le parcours à 18 trous. Le parcours actuel du Golf Club Lugano ne s'étend que sur 32 hectares. En Suisse, il est plutôt courant de construire un terrain de golf sur une surface d'environ 50 hectares, soit 50'000 m2.

Dès le début, le Golf Club Patriziale Ascona a été planifié sur 50 hectares. Le but était de réaliser 18 trous d'une longueur totale de 5324 mètres sur un terrain de la bourgeoisie. Les débuts sont toutefois restés modestes: dans une première phase, quatre premiers trous ont été construits en 1928. Quatre ans plus tard, l'architecte Roelli a achevé le premier club house et les architectes anglais Colt & Alison alors leaders mondiaux, ont ont redessiné le parcours sur 9 trous. Ce n'est que depuis 1957 que le club dispose d'un parcours de 18 trous. 


Nouvelles créations à la fin des années vingt

Alors que les choses bougeaient au sud de la Suisse, au nord les premiers passionnés de golf ont commencé à planifier un parcours dans la région de Bâle. Le Golf Club Basel a été fondé en 1926 et, la même année, la construction d'un parcours 9 trous a débuté à Saint-Louis, en France. Le Golf Club Basel a ainsi été le premier club suisse à disposer d'un terrain à l'étranger. 

Après la Seconde Guerre mondiale, le désir de créer un parcours sur le sol suisse s'est fait sentir. En 1949 déjà, le jeu a débuté sur 9 trous près de Schönenbuch, mais avec le temps, les membres ont commencé à se sentir à l’étroit. Dans les années cinquante, un terrain a pu être trouvé en Alsace, à Hagenthal-le-Bas, pour y aménager 18 longs trous. En 1968, le Golf & Country Club Basel a déménagé au Geissberg. 

L'histoire du petit parcours de golf du Bürgenstock, près de Lucerne, est moins compliquée. Les «Années folles» étaient une période où le plaisir était roi. Friedrich Frey-Fürst s'en est rendu compte et a pu acquérir en 1928 le Trogenalp, situé dans un cadre idyllique, après quelques disputes et des allers-retours en justice avec des paysans locaux. Il y a construit un parcours de 9 trous en transformant le terrain marécageux en un beau parcours de type parkland, mais assez étroit. Au cours de sa longue histoire, le complexe a changé plusieurs fois de propriétaire. Le terrain de golf, petit mais raffiné, est toutefois resté, idylliquement situé sur le Bürgenstock. D'ailleurs, il est aujourd'hui le seul en Suisse à se passer totalement de bunkers de sable. Pour des raisons de protection du paysage, ils ont dû être totalement supprimés lors de la dernière rénovation.

En 1929, les hôteliers et la direction de la source thermale de Bad Schinznach ont inauguré un parcours de 9 trous d'une longueur de 2730 yards. Il était dirigé par un certain W. Siegl. Deux ans plus tard, le club a adhéré à l'ASG. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le parcours a été réduit à sept trous, puis de nouveau agrandi à 9 trous à partir de 1947, avant d’être réaménagé à plusieurs reprises. Depuis 2011, deux boucles de 9 trous forment un par 73.

Au même moment, dans les Grisons, une autre station touristique tentait de satisfaire ses clients étrangers. «Le Golf Club Davos a vu le jour le 14 juin 1929. Jusqu'à aujourd'hui, le club a connu un processus de vieillissement inversé. Au début, il s'agissait d'un cercle de curistes anglais fortunés. Aujourd'hui, c'est un club moderne qui accueille toutes sortes de touristes. Ce processus de revitalisation n'est pas encore terminé», écrivait Iso Niedermann dans le magazine «Drive» à l'occasion du 75ème anniversaire du club en mai 2004.

Bien plus tôt, à l'initiative de l'écrivain et médecin britannique Arthur Conan Doyle (le «père» de Sherlock Holmes), des curistes anglais férus de golf avaient créé dans le parc de la station thermale un «Gartengolf» avec des trous courts, qui a été agrandi entre 1929 et 1931 pour devenir un parcours 9 trous. 

Aujourd'hui, les membres et les visiteurs jouent sur la «Matta», près du village, sur un terrain pratiquement plat.

La chronique du club rédigée par Patrik Wagner, le président d'honneur, explique comment, à ses débuts, le club fonctionnait à l'anglaise: «Le président Buckley vient chaque après-midi au club avec sa femme, après quoi le jeu de golf est interrompu et toutes les personnes présentes prennent le thé. Souvent, il offre aux golfeurs présents le déjeuner qu'il fait servir par la maison de cure Buol, qui deviendra plus tard l'hôtel Carlton. Un bus traîneau abandonné, pouvant accueillir huit personnes, sert de clubhouse provisoire». 

Durant les Années folles qui ont suivi la Première Guerre mondiale, dix clubs de golf ont donc vu le jour, qui font aujourd'hui encore partie de Swiss Golf. Tous ont commencé avec 9 trous ou moins. Schinznach Bad, Bürgenstock et Vulpera en sont restés là, tandis que Davos, Ascona, Bâle, Genève, Lugano, Villars et Lausanne se sont développés au fil des années pour atteindre les 18 trous classiques.

Ces débuts plutôt modestes se sont poursuivis durant la difficile période suivante, avec la «Grande Dépression» aux États-Unis qui a débuté après le krach boursier sans précédent d'octobre 1929, à l’origine de la crise économique mondiale des années trente.

Entre crise et guerre

Peu avant les grandes difficultés économiques des années 1930, deux nouveaux terrains ont encore vu le jour à Neuchâtel et à Zurich-Zumikon, dont le dernier est encore utilisé aujourd’hui. Il s'agit de Neuchâtel et de Zurich-Zumikon. Ils ont été officiellement admis dans l'association en 1930, respectivement en 1931. L’histoire de l’actuel Golf & Country Club Blumisberg a commencé quelques années plus tard sur la montagne bernoise du Gurten. Il est intéressant de noter que l’Association européenne de golf (EGA) a été créée peu avant la Seconde Guerre mondiale.

«Dès 1934, la crise économique commence à avoir des répercussions sur la vie des clubs», écrit Pierre Grandjean dans le livre publié à l’occasion du centenaire de l’ASG en 2002. Pour éviter les licenciements, les salaires des employés et ouvriers sont diminués, ce qui entraîne une baisse du nombre de membres et une raréfaction des visiteurs. L'ASG doit faire face à des problèmes de trésorerie, certains clubs, comme Montreux, ne payant plus leurs cotisations: «LAssociation suisse de golf est l'un de nos créanciers depuis 1933, année depuis laquelle nous ne payons plus nos cotisations. Elle devrait nous délivrer quittance moyennant cotisation 1933 pour 150 francs et nous considérer en congé pour les années suivantes», cite Pierre Grandjean dans un rapport sur la marche du Golf de Montreux entre 1935 et 1936. 


Seconde tentative à Neuchâtel

Malgré les difficultés financières, une seconde tentative de créer un club de golf à Neuchâtel a eu lieu à la fin des années vingt. Le premier se trouvait au pied du Jura et était «accessible à pied en une demi-heure depuis la ville», écrivait «Golfing Annual » en 1905. On perd la trace de ce club à partir de 1908. 

A l'initiative de l'entrepreneur neuchâtelois Eugène de Coulon, un nouveau terrain de golf a vu le jour sur les hauteurs de la ville, au lieu-dit Pierre-à-Bot. Ce 9 trous était entretenu par un seul jardinier, Arnold Stucki, tandis que son épouse Mina s'occupait du restaurant. En 1930, le Golf Club Neuchâtel devint officiellement membre de l'Association suisse de golf. L'édition de 1931 du guide Plumon n'apportait pas beaucoup de détails: «A Pierre-à-Bot. Ouvert toute l'année. Neuf trous, 1790 yards. Hon. Secretary: Paul Guisan, Professional: Charles Regamey». 

Ce petit parcours a été exploité jusque dans les années soixante, avant que les responsables trouvent un nouveau terrain à Voëns, l'emplacement actuel. La commune de Saint-Blaise avait cependant refusé d’octroyer le permis de construire et le canton avait refusé le changement d'affectation en installation sportive. Le club a dû aller jusqu'au Tribunal fédéral et a finalement obtenu gain de cause. Le budget de 3 millions de francs établi en 1972 a été largement dépassé. «Grâce à d'importants prêts sans intérêts consentis par Raoul de Perrot, Henri Du Pasquier, Denise Roethlisberger, Suzanne Roethlisberger, Denis Wavre et Robert Chatelanat, la faillite a pu être évitée», peut-on lire sur la page d'accueil du Golf Club Neuchâtel.


Un deuxième club pour Zurich

Un deuxième club a vu le jour à Zurich en 1931, pratiquement en même temps qu'à Neuchâtel, sous le nom de Zumikon-Waltikon. Le premier tournoi y a eu lieu en automne 1931. «5980 yards. Par: 71. La conception du parcours est excellente et toutes les particularités du terrain ont été exploitées au mieux. L'école de golf est ouverte toute l'année. Pro et greenkeeper: Hugh Williamson», écrivait le guide français «Plumon» dans son édition de 1931.

Ce ne sont pas les touristes anglais qui ont été à l'origine de la création du parcours de Zumikon, mais un homme et sa vision: Alfred Dürler-Tobler. Cet homme d'affaires zurichois a réussi à réunir un groupe de personnes partageant les mêmes idées et prêtes à investir dans un terrain de golf. Ils ont fondé une coopérative et se sont rapidement mis d'accord sur le fait que le Zollikerberg, derrière Zumikon, offrait un terrain idéal pour le golf. «Au total, près de 72 hectares ont pu être acquis au prix moyen de 1,75 franc le mètre carré», écrivait «Golf Suisse» à l'occasion du 75ème anniversaire du club. 

La construction du terrain devait coûter 105'000 francs - un budget extrêmement faible pour l'époque. Au final, elle s'est élevée à un demi-million de francs. Si l'on ajoute à cela le capital nécessaire à l'achat du terrain ainsi que de nombreuses petites dépenses, ce sont finalement plus de 2,1 millions de francs qui ont été investis.

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, le club, aujourd'hui connu sous le nom de Golf & Country Club Zurich, a longtemps lutté contre les difficultés financières. Ouvert presque en même temps que le plus célèbre club de golf des États-Unis, Augusta National, le club de golf leader en Suisse a longtemps eu du mal à équilibrer ses comptes d'exploitation, ce qui a contraint les membres de la première heure à verser régulièrement des contributions extraordinaires. Même 50 ans après sa fondation, la brochure commémorative du GCCZ à l'occasion de son anniversaire en 1981 indique que la vie du club n'est pas encore sans soucis en termes de recettes. Un article du magazine «Golf Suisse» mentionnait également ces problèmes.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le jeune club a relativement bien tiré son épingle du jeu. Huit trous auraient même été praticables en permanence. Pour remettre en état l'ensemble du parcours après la guerre, les membres ont une fois de plus dû passer à la caisse. Comme toujours, Alfred Dürler-Tobler - président jusqu'en 1952 – fut l'un des mentors et des donateurs les plus généreux. Au cours des dernières années, le club a également investi beaucoup d'argent dans ce parcours de haut niveau. Les premières adaptations ont été réalisées dès 1936 par les architectes de golf britanniques Simpson & Co. En 1978 et 1979, Donald Harradine a mis la main à la pâte, si bien que le parcours transformé a pu rouvrir en mai 1980. Entre 2015 et 2018, le Golf & Country Club de Zurich a été rénové pour la troisième fois de son histoire, avec aux commandes l'architecte de golf allemand Thomas Himmel.


Les pros sont les greenkeepers

Au début, ce sont surtout les professionnels qui entretenaient les terrains de golf. Dans l'histoire du club de Davos, on peut lire en 1932: «Le pro de Bad Ragaz Donald Harradine, beau-fils d’A. C. Hockey, ancien pro de Ragaz et bâtisseur des premiers trous de golf au Kurgarten, a été engagé à Davos. En plus de l'enseignement du golf, il était personnellement responsable de l'entretien des terrains en tant que greenkeeper à partir de 1933. En raison du débauchage de Donald Harradine par le club de Davos, un accord a été trouvé avec le club de golf de Bad Ragaz pour qu’il soit libéré du samedi midi au lundi matin afin qu'il puisse continuer à donner des cours de golf à Bad Ragaz. Son salaire à Davos s'élevait à 320 francs par mois. On lui déduisait 100 francs pour le logement. Il donnait cinq leçons gratuites à ceux qui lui achetaient un set de golf.»

L’Anglais d’origine s'installa à Berne fin 1934, où il était responsable du «design du parcours 9 trous du Gurten» en tant qu'architecte de golf. Parallèlement, il assumait les fonctions de greenkeeper et de caddie-master.


Des golfeurs et golfeuses peu appréciés sur le Gurten – Fondation du Swiss Seniors Ladies au Golf & Country Club Blumisberg

Les golfeurs et golfeuses n'étaient pas appréciés sur le Gurten. Dans l'histoire officielle du Gurtenpark, on peut notamment lire: «Le club de golf qui, entre 1937 et 1958, mettait l'ensemble de la prairie du Gurten et le clubhouse à la seule disposition de ses membres et de ses invités, représentait une perte sèche pour tous ceux qui devaient économiser quelques centimes pour le trajet en funiculaire vers le Gurten».

Il n'est donc pas étonnant qu'en 1955 la ville de Berne ait résilié le contrat de bail pour la fin de l'année 1958. Le Golf Club Berne de l'époque avait donc besoin d'un nouveau terrain et l'a trouvé à Blumisberg, près de Wünnewil, entre Berne et Fribourg.  Les premières années, le nouveau Golf & Country Club Blumisberg était fréquenté par de nombreux diplomates, mais les femmes ont également été actives dès le début. Dès la toute première année, le 26 mai 1959, 25 dames se sont réunies à Blumisberg pour créer la Swiss Senior Ladies Golf Association (SSLGA), encore appelée SSL à l'époque. La Suisse était ainsi le premier pays d'Europe à créer une association nationale de dames seniors. «Sa première présidente était Leida Feldpausch, une golfeuse extrêmement active, entreprenante et chaleureuse. Il n'y avait pas d'assemblée générale, d'élections ou de statuts. Tout le monde se connaissait, c’était une grande famille», écrit la SSLGA à propos de ses origines.

L’influence de la situation économique et de la Seconde Guerre mondiale sur le golf

En raison des conditions économiques difficiles, le nombre de golfeurs actifs avait diminué de plus de moitié entre 1930 et 1939, passant d'environ 3300 à quelque 1500. 

Le Golf Club Berne fut le dernier à être ouvert en Suisse dans les années 30. En 1939, la Suisse comptait 27 parcours de golf, mais seulement six d'entre eux comptaient 18 trous: Samedan, Montreux, Lucerne, Crans-sur-Sierre, Zumikon et Thoune. Ce dernier ferma définitivement ses portes peu de temps après.


Création de l’European Golf Association (EGA)

Dans les autres pays européens, le nombre de membres dans les clubs était encore bien pire. Rétrospectivement, la création de l'Association européenne de golf (EGA), le 20 novembre 1937, semble d'autant plus étonnante. Les représentants de l'Allemagne, de l'Angleterre, de l'Autriche, de la Belgique, de la France, des Pays-Bas, de la Hongrie, de l'Italie, du Luxembourg, de la Suisse et de la Tchécoslovaquie se réunirent à Luxembourg pour approuver les statuts de l'association et élirent le colonel P. C. Burton à la présidence. En l'absence de documents de 1938 à 1949, il est impossible de savoir si des activités de l'EGA ont eu lieu durant cette période. Le Danemark et la Norvège ont encore rejoint l’association en 1938. 

En novembre 1938, la dernière réunion d’avant-guerre de l’EGA s’est tenue au Luxembourg. Selon la presse européenne de l’époque, aucune activité de l’EGA n’a eu lieu entre 1939 et la fin de la guerre.

