Les années 70 et 80, des décennies difficiles
L’ASG a atteint pour la première fois le nombre de 5000 membres en 1970. Même si les grands parcours 18 trous étaient «complets», il a malgré tout fallu attendre encore 13 ans pour que trois nouveaux parcours (Bonmont en 1982, Riederalp et Domaine Impérial en 1987) voient le jour sur sol suisse, après Verbier (1969) et Schönenberg (1969). A cela s'ajoutent cinq parcours dans des pays voisins, aujourd’hui membres de Swiss Golf, trois en Allemagne (Markgräflerland Kandern en 1984, Bodensee en 1988 et Obere Alp en 1989) et deux en France (Bossey en 1985 et La Largue en 1988).
Les années 70 ont été marquées entre autres par trois initiatives contre la surpopulation étrangère, en 1970, 1974 et 1977, ainsi que par la votation sur le droit de vote des femmes en Suisse, qui a finalement été introduit en 1971. Comparée à St Andrews, la mecque du golf, la Suisse était malgré tout pionnière: au Royal & Ancient Golf Club, les dames ne sont admises que depuis 2020, après une décision prise par 85% des membres. Le panneau «No dogs or women allowed» qui aurait été posé derrière le 18e green n’est qu’une rumeur.
Boom du golf suivi d’une récession
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, l'économie s’est mise à tourner à plein régime en Suisse. Entre 1948 et 2022, le produit intérieur brut (PIB) a été multiplié par 34 (!) selon les chiffres officiels, passant d'un peu plus de 22,6 à près de 770 milliards de francs. Si on prend en compte le renchérissement, il reste en moyenne une croissance de 2,44% sur cette longue période. Une grande partie de cette croissance a été enregistrée dans les décennies 1950 et 1960, avec respectivement plus de 4,4% et 4,7% en moyenne par an.
Les années 70 ont été marquées par les conséquences du «choc pétrolier». Si beaucoup se souviennent des trois dimanches sans voiture à partir du 25 novembre 1973, peu ont encore en mémoire les taux d'inflation annuels à deux chiffres. En Suisse aussi, l'inflation a augmenté massivement. Elle est passée en peu de temps de 2 à 12% (!). Par la suite la Suisse a connu la plus grande récession de son histoire, avec la disparition d’environ 400’000 emplois en peu de temps, dont une grande partie de saisonniers et de résidents à l'année venant de l'étranger.
Pas de conséquences pour le golf suisse
Il n'y a cependant guère eu de conséquences directes pour les 27 clubs de golf de l’ASG. Selon le président Peter Prager, l'association comptait 6009 membres actifs en 1972, soit une augmentation de 281 nouveaux membres par rapport à l'année précédente, ou 4,5%. «Par rapport au passé, la croissance de notre association s'est ralentie. Mais je ne pense pas que nous puissions tirer des conclusions de cette année», a-t-il déclaré lors de l'assemblée des délégués du 18 décembre 1973 à Berne. En effet, le nombre de membres repartait à la hausse avec 8,7% en 1974. «Ce chiffre est un peu plus élevé que la croissance moyenne des années précédentes», a commenté le président de l'association dans son rapport officiel aux délégués à Berne en 1974. Son prédécesseur Pierre Turrettini avait toutefois dû déplorer la perte d’un club à l'assemblée des délégués du 4 décembre 1971: le club de Trümmelbach-Lauterbrunnental avait cessé son activité en raison de difficultés financières et avait donc quitté l'association.