Lorsque la guerre a éclaté, l’ordre de mobilisation générale a été donné en Suisse le 2 septembre 1939 à 430’000 hommes des troupes de combat et à 200’000 hommes astreints au service auxiliaire. L'Assemblée fédérale élut le Vaudois Henri Guisan au poste de général de l'armée suisse. Celui-ci annonça lors de son célèbre discours du 25 juillet 1940 au Grütli le retrait dans le Réduit national. En cas d'attaque de l'Allemagne nazie, le gros de l'armée devait se replier dans l'espace alpin, et le Plateau, avec la majeure partie de sa population, ne devait pas être défendu. Comme on le sait, l'attaque redoutée de l'Allemagne n'a pas eu lieu.


La «bataille des champs» et les terrains de golf 

Le Plan Wahlen et le rationnement des principales denrées alimentaires ont permis à la Suisse d'être plus ou moins épargnée et de ne pas souffrir de la faim. 

Les terrains de golf se sont logiquement révélés être des surfaces idéales pour la culture des pommes de terre. Mais ils n'étaient pas les seuls à être utilisés. La prairie zurichoise de la Sechseläute a également été labourée et plantée. Alors que le terrain du Dietschiberg lucernois a été «complètement mutilé» et reconstruit seulement après la guerre, les Genevois ont pu continuer à jouer au golf presque sans être dérangés. 

Le plus grand problème pour les golfeurs pendant la guerre était le rationnement des balles, qui ne pouvaient pratiquement plus être importées. Néanmoins, un tournoi national interclubs a été organisé à Zurich en 1942. L'équipe gagnante de Genève était notamment composée du président Maurice Ferrier et du secrétaire Enzo Beresini. Le quatuor était complété par Jacques Ormond et Georges Payot. Les quatre mêmes joueurs du Golf Club de Genève s’imposèrent trois fois de suite, ce qui permit au club de conserver définitivement le trophée offert par l'ASG.

Selon la chronique officielle du Golf Club de Genève, il y eut même deux matchs internationaux contre Lyon et Barcelone en 1943. La même année, le club annonçait qu'il avait encore 500 balles en stock. Le club vendrait aux membres une balle en avril et deux en mai. «Le droit d'achat ne peut pas être transféré.» 

Le terrain de Davos a lui aussi été épargné par la «bataille des champs». Compte tenu de la période de crise, l’association des bains réduisit sa contribution annuelle de soutien de 1600 francs à 1200 francs dans un premier temps, puis à 500 francs. Les prix des greenfees furent également réduits: le forfait demi-journée pour 18 trous passait de 3 à 2 francs et le forfait journalier de 5 à 4 francs. Le club de golf annonçait: «Malgré les troubles de la guerre, le jeu pourra reprendre dès le mois d'août sur l'ensemble du parcours. On constate un certain essor et, avec 18 compétitions, on en organise presque autant qu'en temps de paix».


Fondation de l’«Association Suisse des Professeurs de Golf» (aujourd’hui Swiss PGA)

Autre point intéressant à relever: l’«Association Suisse des Professeurs de Golf» (ASPG) a été fondée le 10 janvier 1943 à Berne, en pleine tourmente.

Cette nouvelle association avait pour but de promouvoir le golf, de soutenir les intérêts des golfeurs professionnels, d'organiser des tournois et des rencontres entre les membres et de leur offrir une formation. Vous pouvez lire toute l'histoire de l'association professionnelle des Teaching et Playing Pros dans le chapitre La Swiss PGA. 

Les premiers chiffres publiés par l'ASG après la Seconde Guerre mondiale, en 1945, faisaient état de 560 membres répartis dans 18 clubs. Cela représentait donc un peu plus de 30 joueurs et joueuses par club. Ce n'est que dans les années soixante que le nombre de 3000 golfeurs a pu être à nouveau atteint en Suisse.

Période après-guerre tranquille

Contrairement aux années qui suivirent la Première Guerre mondiale, les activités de l'association reprirent très rapidement après la Seconde Guerre mondiale. Sous le patronage de l'ASG, 16 tournois et championnats ont à nouveau été organisés dès 1946. La même année, des rencontres amicales ont eu lieu avec des équipes de Belgique, de Tchécoslovaquie et de France. En 1947, le championnat national à Crans était encore relativement peu fréquenté, avec seulement 26 participants. 

La lente reprise des activités s’est aussi fait sentir avec la construction de nouveaux parcours. Au cours des quinze premières années après-guerre, seuls Arosa, Niederbüren et Lenzerheide ont rejoint l'ASG. Fait étonnant: le premier magazine de golf suisse a été lancé dès 1950, alors que le nombre de membres était très faible à l'époque.


Golf Club Arosa: fondé en 1942 – parcours inauguré en 1946 

Le Golf Club Arosa a été fondé en 1942, mais le parcours conçu par Donald Harradine n'a toutefois pu être achevé qu'après la fin de la Seconde Guerre mondiale. Le 13 juillet 1946, les membres et leurs 35 invités célébrèrent l'inauguration des 9 premiers trous, situés à 1850 mètres d'altitude. Il s'agissait alors du terrain de golf le plus élevé de Suisse. 

Au début il n'y avait pas de départs pour les femmes, ni de driving range ou de putting green. Le clubhouse n'a été construit que plus tard. Malgré tout, le championnat amateur de Suisse orientale s’est tenu à Arosa en 1952. L'extension à 18 trous, dont on parlait déjà depuis 1964, n'a été réalisée que près de quarante ans plus tard, suivant les plans de Peter Harradine Jr.


Début avec 9 trous 

Comme c’était l'usage à l'époque, le golf à Niederbüren a également débuté sur un parcours de 9 trous. Un petit groupe de passionnés, composé du Dr René Bühler, de l’industrie des machines d'Uzwil, également conseiller national, ainsi que de Max Paul Zollikofer et de Hans Eidenbenz, reçut le 1er juillet 1948 le feu vert de la bourgeoisie de Niederbüren pour la réalisation d'un terrain de golf. Un an plus tard, les membres et leurs invités inauguraient déjà un parcours de 9 trous le long de la Thur. 

Le parcours avait été aménagé selon les plans de Sir Guy Campbell, historien du golf et ancien capitaine du Royal & Ancient Golf Club de St Andrews. Une ancienne baraque militaire de Suisse centrale a servi de premier clubhouse. Cette nouvelle offre a apparemment suscité de l'intérêt en Suisse orientale. Dès la première année, 100 membres actifs ont rejoint le club. Le droit d'entrée s'élevait à 100 francs. En outre, les membres payaient à l'époque une cotisation annuelle de 300 francs pour les joueurs individuels et de 400 francs pour les couples.

La première grande compétition à Niederbüren a été le championnat de Suisse orientale, organisé pour la première fois en mai 1953. 

Niederbüren n’a pas dû attendre aussi longtemps qu'Arosa pour passer de 9 à 18 trous. En 1958, trois nouveaux trous ont été ajoutés, puis six autres à partir de 1961. 

En 1962, en raison de la rupture du barrage de la Thur, le terrain a été inondé et est resté partiellement fermé pendant sept semaines. Les dommages se sont élevés à 350’000 francs. Une campagne de dons parmi les membres permit de récolter un montant de 100'000 francs, nécessaire à la remise en état. Quatre ans plus tard, le club a participé à la correction cantonale de la Thur avec 100'000 francs supplémentaires. Des travaux d’une efficacité limitée, le terrain ayant été de nouveau inondé en 1994.


Extension rapide de 9 à 18 trous

A Lenzerheide, l'extension de 9 à 18 trous a été encore plus rapide. «L’inauguration du Golf Club Lenzerheide-Valbella a eu lieu le 21 septembre 1951 à l'hôtel Schweizerhof sous la présidence du Dr G. Decurtins, suivie d'une visite des neuf premiers trous qui n'étaient pas tout à fait terminés», peut-on lire dans la chronique officielle du club. Dès le début de l'été 1955, un parcours 18 trous était «à la disposition de la clientèle golfique internationale». 

Le premier contrat de bail avec la commune de Lantsch/Lenz stipulait entre autres que l'ensemble du terrain devait être déboisé, débarrassé des pierres et des souches et drainé. Le pâturage devait continuer d’être garanti et les travaux entrepris immédiatement - avant même la création du club de golf. Le club devrait en outre payer un loyer de 1000 francs par an.

Avant d'en arriver là, les amateurs de golf à Lenzerheide ont eu besoin de beaucoup de travail et d’argent, mais ont aussi dû s’armer d’une grande patience. En 1924 déjà, Franz Brenn, propriétaire de l'hôtel Schweizerhof, lançait pour la première fois l'idée d'un parcours de golf. Ce n'est qu'au troisième essai que le projet aboutit, quinze ans plus tard, avec une étude de faisabilité réalisée par Peter Gannon, l'architecte des célèbres parcours de Villa d'Este et de Varèse. C'est de cette même année 1939 que date la première ébauche d'un contrat de bail, qui n'a finalement été signé que onze ans plus tard.

Le Golf Club Lenzerheide, fondé en 1951, a officiellement rejoint l'ASG en 1953. Il s'agissait du septième parcours 18 trous de l'association.


«Putsch» au comité de l’ASG

La construction de nouveaux parcours de golf est resté au point mort, ou presque, jusqu'en 1962. Mais en dehors de cela, les choses bougeaient. Lors de l'assemblée des délégués de janvier 1953, l'admission du Golf Club Lenzerheide n'a pas été le seul sujet de discussion. Un véritable putsch a eu lieu au sein de l'association, avec le remplacement de l'ensemble du comité. «Sa politique, jugée conservatrice, ne rencontrait plus l’assentiment des golfeurs de la nouvelle génération qui occupent désormais des fonctions de responsabilité dans plusieurs clubs», écrivait Franz Rittmann dans son livre «Histoire de l’ASG», paru en 1984.

Gabriel Chauvet dirigeait l'association depuis 1945. Lors de cette assemblée mémorable, le Zurichois Hans C. Wehrli lui succéda à la présidence. Ce dernier constitua un nouveau comité de douze personnes, attribuant des postes clés à la jeune génération. Werner A. Kaiser, de Lausanne, fut nommé vice-président et Charles Falck secrétaire et trésorier honoraire. Le nouveau comité se mit immédiatement au travail. Dixio Bossi (Lugano), Gian Coray (Engadine), Jürg Engi (Bâle), Pierre Turrettini (Genève) et Ulrich Wehrli (Zurich/Zumikon) en faisaient partie pour la première fois. L'ancien champion suisse amateur Francesco Parodi prit la tête de la commission sportive. Autre mesure: la cotisation par membre de club fut d'abord portée à 10, puis à 15 et finalement à 20 francs en 1958.


Le premier magazine de golf suisse 

Dès 1950, le premier magazine de golf suisse parut sous le simple nom de «GOLF». L'abonnement annuel pour huit numéros s’élevait à 15 francs. Le magazine s'appelait en sous-titre «Schweizerische Golffrevue - Revue Suisse de Golf - Swiss Golf Revue» et les articles paraissaient à l'époque de manière hétéroclite en trois langues: allemand, français et anglais. Le fondateur, éditeur et rédacteur en chef en était Otto F. Dillier, lui-même golfeur amateur de haut niveau, qui couvrait surtout les différents tournois. Dans le tout premier numéro de janvier 1950, Otto Dillier relatait en détail «Les quinze jours de Crans», où diverses manifestations avaient été organisées de fin août à septembre 1949 - du championnat suisse junior au tournoi professionnel, le «Swiss Open» de l'époque, le tout dans l'ordre chronologique. Le championnat suisse international amateur occupait la plus grande place. Des représentants de huit nations avaient pris le départ. Chez les hommes, soixante des meilleurs joueurs d'Italie, de France, de Belgique, d'Angleterre, des États-Unis, d'Allemagne, d'Égypte et de Suisse s’étaient affrontés pour le titre.

Dès le début, l'Association suisse des professeurs de golf avait reconnu le nouveau magazine comme son organe officiel. «La revue de golf tant attendue est devenue réalité. Désormais, toutes les personnes intéressées peuvent s'informer sur nos expériences et nos activités», écrivait le président Robert Lanz en janvier 1950.

Cinq ans plus tard, «Golf» était devenu le magazine officiel des clubs de golf de Berne et de Dolder, mais pas de la fédération. «Dr Bärner Egge» était une page fixe, intitulée «Communications officielles et autres informations sur la vie du Golf Club Berne». Adresse officielle: Case postale 510, Berne-Transit».

Dans le «Dr Bärner Egge», un inconnu rapporte dans la troisième édition de 1955: «Le chroniqueur s'apitoie sur son sort, car il ne sait pas où trouver des nouvelles pendant la période des vacances. Il s'est passé très peu de choses sur le Gurten depuis début juillet. Ceux qui n'étaient pas en vacances avaient donc tout le parcours pour eux, même le samedi». Il écrivait plus loin: «Heureusement, quelques «gros bras» se rétablissent. L'un d'entre eux l'a montré à toute la concurrence lors de l’August Medal, en améliorant son score déjà coquet avec un birdie sur le dernier trou».

Plus loin dans le «Dr Bärner Egge», Ernst Bauer, professeur de golf au Dolder, raconte son voyage à la Coupe du Canada qui s’était jouée au Columbia Golf Club de Washington. On y lit notamment: «Ce qui est particulièrement étrange pour nous, c'est que les hommes et les dames ne mangent jamais ensemble. Il y a un restaurant pour les hommes et un autre pour les femmes, et la séparation est très stricte. Les dames ne jouent en général que le matin; l'après-midi et le soir, la place est réservée aux hommes. D'ailleurs, dans le club voisin, le club du président Eisenhower, il n'y a pas du tout de membres féminins. Ce club est totalement réservé aux hommes».

Note du rédacteur: «C'est très probablement pour cela que les histoires et anecdotes sur le golf se sont beaucoup mieux développées dans les pays anglo-saxons que chez nous. Aucune épouse moqueuse n'y empêche son mari de raconter ses histoires préférées». Et tout à la fin, on pouvait lire: «Voilà pour le rapport de Monsieur Bauer. Et maintenant, je souhaite à tous bonne chance pour la deuxième partie de la saison de golf 1955». 

Des articles de club similaires apparaissent plus tard dans des pages spécifiques du magazine, par exemple pour le club de Niederbüren, en Suisse orientale, sous le titre «Die Thurecke». Dès le début, la rubrique «L'ASG communique» est très en vue. Dans le numéro de décembre 1958, l'association publiait entre autres les numéros de téléphone professionnels et privés du président, du secrétaire et du trésorier.

On peut même dire que durant de nombreuses années, la revue suisse de golf et en particulier son fondateur et rédacteur en chef Otto F. Dillier ont été les victimes d’une hostilité profonde de la part de certains dirigeants de l’ASG. La revue en a souffert, mais le golf suisse tout entier a aussi été la victime de ces conflits de personnes.


La Suisse aux championnats du monde par équipes

Lors de l'assemblée générale de l'ASG du 6 décembre 1958, il a été décidé d'envoyer si possible une équipe aux championnats du monde par équipes. Deux ans plus tôt, Peter Prager, secrétaire de l'ASG, avait représenté la Suisse lors de la fondation du «World Amateur Golf Council» à Washington. Ce dernier organisait les championnats du monde, d'abord pour les hommes, puis pour les dames amateurs. A partir de 2003, il est devenu l’«International Golf Federation», qui organise entre autres les tournois de golf des Jeux olympiques et dont le siège est à Lausanne. Dans les années cinquante, le golf n'était pas encore au programme des Jeux olympiques.


Des Juniors de six nations à Lucerne

On peut lire dans les Luzerner Neuesten Nachrichten du 30 juillet 1960:


Rencontre en équipe de six Juniors 1960 sur le terrain de golf de Dietschiberg

Du 29 juillet au 3 août, 70 jeunes golfeurs de six pays se rencontrent au Dietschiberg lors de 15 rencontres nationales réciproques, selon la formule des compétitions internationales de golf: chaque matin, sur cinq jours, trois foursomes sont disputés, c'est-à-dire que trois équipes de deux joueurs s'affrontent; l'après-midi, 6 singles suivent, c'est-à-dire que 6 joueurs individuels se rencontrent...... etc.