Voir chapitre Les terrains de golf qui n’existent plus en Suisse
Recul du nombre de membres en 1976
Après trois années réussies à la tête de l'association, le Zurichois Peter Prager remettait son mandat et les délégués purent élire en décembre 1975 le vice-président lausannois Mariangelo Carmine pour lui succéder. Un an plus tard, le nouveau président devait annoncer pour la première fois un léger recul des membres actifs en raison de la situation économique. Son premier «Rapport du Président» était presque exclusivement consacré au sport. Mariangelo Carmine se plaignait notamment que la presse quotidienne n'accordait pas assez de place au golf. Le comité s'était penché sur le sujet et avait écrit à un représentant de la presse quotidienne: «Nous avons fait des progrès importants, voire spectaculaires, dans ce domaine, comme vous pouvez le constater dans le recueil d'articles que nous avons rédigés à votre intention, et nous restons convaincus que nous obtiendrons satisfaction dans un avenir proche si nous continuons sur la voie que nous avons choisie», écrivait Mariangelo Carmine, président de l'ASG.
Demande en parcours plus élevée que l’offre
Dans son rapport, le président mentionnait que le nombre de membres était passé de 6740 à 6948 en 1977: «Cette augmentation est réjouissante et pourrait être due en partie aux efforts consentis par les membres». Le Golf Club Verbier a officiellement rejoint l'association lors de l'assemblée des délégués de 1977, alors que les installations étaient déjà à la disposition des touristes et des habitants de la station de ski depuis 1969.
En 1978, le président écrivait toutefois dans son rapport que seuls 134 nouveaux golfeurs et golfeuses avaient rejoint les clubs de l'ASG. «Cela signifie-t-il que le golf a atteint son plafond dans notre pays?», demande-t-il, avant de répondre: «Honnêtement, je ne le pense pas. Plusieurs informations indiquent que dans quelques années, deux ou trois nouveaux terrains de golf seront construits dans la région du Lac Léman, et autant dans la région de Zurich, et que notre sport connaîtra alors un nouvel essor».
L'augmentation du nombre de joueurs de golf a été finalement beaucoup plus rapide que ne l'avait prévu Mariangelo Carmine, contrairement à la construction de nouveaux terrains de golf. Les parcours mentionnés, à une exception près, sont restés au stade de projets coûteux et irréalisés.
En 1979, le nombre de membres dans les 27 clubs augmentait encore de 227 golfeurs. Un total ne figure pas dans le rapport annuel du président Carmine, mais il est clair qu'il espérait toujours l’ouverture de nouveaux parcours de golf.
Huit nouveaux parcours en Suisse et dans les pays voisins
Le 2 octobre 1984, l'Assemblée fédérale a élu la Zurichoise Elisabeth Kopp au premier tour de scrutin avec 124 voix sur 244, faisant d'elle la première femme au Conseil fédéral.
Quelques jours plus tard, le 18 octobre 1984, 30 passionnés de golf, originaires de Suisse et d'Allemagne, fondaient le Golf Club Markgräflerland à l’hôtel de ville de Kandern. Dix-huit mois plus tard, ils frappaient leurs premières balles sur un practice temporaire, devenu aujourd'hui le trou no 1. C’est l'architecte de golf Karl F. Grohs qui a planifié les neuf premiers trous, inaugurés en 1988. Trois ans plus tard, le clubhouse et un local pour les caddies étaient disponibles. L'architecte américain Bradford Benz a réalisé l'extension du terrain de golf à 18 trous, en service depuis août 1995. Ce n'est qu'en 2001 que le club est devenu membre de l'Association suisse de golf.
Les choses sont allées beaucoup plus vite au Golf & Country Club Bossey, conçu par Robert Trent Jones Jr et ouvert en 1985. La commune française de Bossey se trouve à quelques kilomètres seulement de Genève. La demande en nouveaux parcours de golf était particulièrement forte dans la région. Dès le début, le club s’est affilié à la fois à la fédération française et à la fédération suisse de golf. Comme son nom l'indique, il propose, outre un parcours de 18 trous, une piscine ainsi que des courts de tennis et de squash. Bossey a été le premier club «suisse» à proposer un projet immobilier intégré. Le lotissement de maisons s'appelle «Terrasses de Genève» et se trouve entre les trous 5 et 9.
En 1987, le premier parcours de golf du Haut-Valais a ouvert ses portes à Riederalp. Le club avait été fondé deux ans plus tôt. Ce joli 9 trous situé à 2000 mètres d'altitude est toujours le terrain de golf le plus haut d'Europe. Il n'est accessible que par téléphérique. Le secrétariat du Golf Club Riederalp se trouve dans la station supérieure, le terrain de golf est juste en face. Pendant la courte saison de golf, de début juin à fin octobre, on joue au golf sur une piste de ski de fond avec des vues spectaculaires sur 40 sommets de plus de 4000 mètres, dont l'Eiger (qui, lui, fait juste un peu moins de 4000 mètres), le Mönch, la Jungfrau et le Cervin. Ce petit parcours plat de 9 trous enrichit naturellement l'offre touristique de la station. Fait étonnant: avec près de 450 membres (à fin 2023), il compte plus de membres que certains clubs suisses disposant de parcours classiques 18 trous comme Sion, Vuissens ou Les Bois.
Un an après Riederalp, le parcours de golf tant attendu entre Lausanne et Genève est enfin devenu réalité. Avec Domaine Impérial, Pete Dye a créé un joyau de 18 trous sur un site historique. En mai 1988, la superstar espagnole Severiano Ballesteros a frappé l'un de ses drives monstre lors de l'inauguration. L'actuel clubhouse était autrefois la résidence du prince Jérôme Napoléon, fils de Jérôme Bonaparte et cousin germain de l'empereur Napoléon III. Après de nombreux changements de propriétaires, Ernest Morf a acheté le terrain en 1953 avant de le léguer à son fils Victor. En 1984, Victor Morf a vendu le domaine à la SA du Golf du Domaine Impérial, qui avait déjà le contrôle de la plaine jusqu'à la Route Suisse à Gland, ainsi que du terrain nécessaire dans la commune de Prangins. C’est ainsi que l'un des meilleurs parcours de golf de Suisse a été créé à cet endroit. La seule œuvre de Pete Dye en Suisse se trouve régulièrement en tête des classements des meilleurs parcours de golf.
A La Largue, près de Bâle, l'histoire s'est déroulée différemment. Un investisseur suédois avait planifié à la fin des années 80 un projet gigantesque avec deux parcours 18 trous, un hôtel et une piste d'atterrissage pour hélicoptères. Finalement, seuls un clubhouse surdimensionné et un magnifique parcours 18 trous ont été réalisés. Les exploitants ont dû faire face dès le début à de grandes difficultés financières. Le long trajet entre Bâle et La Largue rendait difficile le recrutement de membres, malgré un parcours magnifique. Le terrain a donc changé plusieurs fois de propriétaire et les pertes se sont accumulées pour atteindre des dizaines de millions de francs. Malgré diverses actions de sauvetage, les exploitants ont fait faillite en novembre 2022. Depuis, malgré l'annonce d'éventuels acheteurs et de nouveaux projets d'hôtels sur le terrain en Alsace, rien n'a bougé.
Comme dans les années 80 la Suisse ne disposait toujours pas de surface suffisamment grande pour construire un terrain de golf, les promoteurs intéressés par le golf continuèrent de construire des parcours dans les pays voisins facilement accessibles.
C'est ainsi que le 28 février 1986 le Golf Club Bodensee Weissensberg a été fondé à Zurich, un club de droit suisse. Josef et Konrad Gadient en étaient les promoteurs. Jürg Bollag, premier président, Michel Burckhardt, Jan Kamras et Rolf Jost formaient le comité fondateur. Deux ans plus tard, les membres jouaient déjà sur ce 18 trous exigeant conçu par Robert Trent Jones Jr. Il s'agissait du premier projet réalisé en Allemagne par l'architecte star des parcours de golf. Un hôtel géré par Kuoni Hotel-Management AG était à la disposition des clients. Malgré les bonnes conditions, les exploitants ont longtemps lutté contre les difficultés financières, même dans cette région du lac de Constance.