Les années suivantes, cette compétition continua d’être organisée sous le nom de Championnat d'Europe junior par équipes.

Voir les chapitres L’histoire du mouvement junior en Suisse,ASG/Swiss Golf et Jweunesse+Sport ainsi que G4G (Golf for girls)

Boom dans les années soixante

Après l'ouverture du parcours de golf de Lenzerheide, onze années se sont écoulées avant que les stations touristiques suivantes, Gstaad et Interlaken, ne puissent proposer une telle offre à leurs visiteurs. Dans les années soixante, l'agglomération zurichoise a connu pour la première fois un boom avec l’ouverture d’Hittnau, Breitenloo et Schönenberg, trois parcours classiques et sportifs. Divers autres terrains sont passés à cette époque de 9 à 18 trous, par exemple Aigle près de Montreux, Davos ou Bâle.

 

L’histoire particulière du golf à Gstaad 

Dans la région de Gstaad, le golf a une histoire particulière. Dès 1928, l'hôtel Alpruhe faisait office de clubhouse. Le magazine français «Le Golf» écrivait en 1930: «Le terrain de golf est situé au milieu de prairies verdoyantes sur les rives de la Sarine. Chaque jour, une cinquantaine de golfeurs jouent sur ce parcours de 9 trous. Le pro Harry Fullford, qui travaillait auparavant au club du Touquet, a du mal à satisfaire la forte demande en enseignement. La construction d'un parcours de taille standard est toujours prévue et nous espérons qu'elle se concrétisera bientôt, d'autant plus que la vallée de Saanenmöser se prêterait idéalement à un parcours 18 trous». En raison de la Seconde Guerre mondiale, ce projet n'a jamais vu le jour et le terrain le long de la Sarine a dû être fermé.

C’est grâce à l'initiative de deux propriétaires d'hôtels, Ernst Scherz (Hôtel Bellevue) et Franz Wehren (Golfhotel Les Hauts de Gstaad), que ce haut lieu du tourisme a retrouvé un parcours de golf dans les années soixante. En juin 1962, une nouvelle association a été fondée sous le nom de Golfclub Gstaad-Saanenland. «Le terrain a pu être financé grâce à l'augmentation des taxes de séjour et au prélèvement par les hôteliers de 10 centimes par nuitée, ce qui a permis d'obtenir la somme considérable de 32'000 francs par an à l'époque», peut-on lire sur le site internet du club. Comme il était l’usage, le parcours d’origine comptait 9 trous. Nulle part ailleurs qu'à Saanenmöser, près de Gstaad, l'extension à 18 trous n'a fait autant parler d'elle. Ce n'est qu'en juin 1999 que les 9 trous supplémentaires ont pu être inaugurés. A l'époque, le «Berner Bund» écrivait notamment sous le titre «Les balles blanches volent dans le paysage marécageux»: «La région de Gstaad-Saanenland propose depuis hier aux golfeurs un parcours exigeant de 18 trous dans un paysage marécageux d'importance nationale». Le projet de 7 millions n'a pu être réalisé qu'après de longs débats sur la protection des marais. «Les différents trous ont été aménagés de manière à protéger les bas-marais et biotopes voisins, une symbiose réussie entre nature et sport», vante le club de golf avec ses 9 nouveaux trous «intégrés dans un parkland naturel».

A l'origine, deux trous devaient traverser directement des bas-marais. L'objectif était de ménager des zones utilisables pour l'agriculture. Malgré l'opposition des milieux environnementaux, le gouvernement bernois a donné son feu vert en 1991 pour contourner la loi sur la protection des marais. Après un détour laborieux par le Tribunal administratif et le Tribunal fédéral, le club dut céder et déplacer deux des trous prévus. 

Au niveau financier, outre les cotisations supplémentaires des membres, les pouvoirs publics ont également apporté leur aide. Le canton de Berne et la commune de Saanen ont versé chacun 1,2 million de francs et le fonds Sport-Toto 240'000 francs supplémentaires pour l'extension tant attendue.


Le golf à Interlaken depuis 1904 déjà

Dans la ville voisine d'Interlaken, l’histoire a commencé bien plus tôt, mais s'est aussi terminée dès la Première Guerre mondiale. En 1899, le pionnier du tourisme Eduard Ruchti avait soumis au conseil d'administration de la Kurhausgesellschaft Interlaken la suggestion «d'étudier l'introduction du golf à Interlaken». C'est ainsi que la Kurhausgesellschaft devint l'initiatrice du premier parcours de golf, inauguré le 22 juillet 1904 sur la Neue Ey, dans la zone de ce qui allait devenir l'aérodrome militaire. Les visiteurs ont disparu pendant la Première Guerre mondiale. Ce n'est que 50 ans plus tard, à la Pentecôte 1965, que les touristes et les golfeurs locaux ont inauguré les 9 premiers trous à l'emplacement actuel du parcours de golf. La bourgeoisie louait son terrain situé juste à côté de la réserve naturelle de Weissenau à Unterseen.

Le parcours, conçu par l'architecte de golf allemand Bernhard von Limburger, a été construit par Donald Harradine. Les 9 seconds trous ont été ouverts en été 1966. Le club avait annoncé des dépenses totales d'environ 800'000 francs (clubhouse non compris). Plus tard, la renaturation des cours d'eau existants et de nombreuses autres transformations du terrain ont nettement alourdi la facture. 

Le tourisme a joué un rôle décisif, surtout au début, ce que l’on voit avec la composition de la «commission de golf» : «Sous la direction du notaire Kurt Bührer, président de l'office du tourisme d'Interlaken, l'association des hôteliers d'Interlaken, la bourgeoisie d'Unterseen, le comité de cure officiel d'Interlaken et des représentants d'autres organisations touristiques y participèrent. Doug Sauer et Eduard Krebs, les deux précurseurs et initiateurs du projet, faisaient bien entendu partie de cette commission», peut-on lire dans l'historique du club.

A Interlaken aussi, les débuts dans les années soixante sont restés très modestes: «Les initiateurs Eduard Krebs et Peter Kappeler, directeur des transports d'Interlaken, ont acheté deux baraques à l'EXPO 1964 à Lausanne pour un total de 50'000 francs. L'une avec quatre installations de douche, des WC et des lavabos et l'autre qui offrait suffisamment de place pour les casiers, les chariots et la vente d'articles de golf dans un local séparé». En revanche, selon le livre «Golfgeschichte Interlaken-Jungfrauregion 1900 – 2005 », la construction a été rapide. «Le 17 février 1965, une demande de permis de construire a été déposée pour l'installation de ces baraques. Le fait que cette demande ait été approuvée par le préfet Fritz Balmer deux jours plus tard, le 19 février 1965, témoigne d'un travail préparatoire extraordinaire de la part des maîtres d'ouvrage responsables».

En l'espace de quelques années, Davos, Montreux et Bâle ont également agrandi leurs installations de 9 à 18 trous. A l'époque, on parlait de parcours de catégorie A (18 trous) et de catégorie B (9 trous).


Nombre moyen de membres par club en 1965

En 1965, l'Association suisse de golf comptait 3500 membres répartis dans 27 clubs, dont près de la moitié disposait d'un parcours 18 trous. Le nombre moyen de membres par club était de 130, mais les différences étaient déjà énormes à l'époque, avec par exemple plus de 500 membres à Lausanne. En 1963, le comité a donc décidé que le nombre de nouvelles adhésions ne devrait pas dépasser de plus de cinq celui des démissions. Quatre ans plus tard, il décida de ne plus admettre qu'un nombre de membres égal à celui des départs annuels. 


La situation autour de Zurich

Outre l'augmentation de l’offre de jeu dans les lieux touristiques, les premiers projets de terrains de golf autour de la métropole zurichoise ont (enfin) vu le jour dans les années soixante. C'est là que la demande de jeu pour les golfeurs était la plus forte.

À Hittnau, le terrain est dû en premier lieu à l'initiative de Heinrich «Heiri» Angst. Dans ses jeunes années, Heinrich Angst était un sportif accompli, avec plus de 100 couronnes en lutte, un titre de champion du monde en bob à deux et un titre olympique en bob à quatre, ainsi que des succès en équitation. En 1963, il découvrait le golf pendant ses vacances et était immédiatement fasciné. Ce propriétaire d'une grande boucherie posa sa candidature auprès de deux clubs, mais fut chaque fois refusé. «Heiri Angst décida alors sans hésiter de fonder son propre club», a déclaré Fritz Neuer, qui deviendrait président du club, au journal régional «Zürcher Unterländer» à l'occasion du 50ème anniversaire du club en 2014. 

La fondation officielle du Golf & Country Club Hittnau a eu lieu le 8 juin 1964. Le même été, Hittnau a fêté le premier coup de pioche du parcours conçu par l'architecte Bernhard von Limburger. Dès août 1965, il était possible de jouer sur neuf trous dans l'Oberland zurichois. Les autres trous ont été ajoutés par étapes jusqu'à ce que le parcours 18 trous soit prêt à l'automne 1971. Trente ans plus tard, des spécialistes ont élaboré une première étude pour une transformation complète. A l'époque déjà, l'objectif était de pouvoir assurer l'arrosage du terrain avec sa propre eau. Il a fallu encore quelques années pour transformer les 9 premiers trous, notamment parce qu’il fallait louer du terrain supplémentaire. De plus, les exigences des autorités s’étaient considérablement renforcées, surtout au niveau de la protection de l'environnement. Ainsi, le réaménagement des 9 premiers trous et des trous 10 et 18 n'a pu être entrepris qu'à partir de 2015. L'inauguration officielle des nouveaux trous a eu lieu en juin 2017.

Au-dessus de Bassersdorf, dans l'Unterland zurichois, on joue au golf depuis juin 1966. Le club situé à proximité de l'aéroport est connu sous le nom de Golf Club Breitenloo. Jack Biller, passionné de golf, avait décidé, bien des années auparavant, qu'il fallait un autre parcours de golf dans la région, en plus de Zumikon et de Zurich-Dolder. Dans sa recherche d'un terrain approprié, Jack Biller s'est adressé à quatre familles d'agriculteurs du hameau de Breitenloo (qui fait partie de la commune de Nürensdorf). Les premiers contacts furent difficiles. La légende raconte que Jack Biller aurait même été chassé une fois à coups de fourche. Mais il devait certainement être un négociateur tenace et habile, car la veille de Noël 1963 il disposait des deux premiers contrats de vente signés. Quelques mois plus tard, les contrats d'achat et d'échange pour la construction de la première étape du projet, un parcours de 9 trous, étaient enregistrés. La société Breitenloo Land AG a été créée avec un capital de départ de 300’000 francs. Grâce à d'autres acquisitions, la société anonyme s'est retrouvée très tôt propriétaire d'un terrain d’une surface d'environ 500'000 m2, dont les quatre cinquièmes environ sont occupés par le terrain de golf. 

Les architectes de golf Frank Pennink et Don Harradine ont été chargés de la construction des 9 trous. Les membres ont participé à un travail de longue haleine pour débarrasser le terrain des pierres. Le 18 juin 1966, Jack Biller, président de Breitenloo Land AG, remit le 9 trous flambant neuf au premier président du club, le Dr Peter Prager.

Dès le début, Jack Biller voulait disposer d'un «parcours A» de 18 trous. Le terrain nécessaire, qui appartenait en grande partie à une entreprise horticole, a d’abord été loué avant d’être acheté. Les 9 seconds trous ont été officiellement inaugurés le 25 juin 1971. 

Sur la rive gauche du lac de Zurich, Marthe et Jakob Bär se sont battus pour construire un parcours de golf supplémentaire. Ils ont trouvé le terrain adéquat sur le territoire des communes de Schönenberg et Hirzel. Le premier achat de terrain n'a eu lieu qu'en 1961, dix ans après la naissance de l'idée. Il s'agissait de la propriété de l'agriculteur Ernst Bachmann, qui comprenait dix hectares de terrain et une grange. En 1964, un comité d'initiative «Pro Golf» a été créé et le 4 décembre 1965, le Golf & Country Club Schönenberg, qui comptait déjà 100 membres, a été officiellement créé. Il manquait toutefois des capitaux pour construire le parcours de golf. «Une tentative pour trouver l'argent nécessaire auprès des membres du club a échoué. Le risque était trop grand à l'époque», peut-on lire dans la rétrospective du 25ème anniversaire du club.

Finalement, l'hôtelier Emil Eichenberger, propriétaire du Meierhof à Horgen, a accepté de devenir partenaire et de soutenir Marthe Bär par ses conseils et ses moyens financiers. «Sans Marthe Bär et Emil Eichenberger, il n'y aurait pas de parcours de golf à Schönenberg aujourd'hui», peut-on lire dans la brochure du club. 

Outre Donald Harradine, l'architecte américain Edmund B. Ault a été consulté. La construction de la première moitié du parcours a débuté en mai 1966. Au printemps 1967, les 9 premiers trous ont été ouverts au jeu, et deux ans plus tard, l'ensemble des 18 trous. Le Golf & Country Club Schönenberg a adhéré à l'ASG de l'époque en tant que «terrain A» en 1969. 

Le parcours représente un véritable défi pour tous les niveaux de jeu. Schönenberg compte parmi les terrains de championnat les plus difficiles de Suisse. Sur ce parcours, une attention particulière a dû être accordée à la protection de la nature. Une grande partie du magnifique paysage morainique avec ses collines («drumlins») héritées de la dernière période glaciaire et les marais intermédiaires ont été préservés dans leur état d'origine. Ils ont été inscrits à l’Inventaire fédéral des paysages et biens culturels dignes de protection.


3 francs – une demi-balle Titleist 

Fin 1969, Pierre Turrettini, président de l’Association suisse de golf, annonçait dans son rapport annuel 4689 membres actifs pour un total de 28 clubs, ce qui représentait en moyenne moins de 170 joueurs par club. Malgré ce faible nombre, même les clubs disposant d'un parcours 18 trous n'étaient pas en mesure d'accueillir de nouveaux membres. Cela explique sans doute pourquoi cette année-là la fédération a connu sa plus petite augmentation annuelle (129 membres) depuis 1955. En 1968, l'association comptait 330 joueurs et joueuses de plus. Comme elle avait enregistré une perte pour la deuxième fois consécutive, elle augmentait la cotisation des membres de 3 francs. Cela correspond à une demi-balle Titleist 1, écrivait le président Turrettini entre parenthèses dans son rapport annuel. 

La situation était différente dans le golf professionnel. Cette même année 1969, la commission sportive de l'ASG a d'ailleurs décidé d'introduire un tournoi de qualification pour l'Open de Suisse à Crans-Montana. Au vu du grand nombre de joueurs inscrits, le tournoi ne pourrait pas avoir lieu autrement, expliquait-on.

Les années 70 et 80, des décennies difficiles

L’ASG a atteint pour la première fois le nombre de 5000 membres en 1970. Même si les grands parcours 18 trous étaient «complets», il a malgré tout fallu attendre encore 13 ans pour que trois nouveaux parcours (Bonmont en 1982, Riederalp et Domaine Impérial en 1987) voient le jour sur sol suisse, après Verbier (1969) et Schönenberg (1969). A cela s'ajoutent cinq parcours dans des pays voisins, aujourd’hui membres de Swiss Golf, trois en Allemagne (Markgräflerland Kandern en 1984, Bodensee en 1988 et Obere Alp en 1989) et deux en France (Bossey en 1985 et La Largue en 1988).