Le deuxième club «suisse», Obere Alp, avec son parcours de 27 trous sur la route panoramique entre Stühlingen et Bonndorf, sur sol allemand, a été ouvert au jeu en 1989. Le terrain légèrement ondulé et ouvert du haut plateau à l'ouest de Schaffhouse se situe à près de 800 mètres d'altitude et, lorsque la visibilité est bonne, il offre des vues jusque sur les sommets enneigés des Alpes suisses. L'architecte du terrain était l'Allemand Karl Grohs, qui avait également travaillé sur le parcours de Markgräflerland Kandern. Le club situé dans le sud de la Forêt-Noire, à une bonne demi-heure de Schaffhouse, est devenu à la fois membre de la fédération allemande de golf et de l'ASG.
Huit nouveaux parcours de golf ont donc vu le jour dans les années 80, dont trois sur le sol allemand, deux en France et trois en Suisse.
Bonmont – plus qu’un parcours de golf
L'une des trois parcours sur le sol suisse a été créé à Bonmont, au-dessus de Nyon, à l'initiative de l'entrepreneur romand Henri-Ferdinand Lavanchy. Celui-ci avait fondé en 1957 la première entreprise de travail temporaire sous le nom d'«Adia interim», qui deviendra ensuite Adecco. Près de 30 ans plus tard, il vendait la majorité du capital de l'entreprise pour se consacrer à des activités immobilières dans le monde entier. C'est ainsi qu'à ce jour, les membres du Golf Club de Bonmont peuvent jouer en Espagne, en Floride et au Paraguay sur les autres parcours de golf appartenant à la famille Lavanchy.
Henri-Ferdinand Lavanchy avait acheté en 1978 le petit château de Bonmont, qui appartenait au canton de Vaud, avec un peu plus de 63 hectares de terrain. Quatre ans plus tard, les neuf premiers trous du parcours de golf planifié par Don Harradine étaient ouverts sur le site historique de l'ancienne abbaye cistercienne. Lors des discussions avec les défenseurs de la nature, Henri-Ferdinand Lavanchy s'était engagé à ne pas procéder à de grands mouvements de terrain. C'est ainsi qu'au lieu de la grande transformation prévue à l'origine par Jack Nicklaus on a fait intervenir l'architecte Donald Harradine; vingt ans plus tard, son fils Peter adaptait les 18 trous aux nouvelles exigences du sport. Le complexe comprend également des courts de tennis, une piscine et un centre équestre.
Le petit hôtel, donnant directement sur le magnifique parcours dans un environnement historique, a été rénové et agrandi pour la dernière fois en 2016. Il compte aujourd'hui 18 chambres, suites comprises.
Avant les 9 premiers trous de Bonmont, rien ne s’était passé en treize ans en matière de construction de terrains de golf en Suisse. Et pourtant le compte rendu sur l’ouverture du Club de Bonmont dans l'organe de l’association en 1984 est resté étonnamment court et sobre. On pouvait lire sur une seule page, avec une petite photo du fondateur et président du club Henri-Ferdinand Lavanchy: «Bonne nouvelle pour tous les golfeurs de Suisse romande: le Club de Bonmont avec un parcours de 18 trous, dont on parle depuis des années, est en passe de devenir réalité. Les promoteurs estiment même qu'il sera ouvert à la mi-août 1984, soit dans un mois seulement». Effectivement, l'ensemble des 18 trous surplombant le lac Léman a été mis à la disposition des membres du club et des visiteurs en 1984.
Des résultats sportifs positifs
En été 1975, le Golf Club Genève organisait les 15èmes championnats d'Europe par équipes juniors et reçut pour cela 100’000 francs de la fédération. Quatre ans plus tôt, le Golf Club Lausanne organisait pour la première fois les championnats d'Europe par équipes amateurs. Le magazine «Golf & Country» y avait consacré dix pages. Bien entendu, tout était en français, de nombreux articles paraissant sans traduction.