Les années 70 ont été marquées entre autres par trois initiatives contre la surpopulation étrangère, en 1970, 1974 et 1977, ainsi que par la votation sur le droit de vote des femmes en Suisse, qui a finalement été introduit en 1971. Comparée à St Andrews, la mecque du golf, la Suisse était malgré tout pionnière: au Royal & Ancient Golf Club, les dames ne sont admises que depuis 2020, après une décision prise par 85% des membres. Le panneau «No dogs or women allowed» qui aurait été posé derrière le 18e green n’est qu’une rumeur.


Boom du golf suivi d’une récession

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'économie s’est mise à tourner à plein régime en Suisse. Entre 1948 et 2022, le produit intérieur brut (PIB) a été multiplié par 34 (!) selon les chiffres officiels, passant d'un peu plus de 22,6 à près de 770 milliards de francs. Si on prend en compte le renchérissement, il reste en moyenne une croissance de 2,44% sur cette longue période. Une grande partie de cette croissance a été enregistrée dans les décennies 1950 et 1960, avec respectivement plus de 4,4% et 4,7% en moyenne par an.

Les années 70 ont été marquées par les conséquences du «choc pétrolier». Si beaucoup se souviennent des trois dimanches sans voiture à partir du 25 novembre 1973, peu ont encore en mémoire les taux d'inflation annuels à deux chiffres. En Suisse aussi, l'inflation a augmenté massivement. Elle est passée en peu de temps de 2 à 12% (!). Par la suite la Suisse a connu la plus grande récession de son histoire, avec la disparition d’environ 400’000 emplois en peu de temps, dont une grande partie de saisonniers et de résidents à l'année venant de l'étranger.

Pas de conséquences pour le golf suisse

Il n'y a cependant guère eu de conséquences directes pour les 27 clubs de golf de l’ASG. Selon le président Peter Prager, l'association comptait 6009 membres actifs en 1972, soit une augmentation de 281 nouveaux membres par rapport à l'année précédente, ou 4,5%. «Par rapport au passé, la croissance de notre association s'est ralentie. Mais je ne pense pas que nous puissions tirer des conclusions de cette année», a-t-il déclaré lors de l'assemblée des délégués du 18 décembre 1973 à Berne. En effet, le nombre de membres repartait à la hausse avec 8,7% en 1974. «Ce chiffre est un peu plus élevé que la croissance moyenne des années précédentes», a commenté le président de l'association dans son rapport officiel aux délégués à Berne en 1974. Son prédécesseur Pierre Turrettini avait toutefois dû déplorer la perte d’un club à l'assemblée des délégués du 4 décembre 1971: le club de Trümmelbach-Lauterbrunnental avait cessé son activité en raison de difficultés financières et avait donc quitté l'association. 

Voir chapitre Les terrains de golf qui n’existent plus en Suisse


Recul du nombre de membres en 1976 

Après trois années réussies à la tête de l'association, le Zurichois Peter Prager remettait son mandat et les délégués purent élire en décembre 1975 le vice-président lausannois Mariangelo Carmine pour lui succéder. Un an plus tard, le nouveau président devait annoncer pour la première fois un léger recul des membres actifs en raison de la situation économique. Son premier «Rapport du Président» était presque exclusivement consacré au sport. Mariangelo Carmine se plaignait notamment que la presse quotidienne n'accordait pas assez de place au golf. Le comité s'était penché sur le sujet et avait écrit à un représentant de la presse quotidienne: «Nous avons fait des progrès importants, voire spectaculaires, dans ce domaine, comme vous pouvez le constater dans le recueil d'articles que nous avons rédigés à votre intention, et nous restons convaincus que nous obtiendrons satisfaction dans un avenir proche si nous continuons sur la voie que nous avons choisie», écrivait Mariangelo Carmine, président de l'ASG.


Demande en parcours plus élevée que l’offre 

Dans son rapport, le président mentionnait que le nombre de membres était passé de 6740 à 6948 en 1977: «Cette augmentation est réjouissante et pourrait être due en partie aux efforts consentis par les membres». Le Golf Club Verbier a officiellement rejoint l'association lors de l'assemblée des délégués de 1977, alors que les installations étaient déjà à la disposition des touristes et des habitants de la station de ski depuis 1969. 

En 1978, le président écrivait toutefois dans son rapport que seuls 134 nouveaux golfeurs et golfeuses avaient rejoint les clubs de l'ASG. «Cela signifie-t-il que le golf a atteint son plafond dans notre pays?», demande-t-il, avant de répondre: «Honnêtement, je ne le pense pas. Plusieurs informations indiquent que dans quelques années, deux ou trois nouveaux terrains de golf seront construits dans la région du Lac Léman, et autant dans la région de Zurich, et que notre sport connaîtra alors un nouvel essor». 

L'augmentation du nombre de joueurs de golf a été finalement beaucoup plus rapide que ne l'avait prévu Mariangelo Carmine, contrairement à la construction de nouveaux terrains de golf. Les parcours mentionnés, à une exception près, sont restés au stade de projets coûteux et irréalisés.

En 1979, le nombre de membres dans les 27 clubs augmentait encore de 227 golfeurs. Un total ne figure pas dans le rapport annuel du président Carmine, mais il est clair qu'il espérait toujours l’ouverture de nouveaux parcours de golf.


Huit nouveaux parcours en Suisse et dans les pays voisins 

Le 2 octobre 1984, l'Assemblée fédérale a élu la Zurichoise Elisabeth Kopp au premier tour de scrutin avec 124 voix sur 244, faisant d'elle la première femme au Conseil fédéral. 

Quelques jours plus tard, le 18 octobre 1984, 30 passionnés de golf, originaires de Suisse et d'Allemagne, fondaient le Golf Club Markgräflerland à l’hôtel de ville de Kandern. Dix-huit mois plus tard, ils frappaient leurs premières balles sur un practice temporaire, devenu aujourd'hui le trou no 1. C’est l'architecte de golf Karl F. Grohs qui a planifié les neuf premiers trous, inaugurés en 1988. Trois ans plus tard, le clubhouse et un local pour les caddies étaient disponibles. L'architecte américain Bradford Benz a réalisé l'extension du terrain de golf à 18 trous, en service depuis août 1995. Ce n'est qu'en 2001 que le club est devenu membre de l'Association suisse de golf.

Les choses sont allées beaucoup plus vite au Golf & Country Club Bossey, conçu par Robert Trent Jones Jr et ouvert en 1985. La commune française de Bossey se trouve à quelques kilomètres seulement de Genève. La demande en nouveaux parcours de golf était particulièrement forte dans la région. Dès le début, le club s’est affilié à la fois à la fédération française et à la fédération suisse de golf. Comme son nom l'indique, il propose, outre un parcours de 18 trous, une piscine ainsi que des courts de tennis et de squash. Bossey a été le premier club «suisse» à proposer un projet immobilier intégré. Le lotissement de maisons s'appelle «Terrasses de Genève» et se trouve entre les trous 5 et 9.

En 1987, le premier parcours de golf du Haut-Valais a ouvert ses portes à Riederalp. Le club avait été fondé deux ans plus tôt. Ce joli 9 trous situé à 2000 mètres d'altitude est toujours le terrain de golf le plus haut d'Europe. Il n'est accessible que par téléphérique. Le secrétariat du Golf Club Riederalp se trouve dans la station supérieure, le terrain de golf est juste en face. Pendant la courte saison de golf, de début juin à fin octobre, on joue au golf sur une piste de ski de fond avec des vues spectaculaires sur 40 sommets de plus de 4000 mètres, dont l'Eiger (qui, lui, fait juste un peu moins de 4000 mètres), le Mönch, la Jungfrau et le Cervin. Ce petit parcours plat de 9 trous enrichit naturellement l'offre touristique de la station. Fait étonnant: avec près de 450 membres (à fin 2023), il compte plus de membres que certains clubs suisses disposant de parcours classiques 18 trous comme Sion, Vuissens ou Les Bois.

Un an après Riederalp, le parcours de golf tant attendu entre Lausanne et Genève est enfin devenu réalité. Avec Domaine Impérial, Pete Dye a créé un joyau de 18 trous sur un site historique. En mai 1988, la superstar espagnole Severiano Ballesteros a frappé l'un de ses drives monstre lors de l'inauguration. L'actuel clubhouse était autrefois la résidence du prince Jérôme Napoléon, fils de Jérôme Bonaparte et cousin germain de l'empereur Napoléon III. Après de nombreux changements de propriétaires, Ernest Morf a acheté le terrain en 1953 avant de le léguer à son fils Victor. En 1984, Victor Morf a vendu le domaine à la SA du Golf du Domaine Impérial, qui avait déjà le contrôle de la plaine jusqu'à la Route Suisse à Gland, ainsi que du terrain nécessaire dans la commune de Prangins. C’est ainsi que l'un des meilleurs parcours de golf de Suisse a été créé à cet endroit. La seule œuvre de Pete Dye en Suisse se trouve régulièrement en tête des classements des meilleurs parcours de golf.

A La Largue, près de Bâle, l'histoire s'est déroulée différemment. Un investisseur suédois avait planifié à la fin des années 80 un projet gigantesque avec deux parcours 18 trous, un hôtel et une piste d'atterrissage pour hélicoptères. Finalement, seuls un clubhouse surdimensionné et un magnifique parcours 18 trous ont été réalisés. Les exploitants ont dû faire face dès le début à de grandes difficultés financières. Le long trajet entre Bâle et La Largue rendait difficile le recrutement de membres, malgré un parcours magnifique. Le terrain a donc changé plusieurs fois de propriétaire et les pertes se sont accumulées pour atteindre des dizaines de millions de francs. Malgré diverses actions de sauvetage, les exploitants ont fait faillite en novembre 2022. Depuis, malgré l'annonce d'éventuels acheteurs et de nouveaux projets d'hôtels sur le terrain en Alsace, rien n'a bougé.

Comme dans les années 80 la Suisse ne disposait toujours pas de surface suffisamment grande pour construire un terrain de golf, les promoteurs intéressés par le golf continuèrent de construire des parcours dans les pays voisins facilement accessibles.

C'est ainsi que le 28 février 1986 le Golf Club Bodensee Weissensberg a été fondé à Zurich, un club de droit suisse. Josef et Konrad Gadient en étaient les promoteurs. Jürg Bollag, premier président, Michel Burckhardt, Jan Kamras et Rolf Jost formaient le comité fondateur. Deux ans plus tard, les membres jouaient déjà sur ce 18 trous exigeant conçu par Robert Trent Jones Jr. Il s'agissait du premier projet réalisé en Allemagne par l'architecte star des parcours de golf. Un hôtel géré par Kuoni Hotel-Management AG était à la disposition des clients. Malgré les bonnes conditions, les exploitants ont longtemps lutté contre les difficultés financières, même dans cette région du lac de Constance.

Le deuxième club «suisse», Obere Alp, avec son parcours de 27 trous sur la route panoramique entre Stühlingen et Bonndorf, sur sol allemand, a été ouvert au jeu en 1989. Le terrain légèrement ondulé et ouvert du haut plateau à l'ouest de Schaffhouse se situe à près de 800 mètres d'altitude et, lorsque la visibilité est bonne, il offre des vues jusque sur les sommets enneigés des Alpes suisses. L'architecte du terrain était l'Allemand Karl Grohs, qui avait également travaillé sur le parcours de Markgräflerland Kandern. Le club situé dans le sud de la Forêt-Noire, à une bonne demi-heure de Schaffhouse, est devenu à la fois membre de la fédération allemande de golf et de l'ASG.

Huit nouveaux parcours de golf ont donc vu le jour dans les années 80, dont trois sur le sol allemand, deux en France et trois en Suisse.


Bonmont – plus qu’un parcours de golf

L'une des trois parcours sur le sol suisse a été créé à Bonmont, au-dessus de Nyon, à l'initiative de l'entrepreneur romand Henri-Ferdinand Lavanchy. Celui-ci avait fondé en 1957 la première entreprise de travail temporaire sous le nom d'«Adia interim», qui deviendra ensuite Adecco. Près de 30 ans plus tard, il vendait la majorité du capital de l'entreprise pour se consacrer à des activités immobilières dans le monde entier. C'est ainsi qu'à ce jour, les membres du Golf Club de Bonmont peuvent jouer en Espagne, en Floride et au Paraguay sur les autres parcours de golf appartenant à la famille Lavanchy.

Henri-Ferdinand Lavanchy avait acheté en 1978 le petit château de Bonmont, qui appartenait au canton de Vaud, avec un peu plus de 63 hectares de terrain. Quatre ans plus tard, les neuf premiers trous du parcours de golf planifié par Don Harradine étaient ouverts sur le site historique de l'ancienne abbaye cistercienne. Lors des discussions avec les défenseurs de la nature, Henri-Ferdinand Lavanchy s'était engagé à ne pas procéder à de grands mouvements de terrain. C'est ainsi qu'au lieu de la grande transformation prévue à l'origine par Jack Nicklaus on a fait intervenir l'architecte Donald Harradine; vingt ans plus tard, son fils Peter adaptait les 18 trous aux nouvelles exigences du sport. Le complexe comprend également des courts de tennis, une piscine et un centre équestre.

Le petit hôtel, donnant directement sur le magnifique parcours dans un environnement historique, a été rénové et agrandi pour la dernière fois en 2016. Il compte aujourd'hui 18 chambres, suites comprises. 

Avant les 9 premiers trous de Bonmont, rien ne s’était passé en treize ans en matière de construction de terrains de golf en Suisse. Et pourtant le compte rendu sur l’ouverture du Club de Bonmont dans l'organe de l’association en 1984 est resté étonnamment court et sobre. On pouvait lire sur une seule page, avec une petite photo du fondateur et président du club Henri-Ferdinand Lavanchy: «Bonne nouvelle pour tous les golfeurs de Suisse romande: le Club de Bonmont avec un parcours de 18 trous, dont on parle depuis des années, est en passe de devenir réalité. Les promoteurs estiment même qu'il sera ouvert à la mi-août 1984, soit dans un mois seulement». Effectivement, l'ensemble des 18 trous surplombant le lac Léman a été mis à la disposition des membres du club et des visiteurs en 1984.


Des résultats sportifs positifs

En été 1975, le Golf Club Genève organisait les 15èmes championnats d'Europe par équipes juniors et reçut pour cela 100’000 francs de la fédération. Quatre ans plus tôt, le Golf Club Lausanne organisait pour la première fois les championnats d'Europe par équipes amateurs. Le magazine «Golf & Country» y avait consacré dix pages. Bien entendu, tout était en français, de nombreux articles paraissant sans traduction.

Peu après l'ouverture des 9 premiers trous à Bonmont (1982), deux temps forts sportifs dans l'histoire de l'ASG ont eu lieu à Genève et à Lausanne. 

Pour la première et jusqu'à présent unique fois, l'association a organisé sur sol suisse les championnats du monde par équipes amateurs. Les femmes ont joué du 8 au 11 septembre 1982 à Genève, par un temps radieux. Comme prévu, la victoire est revenue aux États-Unis, avec une avance considérable de 17 coups. Le magazine officiel de la fédération écrivait alors: «Médaille de bronze manquée au troisième avant-dernier trou. Marie-Christine, Priscilla et Régine devaient être les prénoms de celles qui remporteraient la première médaille des championnats du monde pour nous, les Suisses. Elles se sont battues avec courage, toujours à portée de médaille, jusqu'au 16ème trou le dernier jour, où la mésaventure de Régine a fait partir les rêves en fumée. Au lieu d'une médaille, elles n'ont obtenu qu’une bonne 5ème place finale».

Les lecteurs et lectrices auront manifestement compris qu’il était question des deux Genevoises Marie-Christine de Werra et Régine Lautens, ainsi que de Priscilla Staible de Niederbüren. Malgré le fait que les deux Genevoises jouaient à domicile, le magazine n'a publié que la photo de Régine Lautens, déçue, sur le trou no 16. Dans le grand article sur les résultats des trois Suissesses figurait la photo d'une Américaine victorieuse et ce, avec une légende que l'on n'imagine sans doute plus aujourd'hui: «L'un des jolis jeunes talents américains, Kathy Baker, 21 ans». Quelques pages plus tard, lors de la couverture de la cérémonie des championnats du monde messieurs, une photo de groupe avec les trois Suissesses a tout de même paru.

Les messieurs amateurs ont disputé leur championnat du monde à Lausanne du 15 au 18 septembre 1982, également par un temps de rêve. Là encore, les États-Unis ont remporté la victoire devant le Japon, la Suède et la France. L'équipe suisse, composée de Johnny Storjohann, Markus Frank, Carlo Rampone et Michael Buchter, s'est classée à une excellente 10ème place, juste derrière l'Angleterre et l'Allemagne. Ce tournoi a été très marquant pour Johnny Storjohann. Secrétaire semi-officiel de l'ASG depuis 1981, il jouait le championnat du monde sur son parcours et a réussi au premier tour le deuxième hole-in-one de sa carrière avec un fer 8 sur le trou no 3. Malgré cela, son score de 76 a été le résultat biffé de l'équipe. Dans le classement individuel, Régine Lautens et Markus Frank se sont classés à une excellente sixième place. 

Cette année-là, toutes les meilleures équipes masculines n'étaient pas présentes, pour des raisons politiques. L'éditorial de «Golf & Country» indiquait à ce sujet: «Le succès sportif et populaire des championnats du monde a été en partie terni par la nouvelle ingérence de la politique dans le domaine du sport. La présence de l'Afrique du Sud en tant que membre à part entière du World Amateur Golf Council a entraîné le boycott des championnats du monde par des nations comme l'Australie, le Canada et l'Inde. Ces regrettables défections, motivées par des considérations politiques, n'ont pas influencé la position de l'ASG, qui a décidé d'accepter tous les pays membres du World Council.»

Le championnat du monde dames s'est déroulé normalement. Il y eut quand-même un coup d’éclat à Lausanne lorsque l'Indonésie, fortement représentée à Genève, et Trinidad et Tobago durent retirer leur participation sous la pression de leur gouvernement.

Il y eut aussi à l'époque des nouvelles réjouissantes, cette fois-ci dans le monde professionnel: le 12 septembre 1982, Carole Charbonnier manquait d'un coup son premier titre sur le circuit féminin américain, laissant la victoire à Sandra Spuzich. Grâce à un prize money de 15'000 dollars, la Romande progressait dans le classement au point de pouvoir participer à tous les tournois de la Ladies Professional Golf Association (LPGA) en 1983, sans qualification. Entre 1980 et 1989, Carole Charbonnier s'est classée huit fois dans le top 10 du LPGA Tour, ce qui lui a rapporté 140’000 dollars.

Actuellement, les messieurs et les dames jouent toujours dans des catégories de prix très différentes, même si aujourd'hui les femmes rattrapent lentement leur retard. En 2024, une deuxième place lors d'un tournoi LPGA classique rapportait près de 190’000 dollars, et environ 670’000 dollars pour l'un des cinq tournois majeurs féminins. 

Mais les années 70 et 80 n'ont pas seulement été marquées par la construction de nouveaux terrains de golf et par des progrès dans le domaine sportif.


«Golf & Country» devient l’organe officiel de l’ASG

En été 1979, la couverture de «Golf & Country» indiquait pour la première fois «Offizielles Organ des Schweizerischen Golfverbandes, Organe officiel de l'Association Suisse de Golf, Organo ufficiale dell'Associazione Svizzera Golf». Comme le remarquait l’éditeur Otto Dillier, «c'était en fait une étape attendue depuis longtemps, une étape d'une nouvelle génération ouverte, désireuse de faire progresser le golf dans un cadre digne, démocratique et clairvoyant.»

Les débuts n’ont toutefois pas été simples, comme le montre l'un des éditoriaux d'Otto Dillier: «Beaucoup de messieurs influents (les dames n'avaient pas encore leur mot à dire - elles étaient tout au plus tolérées avec bienveillance!) se montraient sceptiques, voire strictement hostiles à ce journal. Quoi qu'il en soit, à l'époque, notre association de golf (ASG) ne voulait pas s'en mêler. Le préjugé selon lequel une telle publication n'était ni supportable ni souhaitable pour la petite Suisse, que ce soit sur le plan financier ou autre, était bien établi. On s'était donc fixé sur le thème du «journal de golf», avec la ferme conviction que cette entreprise s'éteindrait inévitablement sans l'aval de l'association. Après deux ou trois numéros, l'histoire serait terminée. Depuis, trente ans se sont écoulés. «Golf», comme s'appelait autrefois notre revue, devenu aujourd’hui «Golf & Country», est toujours vivant!»

Bien que le nouveau «Golf & Country» soit désormais l’organe officiel, le «Rapport du Président de I'ASG» n'est paru qu'en page 38 de la première édition et le rapport 1979 de la commission technique de I'ASG exclusivement en français. Une partie du rapport est toutefois imprimée en deux langues. On y lit notamment: «Le comité de l'ASG espère que d'ici deux ans au plus tard, «Golf & Country» ne sera pas seulement l'organe officiel de l'ASG et de quatorze clubs à ce jour, mais l'organe officiel de tous les clubs membres de l'ASG».

Une petite remarque annexe: «Dizzy» (Otto F. Dillier) a propagé des contre-vérités historiques dans son éditorial de février 1978. Il écrit textuellement: «Le premier club de golf en Suisse a été porté sur les fonts baptismaux il y a 80 ans. Il s'agissait en 1898 de l'Engadine Golf Club, qui a vu le jour en lien étroit avec la station thermale de Saint-Moritz, déjà célèbre à l'époque, et qui se montre encore aujourd'hui très actif. La même année, l'Association suisse de golf a été créée». Comme on le sait, ces deux affirmations sont fausses. Il est intéressant de noter que celles-ci se sont répandues. L’une a notamment été reprise par la «NZZ», et dans l'histoire de l'«Omega European Masters» de Crans sur internet le nombre 1898 apparaît comme date de fondation de l'Engadine Golf Club, alors que le club mentionne depuis longtemps l'année 1893 dans son logo.

Siehe Kapitel 1950 – 1997: «GOLF REVUE» et «Golf & Country» (Des pépites de l’histoire du golf suisse) 


Des handicaps calculés électroniquement

Après les grands moments sportifs vécus avec les deux championnats du monde amateurs à Genève et à Lausanne et la reconnaissance de «Golf & Country» comme organe officiel de la fédération, une développement passionnant a eu lieu en 1983. «Golf & Country» a écrit un grand article avec cette entrée en matière: «Depuis l'été dernier, Genève mène une expérience unique en Europe. Avec l'accord du Royal & Ancient Golf Club of St. Andrews, les handicaps des golfeurs genevois sont calculés électroniquement selon la méthode américaine».

Le système américain était relativement simple: les vingt derniers scores de chaque joueur étaient enregistrés par l'ordinateur. Celui-ci calculait ensuite la moyenne des dix meilleurs scores.

L'ASG a bien entendu dû autoriser le test. Daniel Pfister, membre du comité et président de la commission technique, a écrit que l'association saluait cet essai. Toutefois, l'effort à fournir pour évaluer les tours amicaux pour le handicap était sans doute trop important pour de nombreux clubs. Il plaidait pour que seuls les tours en compétition soient pris en compte, comme en Australie. 

Comme nous le savons aujourd'hui, il a fallu presque 40 ans pour que le système américain soit introduit en 2020 en tant que World Handicap System. 

Détail concernant les handicaps: le magazine officiel de la fédération publiait déjà à l'époque ce que l'on appelait les «handicaps nationaux». Voici l’élite au printemps 1983:

Handicap +2:
Markus Frank, Niederbüren

Handicap +1:
Johnny Storjohann, Lausanne

Handicap   0:
Charles-André Bagnoud, Crans
Régine Lautens, Genève
Pierre-Alain Rey, Crans 
Carlo Rampone, Bad Ragaz

Voir chapitre Le développement du système de handicap 


Optimisme après la chute du mur

Le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989, inaugurant une nouvelle ère pleine d'optimisme sur le plan politique et économique. 

«Golf & Country» écrivait dans son premier numéro de 1990: «L’Association suisse de golf compte désormais 37 clubs. Lors de son assemblée du 2 décembre 1990 à Berne, les délégués des clubs ont accepté sans opposition le Golf & Country Club Esery comme nouveau membre. Esery se trouve en France, à dix kilomètres au sud-est de Genève. Les 18 premiers trous, sur un total de 27, ont été inaugurés au printemps 1990.»

L’ASG pouvait alors se réjouir d'autres demandes d'adhésion. A l'époque, pas moins de 13 projets de parcours étaient en phase d'autorisation. Selon le président de l'association, Ugo Sadis, il était surtout regrettable que l'importance des nouveaux terrains de golf pour les régions touristiques ne soit guère reconnue. Il invitait ainsi tous les golfeurs suisses à participer au travail de relations publiques et à se faire, à l'occasion, «missionnaires du golf». Par ailleurs, le Tessinois était convaincu que son jeune compatriote Paolo Quirici continuerait en 1990 à mettre le golf en valeur en obtenant de bons résultats.

A cette époque la question du dopage faisait également les titres. Le magazine «Golf & Country» consacrait deux pages aux tests antidopage nouvellement introduits, ceci en raison du nouveau statut sur le dopage de l'Association suisse du sport SLS (aujourd'hui Swiss Olympic). L'ASG était déjà et elle est toujours membre de SLS/Swiss Olympic.

Le boom de la construction de parcours

Alors qu'aucun nouveau parcours de golf n'avait été ouvert sur le sol suisse dans les années 70, seuls huit nouveaux clubs ont rejoint l'ASG dans les années 80, trois sur le sol suisse, trois en Allemagne et deux en France. Les besoins n'étaient donc de loin pas encore couverts. Le nombre de Suisses intéressés par le golf continuait d'augmenter. 

Entre 1990 et 1999, le nombre de nouveaux clubs de golf créés en Suisse a augmenté de manière significative. Grâce à une initiative de l'ASG, 34 parcours supplémentaires ont pu être construits sur le sol suisse au cours de cette décennie. En d'autres termes, plus d'un tiers des installations golfiques faisant aujourd'hui partie de Swiss Golf ont été construites dans les années 90.

La Swiss Golf Foundation, créée en 1992, et Migros, qui s’est investie dans le domaine du golf, ont joué un rôle décisif dans cet étonnant retournement de tendance. 

Plusieurs cas d'assainissement et des gros titres inhabituels sur le golf font également partie de ces «folles années 90».

 

L’influence de la Swiss Golf Foundation 

«L'industrie a délocalisé des emplois à l'étranger à tour de bras. La Confédération et les cantons ont accumulé des montagnes de dettes en peu de temps. De nombreuses familles ont dû vendre leur logement parce qu'elles ne pouvaient plus supporter le lourd fardeau des hypothèques», écrivait Economiesuisse dans sa rétrospective des années 1990. 

Les images des clients désespérés de la Spar + Leihkasse Thun (SLT) qui s'étaient retrouvés devant des portes fermées le 3 octobre 1991 et avaient perdu au total plus de 220 millions de francs, sont restées dans les mémoires. La Banque Cantonale Bernoise a dû faire face à une perte de 3 milliards de francs, en raison d’opérations de crédit douteuses avec des spéculateurs financiers comme Werner K. Rey. Les crédits pourris ont été externalisés et liquidés aux frais du contribuable. Les banques cantonales de Genève et de Vaud n'ont également survécu que grâce à l'argent des contribuables. 

Dans ce contexte, le boom de la construction de nouveaux terrains de golf, qui doivent être considérés comme des projets immobiliers d'un point de vue purement économique, est surprenant. Ce sont en tous cas de grands projets qui nécessitent une étude d'impact complexe sur l'environnement et le respect de nombreuses autres conditions. Les procédures de planification et d'autorisation sont  longues. A cela s'ajoute une grande incertitude lors des votes sur la modification des plans de zone. Le développement rapide de la construction de parcours de golf dans les années 90 est d’autant plus étonnant.

La «Swiss Golf Foundation», créée le 17 octobre 1992, a joué un rôle décisif dans cette évolution. Sa mission était de soutenir activement l’association. Il a été décidé à l'époque de se répartir les tâches de la manière suivante:

  • L'ASG s'occupe des intérêts de ses membres, les clubs, surveille et coordonne leurs activités.
  • La Swiss Golf Foundation investit ses moyens dans la promotion et le développement du golf en Suisse, autant dans le développement des possibilités de jeu que dans le domaine du sport d'élite. Elle se procure les moyens financiers nécessaires à cet effet.

L'une des principales missions de la Swiss Golf Foundation était de convaincre les milieux agricoles et les organismes de protection de la nature que des surfaces agricoles non indispensables pouvaient être utilisées de manière plus rentable et plus avantageuse en termes de protection de la nature grâce à l'exploitation d'un terrain de golf. Lorsque le directeur de l'Union des paysans de l'époque, Melchior Ehrler, a fait remarquer qu'en Suisse, l'exploitation d'une surface agricole de 100'000 hectares n'était actuellement pas nécessaire pour l'approvisionnement de la population en denrées alimentaires, l'ASG a été mise au courant. Elle a pris contact avec l'Union suisse des paysans. Melchior Ehrler a pu être convaincu, lors d'une réunion organisée à l'automne 1992 sous la direction de Martin Hodler (président de la Swiss Golf Fondation), de l'intérêt de mettre à diposition certaines surfaces agricoles pour le golf grâce aux arguments suivants:

  • L'assurance qu'un terrain de golf peut, si nécessaire, être reconverti en très peu de temps en terrain agricole (ce qui a été le cas à plusieurs reprises avec le Plan Wahlen durant la Seconde Guerre mondiale).
  • Le calcul selon lequel le revenu réalisable par m2 est nettement plus élevé pour l'exploitation d'un terrain de golf que pour une exploitation agricole.
  • Le fait que, à surface égale, l’exploitation d'un parcours de golf permette à plus du double de personnes d’avoir un revenu par rapport à une exploitation agricole.

Parmi les participants à la réunion se trouvaient le président de l'ASG Gaston Barras, le secrétaire général, ainsi qu'Eugen Hunziker, représentant officiel de Migros. A l'époque, Migros disposait de nombreux projets de parcours de golf prêts à être mis en œuvre.

Pour l'ASG, il était évident qu'il fallait d’abord prendre en considération les terrains pour lesquels la construction d'un terrain de golf entraînerait une revalorisation écologique. 

Après la conférence, les appels de propriétaires d'exploitations agricoles se multiplièrent auprès du secrétariat de l'ASG. 

Voir chapitre La Swiss Golf Foundation à la base du boom de construction


Des projets réalisés grâce à un changement d'état d'esprit

Dès 1991, l'entreprise zurichoise de gravier Kibag avait prévu de construire un parcours de golf public sur sa décharge de Nuolen. Mais ce n'est qu'en 1997 que les 9 premiers trous ont pu être ouverts au bord du lac de Zurich. 

Un an plus tard, le Golf Club Bubikon a été admis dans l'association, après que certains membres s'y soient opposés, comme le rapportait la «NZZ». Le fondateur Walter Künzi, qui avait déjà exploité un driving range public en 1990, a dû se battre pendant des années pour être admis dans l'ASG.

La procédure a été nettement plus simple pour le Golf Club de Sierre, en Valais. En 1992, le magazine officiel de l'association, «Golf & Country», écrivait déjà à propos de la collaboration réussie entre les instances impliquées: «Normalement, la construction d'un parcours de golf en Suisse s'accompagne d'une opposition virulente du côté écologique. Mais pas toujours. La preuve en est le Golf Club de Sierre, qui a reçu le soutien du WWF.» Le 15 août 1994, les neuf premiers trous ont été officiellement inaugurés. L’extension à 18 trous a tout de même pris quinze ans.

En même temps que Sierre, quatre autres nouveaux clubs de golf ont rejoint l'association lors de l’assemblée des délégués de l'ASG en 1993. Il s'agissait des clubs Les Bois, Gruyère, Wallenried et Erlen.