Peu après l'ouverture des 9 premiers trous à Bonmont (1982), deux temps forts sportifs dans l'histoire de l'ASG ont eu lieu à Genève et à Lausanne.
Pour la première et jusqu'à présent unique fois, l'association a organisé sur sol suisse les championnats du monde par équipes amateurs. Les femmes ont joué du 8 au 11 septembre 1982 à Genève, par un temps radieux. Comme prévu, la victoire est revenue aux États-Unis, avec une avance considérable de 17 coups. Le magazine officiel de la fédération écrivait alors: «Médaille de bronze manquée au troisième avant-dernier trou. Marie-Christine, Priscilla et Régine devaient être les prénoms de celles qui remporteraient la première médaille des championnats du monde pour nous, les Suisses. Elles se sont battues avec courage, toujours à portée de médaille, jusqu'au 16ème trou le dernier jour, où la mésaventure de Régine a fait partir les rêves en fumée. Au lieu d'une médaille, elles n'ont obtenu qu’une bonne 5ème place finale».
Les lecteurs et lectrices auront manifestement compris qu’il était question des deux Genevoises Marie-Christine de Werra et Régine Lautens, ainsi que de Priscilla Staible de Niederbüren. Malgré le fait que les deux Genevoises jouaient à domicile, le magazine n'a publié que la photo de Régine Lautens, déçue, sur le trou no 16. Dans le grand article sur les résultats des trois Suissesses figurait la photo d'une Américaine victorieuse et ce, avec une légende que l'on n'imagine sans doute plus aujourd'hui: «L'un des jolis jeunes talents américains, Kathy Baker, 21 ans». Quelques pages plus tard, lors de la couverture de la cérémonie des championnats du monde messieurs, une photo de groupe avec les trois Suissesses a tout de même paru.
Les messieurs amateurs ont disputé leur championnat du monde à Lausanne du 15 au 18 septembre 1982, également par un temps de rêve. Là encore, les États-Unis ont remporté la victoire devant le Japon, la Suède et la France. L'équipe suisse, composée de Johnny Storjohann, Markus Frank, Carlo Rampone et Michael Buchter, s'est classée à une excellente 10ème place, juste derrière l'Angleterre et l'Allemagne. Ce tournoi a été très marquant pour Johnny Storjohann. Secrétaire semi-officiel de l'ASG depuis 1981, il jouait le championnat du monde sur son parcours et a réussi au premier tour le deuxième hole-in-one de sa carrière avec un fer 8 sur le trou no 3. Malgré cela, son score de 76 a été le résultat biffé de l'équipe. Dans le classement individuel, Régine Lautens et Markus Frank se sont classés à une excellente sixième place.
Cette année-là, toutes les meilleures équipes masculines n'étaient pas présentes, pour des raisons politiques. L'éditorial de «Golf & Country» indiquait à ce sujet: «Le succès sportif et populaire des championnats du monde a été en partie terni par la nouvelle ingérence de la politique dans le domaine du sport. La présence de l'Afrique du Sud en tant que membre à part entière du World Amateur Golf Council a entraîné le boycott des championnats du monde par des nations comme l'Australie, le Canada et l'Inde. Ces regrettables défections, motivées par des considérations politiques, n'ont pas influencé la position de l'ASG, qui a décidé d'accepter tous les pays membres du World Council.»
Le championnat du monde dames s'est déroulé normalement. Il y eut quand-même un coup d’éclat à Lausanne lorsque l'Indonésie, fortement représentée à Genève, et Trinidad et Tobago durent retirer leur participation sous la pression de leur gouvernement.
Il y eut aussi à l'époque des nouvelles réjouissantes, cette fois-ci dans le monde professionnel: le 12 septembre 1982, Carole Charbonnier manquait d'un coup son premier titre sur le circuit féminin américain, laissant la victoire à Sandra Spuzich. Grâce à un prize money de 15'000 dollars, la Romande progressait dans le classement au point de pouvoir participer à tous les tournois de la Ladies Professional Golf Association (LPGA) en 1983, sans qualification. Entre 1980 et 1989, Carole Charbonnier s'est classée huit fois dans le top 10 du LPGA Tour, ce qui lui a rapporté 140’000 dollars.