En avril 1994, le conseiller fédéral Adolf Ogi inaugurait un «show spécial golf» organisé par la Swiss Golf Foundation à la BEA de Berne. Peu après, quatre autres clubs rejoignaient l'association, tous avec une histoire différente mais favorable:  Ennetsee au Golfpark Holzhäusern, Küssnacht am Rigi, le Golf Sempach à Hildisrieden, tous à proximité les uns des autres en Suisse centrale, ainsi que le Golf Club Wylihof dans la région de Soleure. Pour ce dernier, le groupe Vigier avait mis le terrain nécessaire à disposition. Grâce à une communication intensive, une seule opposition dut être traitée. Le parcours de golf était un projet pilote pour la «procédure d'autorisation accélérée pour les grands projets», décidée peu de temps auparavant par le département des travaux publics du canton de Soleure. Le traitement n'a duré que trois mois. Le 24 juin 1995, les 18 premiers trous ont été inaugurés en grande pompe. Un an et demi plus tard, Wylihof Golf AG a pu acheter à Vigier Holding l'ensemble du terrain, y compris la zone de golf, d'une superficie de 60 hectares.

A Küssnacht am Rigi, Josef Schuler a pu construire un parcours de 18 trous en partie sur ses propres terres. L'architecte de golf Peter Harradine a conçu un parcours par 68 relativement court mais varié, d'une longueur de près de 5400 mètres. Josef Schuler, ancien éleveur de porcs, louait des terres supplémentaires, notamment à son voisin Otti Müller, qu'il a engagé comme greenkeeper. «J'étais paysan corps et âme. En tant que maître agriculteur, j'ai dirigé une exploitation agricole de 30 hectares avec 100 unités de gros bétail. Le passage au golf n'était pas évident. Mais la perspective de continuer à vivre dans la ferme de mes parents et de gagner plus en tant qu'employé m'a séduit», a déclaré quelques années plus tard le Schwytzois au magazine du «Tages Anzeiger».

Daniel Weber, le fondateur du Golf Sempach, dans le petit village agricole de Hildisrieden, dans le canton de Lucerne, a agi de manière similaire. Son domaine agricole «Schopfe», de 30 hectares, a formé la base du projet. Daniel Weber a pu acquérir du terrain agricole supplémentaire, proposant au fils du propriétaire un emploi de greenkeeper. Le club a été admis dans la fédération en 1994. Dès le mois de mai suivant un clubhouse était ouvert pour les golfeurs, suivi peu de temps après par quelques trous supplémentaires. En revanche, ce domaine de 100 hectares a totalement renoncé à l’élevage de 100 vaches et 700 cochons.


Premier golf public Migros à Holzhäusern

En mars 1993, le quotidien zurichois «Tages Anzeiger» parlait de la «fièvre du golf en Suisse centrale». A cette époque, pas moins d'une douzaine de projets étaient en cours, rien que dans les cantons de Lucerne, Schwyz et Obwald. Rudolf Kunz, professeur à la Haute École d'économie et d'administration de Lucerne, avait déclaré à l'époque qu’avoir plus de deux ou trois parcours de golf en Suisse centrale n’était pas supportable, ni du point de vue de l'aménagement du territoire, ni du point de vue financier. Il avait rédigé une étude, mais était manifestement parvenu à des conclusions erronées. Il avait surtout sous-estimé l'influence de la première véritable offre de golf public au Golfpark Holzhäusern.

Dans le canton de Zoug, les choses sont allées très vite et ont été particulièrement réussies. Après l'échec du projet à Hünenberg en raison de l'opposition de la commune, la coopérative Migros de Lucerne a trouvé un terrain approprié pour son premier Golfparc en Suisse, dans la commune de Risch, bien située à côté de la sortie d'autoroute de Rotkreuz.

Les responsables du projet Migros ont contacté pour la première fois les propriétaires fonciers fin 1992. Le 12 mars 1993, huit d’entre eux déposaient auprès de la commune de Risch une demande de classement ou de changement d’affectation en vue de la construction d'un terrain de golf public par la coopérative Migros de Lucerne. Le même automne, les citoyens de Risch approuvaient le projet à une large majorité. Le premier coup de pioche a été donné un an seulement après le dépôt de la demande officielle de changement d’affectation. 

Avec 5000 francs, Migros a également établi une nouvelle référence en matière de droit d'entrée. Le risque d'investissement était pris en charge par le grand distributeur, et non par des actionnaires privés comme dans d’autres nombreux projets de clubs de golf.

Pendant près de cent ans, les parcours de golf suisses ont été exploités selon un modèle «closed shop», comme l'écrit Yves Gadient dans son travail de master «Advanced Studies in Real Estate». «Ce n'est qu'avec le passage à des modèles d'exploitation «open house», notamment avec l'arrivée de Migros sur le marché dans les années 90, que la rentabilité des installations de golf est devenue un sujet de préoccupation. Cent ans après les débuts du golf en Suisse, Migros a révolutionné le marché», peut-on lire dans le travail scientifique «Modèle d'évaluation et de gestion des installations de golf suisses».

Le premier Golfparc Migros a même fait les gros titres de la presse à sensation. Le «Blick» titrait en avril 1995: «L'essor des clubs - le golf pour tous est annoncé». Le secrétaire général de l'ASG, Johnny Storjohann, y était notamment cité: «Le projet Migros est fantastique pour le golf. Ce serait bien de créer encore plus de parcours publics».

Le même mois, André Bossert remportait la première et jusqu'à présent unique victoire suisse sur l'European Tour. Après son succès à Cannes, le «Blick» a également publié une grande interview, dans laquelle le Sud-Africain d'origine déclarait: «Dans mon pays natal, le golf est un sport populaire. Les gens jouent sur les parcours publics comme les gens d'ici vont se promener dans les montagnes. Je trouve que le parcours de la Migros à Holzhäusern est extraordinaire. C'est un début. J'espère que d'autres terrains publics suivront.»

L’exploitation du parcours à Holzhäusern a débuté en mai 1995. Dès le début, le Golfparc public a été «pris d'assaut», ce qui n’avait rien d’étonnant, étant donné qu’à l'époque près de 300 golfeurs se trouvaient sur la liste d’attente du très onéreux et traditionnel Lucerne Golf Club. Le journal économique «Cash» a envoyé une journaliste et une photographe au tournoi officiel sur invitation VIP à Holzhäusern. La liste de départ se lit comme un «who's who» des personnalités économiques jouant au golf. On y trouvait entre autres Robert Studer et Nikolaus Senn de l'ancienne SBS, Hans Peter Ueltschi, président du conseil d'administration de Bernina-Nähmaschinen, Hans Imholz (Imholz-Reisen), Andres Leuenberger, président de l’Union suisse du commerce et de l’industrie et vice-président de F. Hoffmann-La Roche, Guido Richterich, président de l'Union centrale des organisations patronales, Gaston Barras, président de l'ASG, ainsi qu'une douzaine de présidents de clubs de golf. Que des hommes. «On ne trouve guère de femmes parmi les présidents de clubs de golf et les personnalités économiques», déclara Eugen Hunziker, directeur de Migros, à la journaliste qui lui demandait pourquoi aucune golfeuse n'avait participé au tournoi.

Migros avait initialement budgété 15 millions de francs pour la construction du Golfparc de Holzhäusern. Les 24 premiers trous, y compris le clubhouse, ont finalement coûté deux millions de plus. Selon la «NZZ», le Golfparc s’est retrouvé dans les chiffres noirs dès la première année d'exploitation. Quatre ans seulement après son ouverture, il a connu un premier agrandissement en raison de la forte demande.

voir chapitre Highlights historiques – Migros GolfCard


Le commerce, des proshops aux chaînes de magasins 

Le premier Golfparc Migros a également donné le coup d'envoi à l'actuel leader incontesté du marché du golf, Golfers Paradise. Werner Thalmann s’était lancé sur le marché du tennis en le «perturbant» avec des importations grises. Migros a construit son premier Golfparc presque directement devant son magasin. Werner Thalmann en a profité pour se porter candidat à la gestion du proshop et a obtenu le contrat. Il s'est alors rapidement retiré du tennis et s'est lancé dans une expansion fulgurante d’articles de golf, en proposant des rabais permanents et un marketing agressif. Quinze autres sites ont vu le jour jusqu'en 2010, dont une surface de 500 m2 à Altendorf, au bord du lac de Zurich, et un magasin encore plus grand à Pratteln, près de Bâle.

En août 2017, Marc Rohr a repris l'entreprise Golfers Paradise, qui emploie près de cent personnes sur 18 sites. Pendant longtemps, le marché du golf a surtout été une bataille de discount. «Nous devions nous éloigner de la pure guerre des prix, dans laquelle personne ne peut gagner», a-t-il déclaré dans l'édition spéciale golf de la «Weltwoche». «C'est là qu'il faut investir, au lieu de simplement se battre avec des rabais». Au cours des cinq premières années, Marc Rohr a investi environ quatre millions de francs dans la transformation et la construction des différentes filiales de Golfers Paradise. Aujourd'hui, ce sont les dix superstores et le commerce en ligne qui génèrent le gros du chiffre d'affaires. 

Le numéro 2 du marché est actuellement Golf Center, avec sept filiales et un chiffre d'affaires d'environ dix millions de francs. Il appartient également au groupe de Marc Rohr depuis 2021. La troisième place est occupée par Umbrail Golf Import, qui gère entre autres les boutiques des deux Golfparcs Migros d'Otelfingen et de Waldkirch. 

Autrefois, les professeurs de golf géraient aussi des proshops plus ou moins grands, directement au sein des clubs de golf. Ils vendaient des clubs et des articles de golf, tout en proposant des «club fitting». C'est pourquoi les magasins s'appellent encore aujourd'hui «proshops», même s’ils sont généralement gérés par les collaborateurs du secrétariat. Au fil des années, la vente de clubs s'est de plus en plus déplacée vers les chaînes et le commerce en ligne. Les proshops actuels ne proposent généralement plus que des balles, des gants, des tees et certains textiles.


Gros problèmes financiers à l’horizon

A l'époque, la situation en Thurgovie était très différente. Après dix ans de «querelles de village», y compris trois votations et un recours jusqu'au Tribunal fédéral, le Golf Club Erlen a enfin pu ouvrir ses 18 trous à la Pentecôte 1994, avec un coût final de construction de près de 32 millions de francs. Le premier budget s’élevait à 20 millions. Les 500 membres de l'époque ont donc dû verser 15’000 francs supplémentaires dès la première année, en plus du droit d'entrée de 47’000 francs, afin d'éponger les dettes. La banque SKA, qui avait financé à 100% l'acquisition du terrain pour 16,5 millions de francs en proposant des taux d'intérêt hypothécaires relativement bas et sans remboursement, a également apporté son aide. Lors de l'assemblée générale de 1995, qui a duré presque cinq heures, on avait annoncé que le club cherchait encore 300 membres supplémentaires pour garantir l'assainissement et un compte d'exploitation équilibré.

D'autres clubs connaissaient également de gros problèmes financiers. Obere Alp, dans le sud de la Forêt-Noire, n'avait investi «que» 13 millions d'euros, mais l'augmentation du nombre de membres, réjouissante au début, s'est rapidement tarie. La société d'exploitation Obere Alp GmbH a dû déposer le bilan au milieu de l'année 1996. Après son effondrement financier, les banques ont finalement accepté le concept d'assainissement du club, dans lequel les membres frustrés ont dû encore une fois injecter plusieurs milliers d'euros.

Trois ans auparavant, l’Union des banques suisses de l'époque avait dû reprendre en urgence, avec d'autres banques, la majorité des actions du Golf Bodensee Weissensberg. Lorsque les propriétaires se sont déclarés insolvables, le consortium bancaire a passé par pertes et profits un total de 35 millions de francs.

A l'occasion de son dixième anniversaire et après avoir surmonté les turbulences, la brochure commémorative du club notait: «L'idée, en soi séduisante, selon laquelle les membres du club puissent acquérir en même temps la copropriété du terrain en tant qu'actionnaires, a échoué en raison du prix élevé de l'action, qui se montait à l'époque à 86'000 marks, et des nuages qui se formaient de plus en plus sur l'économie». Pour le club, l'assainissement a marqué le début de la phase décisive de son histoire, à savoir garantir les droits des membres existants et représenter également les actionnaires minoritaires, dont certains avaient payé jusqu'à plus de 90'000 marks pour une action, face au consortium bancaire. Un nouveau droit de jeu de vingt ans a notamment été introduit, pouvant être négocié et transmis par héritage. Celui-ci coûtait encore 20'000 marks. L'hôtel de golf a été séparé de la société anonyme et est devenu la propriété du club en 1994.

Les deux clubs «suisses» sur le sol allemand ont pu résoudre leurs problèmes financiers dans les années qui suivirent. D'autres ont lutté nettement plus longtemps. En avril 1997, la «Basler Zeitung» titrait à propos du club de La Largue, à 35 kilomètres de Bâle: «Nouveau départ à Mooslargue». Le journal écrivait: «Heureux golfeurs à La Largue. Le club a pu être racheté par les membres aux banques propriétaires. Désormais, une exploitation sans dettes est garantie.» Jusqu’alors, la banque zurichoise von Ernst & Cie AG, une filiale de la Bayrische Vereinsbank, actionnaire à 100% de la société d'exploitation, investissait chaque année beaucoup d'argent dans le projet.

Pour 13 millions de francs, les membres ont pu acquérir les installations, qui coûtaient à l'origine 35 millions, à la Bank von Ernst & Cie AG ainsi qu'au Creditanstalt Wien. «Comme il ne s'agissait plus pour les établissements financiers que de stopper les pertes incessantes, ils ont préféré une fin horrible plutôt qu'une horreur sans fin», écrivait «Bilanz» en avril 2001.

Pour les membres, l'horreur a cependant continué. En 2018, un homme d'affaires haïtien a repris le site. En novembre 2022, la société d'exploitation a officiellement fait faillite. «Le roi de l'immobilier du Kosovo s'empare du terrain de golf de Bâle», titrait la «Berner Zeitung» en automne 2023. La «Basler Zeitung» était un peu plus réservée: «L'entreprise de construction Model Slovenia veut acheter le terrain. On raconte que le prix serait de 3,6 millions d'euros. L'entreprise elle-même ne gère pas de site internet».

Les problèmes du parcours de Mooslargue, ouvert en 1988, ne sont pas dus au terrain lui-même, les experts sont unanimes sur ce point. Le trajet à travers les petits villages alsaciens est tout simplement trop long pour les Bâlois, et encore plus pour les éventuels joueurs au greenfee venant du reste de la Suisse. A l'origine, un grand hôtel avec trois parcours de 18 trous était prévu sur le modèle américain. Les idées pour un hôtel existent toujours, mais la situation géographique de ce grand projet est loin d'être idéale.

Le projet d’hôtel au Golf de La Gruyère a également échoué, les investisseurs chinois ayant rapidement fait faillite.


Cinq nouveaux clubs en 1996

En 1996, cinq nouveaux clubs ont rejoint l'ASG. Entfelden a dû déposer le bilan quelques années plus tard. Dans l'Entlebuch, Flühli Sörenberg a dû faire face à plusieurs reprises à de gros problèmes financiers, dans lesquels les membres, le canton de Lucerne et la banque cantonale de Lucerne, notamment, ont perdu de l'argent. 

La même année, Alvaneu Bad et Domat/Ems ont également rejoint l'association. Domat/Ems inaugurait ses 27 trous deux ans plus tard, au début de la saison 1998, mais le club était déjà victime de son succès: «Depuis plus d'un an, il ne reste malheureusement plus qu’une liste d'attente, mal aimée, pour les nombreux intéressés». A Alvaneu, tout comme à Gonten en Appenzell, les responsables ont d'abord ouvert un parcours de 9 trous, qu'ils n'ont étendu que plus tard à 18 trous.

Mais tous ces nouveaux parcours ouverts dans les «folles» années 90 ne suffisaient toujours pas à satisfaire la forte demande des golfeurs suisses. C'est notamment pour cette raison que le Romand Pascal Germanier a fondé en 1998 l'«Association Suisse des Golfeurs Indépendants» (ASGI). Au tout début, elle ne comptait qu’une centaine de membres. Trois ans plus tard, il y avait déjà plus de 2200 golfeurs «sans club». 

Voir chapitre L’ASGI change radicalement le paysage golfique suisse


Un autre boom

La construction de parcours de golf en Suisse a encore connu un boom avant la fin du millénaire. En 1999, pas moins de neuf nouveaux clubs ont été admis au sein de l'ASG, dont le Golf Club La Côte, installé sur le site Migros du Signal de Bougy. 

Dans les années 70, Migros avait déjà construit le «Parc Pré Vert» sur une colline située à 700 mètres d'altitude au nord du lac Léman. Près de 30 ans plus tard, le géant orange y a installé son premier parcours de golf en Suisse romande, avec 9 trous durant les cinq premières saisons. Ce n'est que plus tard que la deuxième moitié du parcours a pu être réalisée. Les cinq autres Golfparcs Migros ont tous été transformés par la suite, complétés avec des «parcours pour débutants» et étendus au moins à 27 trous. Au Signal de Bougy, les responsables ont cependant décidé de conserver un parcours «classique» 18 trous. Selon Migros, il existe toutefois des idées pour la construction d'un petit parcours d'initiation de quatre trous.

Contrairement à ce qui était prévu à l'origine, le grand distributeur n'a apparemment pas réussi à trouver en Suisse romande de terrains appropriés pour d'autres projets de golf. Le Signal de Bougy reste donc à ce jour le seul parcours de golf Migros en Romandie. 

Peu avant, la coopérative Migros de Zurich avait ouvert le Golfcampus Greifensee. Ce centre d'entraînement a toutefois été fermé par la suite. 

Les autres clubs admis dans l’association en 1999 existent tous encore aujourd'hui: Domaine du Brésil, Emmental, Heidental, Lavaux, Limpachtal, Nuolen, Source du Rhône et Ybrig.

En l'espace de dix ans seulement, 34 nouveaux clubs ont ainsi rejoint la fédération, ce qui représente plus d'un tiers des parcours de Swiss Golf actuels en Suisse et dans les pays voisins. Ce boom s'est poursuivi pratiquement sans interruption dans les années 2000.


Une femme fondatrice

Avec Maison Blanche en juin 1992 et Esery deux ans plus tôt, deux autres clubs «suisses» ont ouvert leurs vastes installations du côté français de Genève. A Maison Blanche, la piscine chauffée fait partie du country club classique, tandis qu'à Esery Michel Gayon a conçu 27 trous offrant des vues magnifiques.

A l'extrémité est du lac Léman, dans le canton de Vaud, un terrain de golf d'un tout autre genre a vu le jour au début des années 90. Danièle Berruex voulait valoriser le domaine de 9 hectares entre la forêt et le Rhône qu'elle avait acheté dix ans plus tôt. «À l'origine, j'étais cavalière et je n'avais jamais tenu de club de golf entre mes mains. Puis j'ai visité le parcours 9 trous d'Oberentfelden. J'ai tout de suite été séduite et j'ai décidé d'ouvrir un parcours semblable aux Coullaux», a-t-elle expliqué au magazine Swiss Golf. Johnny Storjohann, le secrétaire général de l'ASG de l'époque, lui a donné de judicieux conseils et Yves Hofstetter, membre du comité de l'ASG, a rédigé les statuts du club. Le Golf Club Les Coullaux a été officiellement admis dans l'association par les délégués en 1991.

En 2013, Danièle Berruex a pu acheter une parcelle supplémentaire afin de transformer un par 3 en un beau par 4 et de rallonger le terrain à 1600 mètres. Ce parcours idyllique est le deuxième plus court des 100 parcours appartenant aux 98 clubs membres de Swiss Golf. Les Coullaux est également le seul club de golf suisse fondé et dirigé par une femme. 

Voir chapitre Les femmes dans le golf suisse


L’ASG lance son propre magazine en 1998

Le «Guide du golf suisse», édité par Medien Verlag Ursula Meier, a paru pour la première fois en 1991. Il présentait les 32 clubs de golf de l’ASG existant à l'époque. Parallèlement, un aperçu de quelque 30 projets de terrains de golf était publié. 

En 1998, l'ASG a décidé d'envoyer son propre magazine à tous les golfeurs et golfeuses. Ursula Meier, éditrice du «Guide du golf suisse», avait effectué les travaux préparatoires et, avec le soutien du secrétaire général Johnny Storjohann, a lancé à ses propres risques «Golf Suisse», sous la direction du rédacteur en chef Piero Schäfer.

Ursula Meier est restée l'éditrice de «Golf Suisse» pendant les premières années, avant que l’association ne reprenne elle-même la publication. Le nombre de membres, et donc le tirage, ont alors augmenté de manière exponentielle. Dès le début, le magazine a été envoyé gratuitement à tous les golfeurs membres d'un club ASG. Cela a conduit à un litige avec le magazine «Golf & Country», qui servait jusqu'alors d'organe officiel de l'association. 

«Le combat des magazines de golf», titrait la «NZZ» en mars 1998. Elle écrivait notamment: «Une lutte antisportive fait actuellement rage parmi les golfeurs suisses. D'un côté, les éditions VIP, qui publient le magazine «Golf & Country», de l'autre, l'Association Suisse de Golf (ASG), qui édite «Golf Suisse».

L'éditeur de «Golf & Country» demandait au juge unique du tribunal de district d'Uster d'interdire à la défenderesse, l'ASG, la distribution de son magazine nouvellement lancé. «Golf Suisse» n'était toutefois pas un magazine de golf de plus, mais l'organe officiel de l'ASG, l'association faîtière des 59 clubs de golf suisses comptant environ 28’000 membres.

Selon la «NZZ», l'avocat de l'éditeur de «Golf Suisse» avait notamment déclaré: «Le plaignant - en tant que propriétaire du magazine qui a entre-temps cessé de paraître - a établi un monopole en Suisse en achetant à l'époque le titre «Golf & Country». Il ne serait donc pas un défenseur crédible de l'équité de l'économie de marché. Le prétendu prix d'appel proviendrait du fait que «Golf Suisse», qui n'est pas imprimé sur un papier glacé spécial, est produit à un prix nettement plus avantageux».

Après avoir entendu les parties pendant près de trois heures, le juge unique a mis la décision en délibéré. Il a en outre annoncé qu'il ne fallait pas s'attendre à des mesures provisoires. Le caractère déloyal allégué par le plaignant ne lui semblait pas suffisamment prouvé. Le jugement a suivi peu après: «Comme le nouveau magazine informe les membres des activités de l'association faîtière, il ne peut pas être déloyal que les clubs lui communiquent les adresses de leurs membres. «Golf & Country» doit prendre en charge les frais de justice et verser à «Golf Suisse» une indemnité pour les frais de procédure d'un montant de 4400 francs».

«Golf & Country» et «Golf Magazin» avaient  fusionné en mars 1997, avec des tirages certifiés de 5785 exemplaires («Golf & Country») et 5648 exemplaires («Golf Magazin»).

Le nouveau magazine «Golf Suisse» a démarré avec un tirage de 18’000 exemplaires. A la fin de l'année 2023, le tirage s’élevait à 73'000 exemplaires, avec six éditions par an, en allemand et en français, livrées directement au domicile de tous les membres des clubs de golf Swiss Golf.

Des années 2000 à aujourd’hui

Le chaos informatique redouté lors du changement de millénaire n'a pas eu lieu, grâce aux améliorations apportées aux ordinateurs et aux logiciels. Vladimir Poutine a été officiellement élu président de la Russie fin mars 2000, succédant à Boris Eltsine, et le juge américain Edward Korman a approuvé l'accord dans la plainte collective déposée par des survivants de l'Holocauste contre les deux grandes banques suisses UBS et Credit Suisse. Les deux banques ont dû verser 1,25 milliard de dollars en règlement de toutes les créances datant de la Seconde Guerre mondiale. 

Rétrospectivement, 2001 est donc une année catastrophique, notamment en raison des attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, sans oublier le grounding de Swissair, la compagnie nationale autrefois si fière, la tuerie au parlement cantonal de Zoug et l'incendie du tunnel routier du Gothard.

Malgré ces événements, le boom de la construction de nouveaux parcours de golf s'est poursuivi de manière presque inchangée. Entre 2000 et 2008, 24 nouveaux clubs ont rejoint l'association. Il est intéressant de noter que près de la moitié d'entre eux ont commencé par 9 trous, et que la plupart en sont restés là.

Le premier parcours de golf du nouveau millénaire a été le terrain Migros à Waldkirch, qui a ouvert ses portes en mai 2000. Là aussi, les choses se sont passées relativement vite pour la Suisse. En avril 1997, la coopérative Migros de Suisse orientale avait signé avec onze propriétaires fonciers des contrats de location pour 84 hectares de terrain. Le permis de construire était déjà disponible en septembre 1998. Ce parcours de 27 trous a coûté au total 18,5 millions de francs. Cinq ans plus tard, les plans pour 9 trous supplémentaires étaient lancés et ceux-ci ont pu être inaugurés en mai 2008.

En août 2000, le Golf Club Lipperswil a ouvert ses portes, toujours en Suisse orientale. Les débuts ont été nettement plus ardus. En 1994, l'assemblée communale de Lipperswil a approuvé le changement de zone nécessaire par 68 voix pour et 18 voix contre. Le permis de construire était disponible depuis février 1996. Il a toutefois dû être prolongé à plusieurs reprises. «Le financement s'est transformé en un parcours du combattant avec des investisseurs changeants, des banques qui se sont retirées et des contrats inacceptables», écrivait la «NZZ» avant même que les premières balles ne volent à côté du parc d'attractions Connyland.


Quatre nouveaux membres durant l’année catastrophe de 2001

Durant la catastrophique année 2001, quatre clubs ont rejoint l'association. Le Golf Gerre Losone est venu compléter l'offre au Tessin aux côtés des deux clubs traditionnels d'Ascona et de Lugano. 

Le Golf Club Lägern s’est installé au Golfparc Migros d'Otelfingen, près de Baden, avec un grand avantage: Otelfingen est le seul parcours de golf suisse à disposer de sa propre gare. Grâce notamment à sa liaison rapide vers Zurich, les 30 trous d’Otelfingen comptent parmi les plus fréquentés de Suisse. C’est d'ailleurs le seul Golfparc que Migros exploite en grande partie sur son propre terrain. Elle a pu acheter 70% de la surface nécessaire à une filiale de Coop; les autres 30% sont loués.

Les clubs de Thunersee et de Vuissens ont également rejoint l'association en 2001. A Vuissens, les promoteurs ont dû aller jusqu'au Tribunal fédéral en raison de deux recours, mais cette longue procédure en a valu la peine. Sur les hauteurs d'Yverdon, un véritable joyau golfique de 18 parcours a vu le jour autour du petit château de Vuissens.


Les 100 ans de l’ASG

L'Association suisse de golf a célébré en juillet 2002 son centième anniversaire par une grande fête, avec notamment une croisière sur le lac des Quatre-Cantons et un tournoi de golf sur le Dietschiberg, juste au-dessus du lieu de création de l’association. «Je pense que dans cinq ans, nous serons arrivés à 100 clubs maximum», déclarait alors au «Tages Anzeiger» Christian Grand, président de l'ASG depuis 1997. L'événement de deux jours a été organisé par Louis Balthasar, vice-président de l'ASG, avec un budget de 650’000 francs. Celui-ci a qualifié d'«éducative» la participation aux frais de 100 francs demandée aux participants. En contrepartie, tous les membres des clubs de l'ASG recevaient gratuitement le livre du jubilé de l'association.


Les petits parcours ont la cote

Durant les années suivantes on observait pour la première fois une nette demande en parcours 9 trous plus courts, c'est-à-dire moins chers et «plus rapides à jouer». Le 9 trous du Golf Club Unterengstringen a été créé sur un terrain du couvent de Fahr. Il a notamment profité de la proximité de la ville de Zurich, suivi peu après du Golf Club Winterberg, également très bien situé entre Winterthur et Zurich.

Le Golf Club Rastenmoos, dans le canton de Lucerne, a ouvert avec seulement six trous, alors qu'un projet beaucoup plus grand avait été prévu. «Premiers drives en été 1996», titrait alors le journal local à propos du parcours 18 trous prévu. Ce n'est que quatre ans plus tard que les premières balles ont volé à Rastenmoos, près de Neuenkirch. Le 1er août 1996, six trous étaient officiellement prêts à être joués. L'extension à neuf trous en 2003 a été importante: «Cela nous a permis d'adhérer à l'Association suisse de golf et de mettre à la disposition de nos membres une offre adaptée», a déclaré plus tard Martin Bütschi, l'initiateur du projet.

Les quatre parcours 9 trous de Matterhorn, Klosters, Brigels et Heidiland ont rejoint l'ASG à la même époque. Ils devaient compléter l'offre touristique en été. 

Et ce n'est pas fini: les clubs de Rheinfelden, Weid Hauenstein et Fricktal ont rejoint l'association entre 2007 et 2008. Tous trois s'orientaient clairement vers les besoins de la population locale: des offres comparativement simples, accessibles et bon marché pour des parties rapides sur neuf trous.

Peu avant, Migros avait ouvert deux autres vastes Golfparcs, l'un près de Berne (Moossee en 2003) et l'autre trois ans plus tard, près de Sursee dans le canton de Lucerne (Oberkirch en 2006). Outre les offres classiques de 18 trous, Migros a continué à miser sur des petits parcours plus simples pour les débutants. En plus de ses 18 trous, le Golfpark Moossee comprend également un parcours 6 trous et un parcours 9 trous. À Oberkirch, les six trous initiaux ont été transformés plus tard en un parcours de compétition de 9 trous. 

En 2004, le club tant attendu de Kyburg, près de Zurich, se trouvait enfin «sur le marché». Le jeune entrepreneur Daniel Weber avait repris un projet déjà approuvé et acheté le domaine de Rossberg en octobre 2002. Le premier coup de pioche a été donné en février suivant. Grâce à sa très bonne situation entre Zurich et Winterthur, Kyburg a été économiquement rentable dès le début. «Avant même l'ouverture, nous avions déjà 400 membres. Beaucoup d'entre eux venaient de la ville de Zurich», a déclaré Daniel Weber au «Tages Anzeiger» en juin 2004. Pour un prix d'entrée de 22’000 francs, les membres pouvaient jouer à Kyburg tout en utilisant gratuitement les installations du Golf Sempach. L'idée de pouvoir jouer sur différents parcours avec une seule adhésion était née. C’était le début de «ClubGolf».


Quatre autres nouveaux clubs

L’année 2008 a été celle de la grande crise financière. Le 15 septembre, la banque américaine Lehman Brothers s'est effondrée. UBS, la plus grande société de gestion de fortune au monde, s'est retrouvée à court de liquidités et a dû être sauvée un mois plus tard par le gouvernement suisse et la Banque nationale, pour un total de 60 milliards de francs. Un an plus tard, le gouvernement a dû à nouveau intervenir pour sortir l'UBS de l'ornière. La banque a accepté de mettre à la disposition de la justice américaine les noms et les données de milliers de clients soupçonnés d'évasion fiscale, une intervention qui a marqué le début de la fin du secret bancaire suisse.

Au milieu de cette période assombrie par les problèmes financiers, le Lucerne Golf Club fit les gros titres parce qu'il s'était vu attribuer 80’000 francs du fonds de la loterie du canton de Lucerne pour la rénovation de son terrain sur le Dietschiberg. Après un déferlement de critiques, le club, présidé à l'époque par l'ancien conseiller d'État Ueli Fässler, a renoncé à cette contribution. Malgré cela, les golfeurs ont été involontairement le sujet du carnaval de Lucerne.


Après l’orage: contrats avec l’ASGI et Migros

La croissance rapide de nouvelles offres de jeu a eu des conséquences pour les clubs existants. Martin Kessler, alors président de l'ASG, écrivait dans son rapport annuel 2005: «Il n'y a pas si longtemps, de nombreux clubs avaient des listes d'attente et ne pouvaient pas répondre pleinement à la demande d'adhésion. En raison de l'évolution du contexte économique - et parce que de nombreux jeunes golfeurs ne cherchent pas à devenir membres d'un club et préfèrent jouer ici ou là au greenfee - la situation a évolué relativement rapidement au cours des deux dernières années. De nombreux clubs ASG recherchent aujourd'hui des membres et se demandent s'ils en auront demain encore suffisamment pour financer leurs futurs investissements par des finances d'entrée». Des mots qui figuraient, en substance, un an plus tard dans le rapport annuel 2006.

En 2007, le comité lançait sa propre licence ASG en concurrence évidente avec l'ASGI. «Le sondage d'opinion auprès des clubs ASG a montré qu'une bonne majorité soutient le projet», indiquait à ce sujet le rapport du président de 2007. Mais comme on le sait, les choses se sont passées autrement: «De longues discussions, parfois violentes, ont eu lieu», a déclaré Louis Balthasar, président de l'association, fraîchement élu en 2008, dans une interview accordée à Golf Suisse. «Nos membres se sont divisés en plusieurs camps». Après d'intenses négociations, l'association a présenté, peu avant l'assemblée des délégués 2008, un contrat avec l'ASGI et les responsables de la Migros GolfCard nouvellement créée. Au lieu d'émettre sa propre licence, l'ASG recevait 65 francs de cotisation par joueur, soit la même somme que les joueurs de clubs payaient à l'association. Les deux organisations s'engageaient en outre à investir 65 francs supplémentaires pour chaque membre «en faveur de l'ensemble de la scène golfique suisse». «L'association faîtière du golf suisse veut ainsi éviter une éventuelle prolifération d'organisations dans le domaine du golf public», peut-on lire dans le communiqué de presse officiel. Il s'agissait plutôt d'empêcher une croissance sauvage.

Pour Pascal Germanier, le secrétaire général de l'ASGI, cet accord valable cinq ans a été «un grand moment». «Les deux parties ont revu leurs positions, se sont rapprochées et sont parvenues à un consensus significatif», a-t-il commenté.

«Au cours de ma première année de présidence, l'un des grands objectifs était de ramener le «navire ASG» dans des eaux plus calmes après la tempête», écrivait plus tard Louis Balthasar dans son rapport annuel. «Nous sommes une association sportive et les années passées ont montré que nous, les membres du comité, ne sommes pas des politiciens. Le calme est donc revenu cette année, tout comme le retour à nos compétences en tant que fédération sportive et gardiens de la 'Maison du Golf'». Entre-temps l'association s’était agrandie avec l'équivalent de dix postes à plein temps et un budget annuel de 4,5 millions de francs.

Trois nouveaux clubs ont été admis simultanément dans l'ASG en 2008. Le parcours relativement court d'Axenstein y est parvenu lors de sa deuxième tentative, suivi du parcours de 18 trous de Sagogn, près de Flims, et du Golf Club Fricktal dans le canton d'Argovie, qui a ouvert en 2004 avec six trous et a été agrandi en 2007 pour atteindre le «strict minimum», soit 9 trous. Ce n'est qu'en 2011 qu'un nouveau membre a été accueilli dans la fédération, le club bâlois de Laufental. Détail marquant: Albert Schmidlin s'est battu pendant 17 ans pour réaliser le rêve de sa vie à Zwingen.


Un déluge de magazines

L'euphorie semblait alors ne pas finir: André Glauser, secrétaire de la Swiss PGA et chef de presse de l'ASG, déclarait en 2004 à la «Berner Zeitung»: «Il y aura certainement 100 clubs de golf un jour, peut-être même 120, car il y a encore des besoins dans le Mittelland et dans la région de Zurich». 

Avec le recul, André Glauser avait raison, même s’il a sous-estimé la difficulté de trouver du terrain. Hormis le parcours 9 trous d'Augwil en 2013, aucun autre terrain de golf n'a plus vu le jour à proximité de la métropole économique de Zurich.

Cette euphorie temporaire ne se manifestait pas seulement sur le gazon, mais aussi dans les publications de golf. En août 2004, la «Handelszeitung» répertoriait pas moins de huit titres différents en Suisse romande et en Suisse alémanique, alors que le pays comptait environ 60’000 golfeurs actifs. A cette époque le magazine «Bilanz» a présenté pour la première fois les handicaps des personnalités économiques jouant au golf.

Voici l'aperçu «historique» de 2004, accompagné d'un bref commentaire de Piero Schäfer, qui a lui-même écrit sur le golf pour différents médias, notamment en tant que rédacteur en chef de «Golf Suisse».

  • «Golf Suisse»: Grâce à l'engagement financier de l'association, le numéro 1 en termes de tirage. Un nombre étonnant de contributions à la promotion. Devenu interchangeable.
  • «Golf & Country»: Bien géré sur le plan rédactionnel. Beaucoup de travail personnel. Forte référence à la Suisse. Coopération intéressante avec «Golf Digest» (USA), ce qui lui a permis de réaliser des reportages exclusifs. 
  • «Drive»: Visuellement, le plus beau magazine de golf en langue allemande de Suisse. Concept de contenu clair, structure cohérente et conviviale pour le lecteur. 
  • «Golf Magazin»: Un autre produit «me too». Après des débuts modestes, s’est amélioré. Seul magazine de golf avec une couverture régulière de type cartoon. Tirage sans certification de la Remp. 
  • «Golf Lifestyle»: insuffisant au niveau journalistique. Beaucoup de photos, peu de texte, textes rédactionnels et promotionnels peu différentiables.
  • «News in One»: Le seul magazine de golf suisse qui donne des informations détaillées sur les clubs, ce qui constitue une innovation. Malheureusement réalisé de manière bâclée et bon marché. Tirage sans certification de la Remp. 
  • «Golf Events»: Bien établi en Suisse romande. Caractère promotionnel prononcé avec de nombreux reportages de voyage. Diffusion peu claire. Pas de certification REMP.
  • «Golfers & Co»: La revue de golf la plus noble du pays, très classe, avec des auteurs internationaux intéressants. Tirage sans certification REMP.

Seules trois de ces huit publications ont survécu aux problèmes économiques.  Depuis 2021, le magazine officiel de la fédération s'appelle «Swiss Golf».

«Golfers Only» a été lancé en 2010, qui couvrait à la fois la presse écrite, la presse en ligne et la télévision. L'ex-Miss Suisse Jennifer Ann Gerber présentait le magazine sportif à la télévision suisse. Malgré une approche professionnelle, «Golfers Only» n'a tenu que deux ans et a enregistré une perte d'environ 400'000 francs.

Voir chapitre: Les magazines de golf suisses


L’ASG a son propre site internet

Le magazine officiel de l'association, «Golf Suisse», annonçait textuellement dans son premier numéro de 2000: «Depuis peu, l'ASG propose sur Internet (sic !) de nouvelles prestations et de nouveaux services. Il suffit d'aller sur www.swissgolfnetwork.ch pour en profiter».

Les deux concepteurs, l'informaticienne Sarah Roberts et Stéphane Rapin, alors directeur du Golf Club de Payerne, poursuivaient: «Après la présentation du système lors de l'assemblée des délégués du 30 janvier 1999, il n'a fallu que quelques mois pour mettre en place le concept, après plusieurs années de discussions sur le développement d'un système d'information pour l'ASG. Le projet avait toujours échoué en raison des coûts élevés. Grâce à la nouvelle technologie, il a pu être réalisé en un temps record et à des prix compétitifs. Pour le moment, près de la moitié des clubs de golf suisses sont raccordés au système».

Succession au secrétariat ASG

A cette époque, le comité de l'ASG a dû s’occuper de la succession de Johnny Storjohann, secrétaire général depuis de nombreuses années. Il avait commencé ses activités à l’ASG en 1981 avec un poste à 50%, terminant 30 ans plus tard à la tête d'un imposant bureau à Epalinges. Pendant un quart de siècle, l'ancien amateur de haut niveau a oeuvré avec succès comme secrétaire général non seulement de l'ASG, mais aussi de l'Association européenne de golf EGA. Son départ pour raison d’âge devenait inéluctable. Après sa sortie, Johnny Storjohann est devenu membre d'honneur de l'ASG et a donc le droit de vote lors des assemblées des délégués, en reconnaissance de ses énormes mérites dans le développement de l'ASG. En 2011, il a été remplacé par son adjointe Barbara Albisetti (aujourd'hui Heath-Albisetti).


Associations affiliées

Selon les statuts actuels, les organisations suivantes sont membres de Swiss Golf avec droit de vote: «clubs de golf, organisations de golf public, associations affiliées, installations de Driving Range, Pitch & Putt et Indoor, présidents d’honneurs, membres d'honneur et membres du Comité».

Entre 1998 et 2022, 15 associations affiliées ont été admises au sein de la fédération. 

Après les associations professionnelles des greenkeepers et des pros, l'association des managers de clubs de golf a rapidement suivi. Pour soutenir les playing pros, le Swiss Golf Pro Supporter Club a été également affilié à Swiss Golf. Un an plus tard, les seniors hommes et femmes, ainsi que l'ASGI, ont officiellement rejoint l'association. 

Pour l'ASGI et Migros GolfCard, une catégorie spécifique «Public Golf Organisations» (PGO) a été créée en 2018 et inscrite dans les statuts. 

Voici le bref aperçu de ces associations et quand elles ont été admises par l'assemblée des délégués.

L’histoire du hickory golf

En 2000, des Américains fondaient aux États-Unis la «Society of Hickory Golfers». Douze ans plus tard, le 1er août 2012, quelques golfeurs suisses les ont suivi en créant le premier Hickory Golf Club de Suisse, après avoir joué leur premier parcours de golf en Hickory sur le Old Course de St Andrews. L'association nationale SWISS HICKORY GOLF a vu le jour en 2017. Elle s'occupe de l'entretien et du développement de ce récent mouvement en Suisse. 

«Comme pour une course de voitures anciennes, notre but n'est pas d'aller rapidement d'un point A à un point B. Nous voulons avant tout passer de bons moments ensemble, entre gens sympathiques», a déclaré Maurus Lauber, le président fondateur de l'association, pour expliquer la différence entre le hickory et le «golf en tant que sport de compétition», qu'il a lui-même pratiqué de façon intensive pendant des années.

Les clubs en bois historiques ne portent pas de numéros, mais des noms comme «Spoon», «Brassie», «Mashie» ou «Niblick». John W. Fischer a été le dernier vainqueur d'un grand tournoi en 1936 avec des clubs en bois de hickory. Les shafts en acier ont ensuite pris le relais chez les professionnels, suivis un peu plus tard par le graphite chez les amateurs. Autrefois, les balles de golf étaient appelées des «gutties», fabriquées à partir de gutta-percha, une matière semblable au caoutchouc. Les balles actuelles sont aussi souples que possible. Plus la balle de golf est dure, plus le joueur ressent le feedback avec les clubs hickory. En hickory, c'est avant tout la sensibilité qui compte, c'est pourquoi de nombreux golfeurs professionnels préfèrent utiliser les clubs traditionnels en hickory lors de leurs entraînements, car ils sont plus difficiles à jouer et ne pardonnent pas les erreurs. Sur ces clubs, le «sweet spot», le point sur la face du club où la transmission de la force à la balle de golf est maximale, doit être atteint avec précision. De plus, le bois tenace, dur et lourd du hickory exige un swing plus doux et plus rond. «Il faut moins de force et plus de swing», résume Maurus Lauber. Lui-même fait vibrer les bois historiques de Walter Hagen, l'icône américaine du style. «Cela me rend fier, et contrairement à un set moderne, les anciens clubs ont tendance à prendre de la valeur», précise-t-il.

 

Plus de temps et de plaisir

«Lors de nos tournois, on rencontre nettement plus de gens à l'apéro qu'à l'échauffement. Nous aimons aussi garder nos vêtements historiques après le jeu, alors que beaucoup d'autres joueurs ne prennent même plus le temps de boire un verre ensemble après des heures passées sur le parcours», résume Maurus Lauber. 

Le «Nipp», un shot de whisky pris au début du tour, est également typique du hickory. C'est ainsi que les Écossais «saluent» le parcours et les autres joueurs. «Enjoy the walk» est la devise des golfeurs de hickory. Bien entendu, les outils modernes comme les voiturettes électriques ou les appareils laser pour mesurer les distances sont mal vus, voire même interdits. Les golfeurs hickory portent eux-mêmes leur matériel de jeu historique, généralement dans des sacs en cuir assez lourds. C’est pour ça que la moitié des 14 clubs habituels leur suffit généralement. «Cela permet de vivre la partie de golf de manière nettement plus relaxe», explique le président, malgré ses problèmes à la hanche droite. Après l'opération, son médecin lui a interdit de continuer à porter le sac. C'est donc fier et détendu qu'il se déplace désormais sur les parcours de hickory en «voiturette de golf historique».

Ce qui lui plait, c'est l'embarras du choix des vêtements appropriés. «Les femmes ont la vie beaucoup plus facile: une jupe longue, un beau chapeau, un faux collier de perles suffisent facilement pour jouer», explique Maurus Lauber, qui possède lui-même une armoire entière de vêtements de hickory. Il prend toujours soin à ce que la chemise à carreaux s'accorde avec le nœud papillon rayé, les bretelles, les pantalons knickerbocker et les chaussettes aux genoux. «Pour le golfeur moderne, un polo et un pantalon suffisent. En tant que golfeur hickory, je me pomponne et je suis heureux quand les autres le font aussi», explique le Zurichois, qui fait une comparaison avec l'opéra. «Par 30 degrés aussi nous jouons en chemise et nœud papillon. On transpire un peu plus qu'avec des vêtements modernes, mais pour nous, cela fait aussi partie du jeu.»  

 

Un «champion du monde» suisse

Lors du «World Hickory Open 2013», Paolo Quirici, ancien joueur du circuit suisse, a remporté le titre inofficiel de champion du monde. Le premier tournoi a eu lieu en 2005 sur le Old Golf Course de Musselburgh, en Écosse, le plus vieux terrain de golf du monde. «C’est moi qui ai organisé le premier tournoi. Il y avait 36 joueurs et j'ai dû distribuer 36 sets de clubs. Mais tout le monde s'est tellement amusé que j'ai dit que je continuerais», a raconté sur CNN le collectionneur anglais Lionel Freedman, directeur de longue date du World Hickory Open.

Lors du World Hickory Open Champions 2023 en Écosse, le Suisse Roberto Francioni n'a d'ailleurs manqué la victoire que d’un coup chez les professionnels. La Suisse était fortement représentée parmi les 110 participants. Pas moins de 42 golfeurs suisses de hickory ont pris le départ dans les diverses catégories de cet événement qui s'est déroulé sur trois jours.

Il est difficile d'évaluer à quel point le golf est une activité lucrative pour Migros. L'ensemble de l'offre est contrôlé par la société Migros Golf SA, qui appartient à 100% à la coopérative Migros Lucerne, qui ne communique pas de chiffres dans le domaine du golf. 

Comme les membres de Swiss Golf sont des associations, il n'existe guère de chiffres publics concernant la fédération suisse de golf. 

L'Engadine Golf Club, avec ses deux installations à Samedan et Zuoz, constitue une exception. La société anonyme donne chaque année une information détaillée de ses activités. Voici un compte d'exploitation très simplifié avec les principaux chiffres de l'année 2023 concernant ses recettes et ses dépenses. 

Abkürzungen

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