Actuellement, les messieurs et les dames jouent toujours dans des catégories de prix très différentes, même si aujourd'hui les femmes rattrapent lentement leur retard. En 2024, une deuxième place lors d'un tournoi LPGA classique rapportait près de 190’000 dollars, et environ 670’000 dollars pour l'un des cinq tournois majeurs féminins.
Mais les années 70 et 80 n'ont pas seulement été marquées par la construction de nouveaux terrains de golf et par des progrès dans le domaine sportif.
«Golf & Country» devient l’organe officiel de l’ASG
En été 1979, la couverture de «Golf & Country» indiquait pour la première fois «Offizielles Organ des Schweizerischen Golfverbandes, Organe officiel de l'Association Suisse de Golf, Organo ufficiale dell'Associazione Svizzera Golf». Comme le remarquait l’éditeur Otto Dillier, «c'était en fait une étape attendue depuis longtemps, une étape d'une nouvelle génération ouverte, désireuse de faire progresser le golf dans un cadre digne, démocratique et clairvoyant.»
Les débuts n’ont toutefois pas été simples, comme le montre l'un des éditoriaux d'Otto Dillier: «Beaucoup de messieurs influents (les dames n'avaient pas encore leur mot à dire - elles étaient tout au plus tolérées avec bienveillance!) se montraient sceptiques, voire strictement hostiles à ce journal. Quoi qu'il en soit, à l'époque, notre association de golf (ASG) ne voulait pas s'en mêler. Le préjugé selon lequel une telle publication n'était ni supportable ni souhaitable pour la petite Suisse, que ce soit sur le plan financier ou autre, était bien établi. On s'était donc fixé sur le thème du «journal de golf», avec la ferme conviction que cette entreprise s'éteindrait inévitablement sans l'aval de l'association. Après deux ou trois numéros, l'histoire serait terminée. Depuis, trente ans se sont écoulés. «Golf», comme s'appelait autrefois notre revue, devenu aujourd’hui «Golf & Country», est toujours vivant!»
Bien que le nouveau «Golf & Country» soit désormais l’organe officiel, le «Rapport du Président de I'ASG» n'est paru qu'en page 38 de la première édition et le rapport 1979 de la commission technique de I'ASG exclusivement en français. Une partie du rapport est toutefois imprimée en deux langues. On y lit notamment: «Le comité de l'ASG espère que d'ici deux ans au plus tard, «Golf & Country» ne sera pas seulement l'organe officiel de l'ASG et de quatorze clubs à ce jour, mais l'organe officiel de tous les clubs membres de l'ASG».
Une petite remarque annexe: «Dizzy» (Otto F. Dillier) a propagé des contre-vérités historiques dans son éditorial de février 1978. Il écrit textuellement: «Le premier club de golf en Suisse a été porté sur les fonts baptismaux il y a 80 ans. Il s'agissait en 1898 de l'Engadine Golf Club, qui a vu le jour en lien étroit avec la station thermale de Saint-Moritz, déjà célèbre à l'époque, et qui se montre encore aujourd'hui très actif. La même année, l'Association suisse de golf a été créée». Comme on le sait, ces deux affirmations sont fausses. Il est intéressant de noter que celles-ci se sont répandues. L’une a notamment été reprise par la «NZZ», et dans l'histoire de l'«Omega European Masters» de Crans sur internet le nombre 1898 apparaît comme date de fondation de l'Engadine Golf Club, alors que le club mentionne depuis longtemps l'année 1893 dans son logo.
Siehe Kapitel 1950 – 1997: «GOLF REVUE» et «Golf & Country» (Des pépites de l’histoire du golf suisse)
Des handicaps calculés électroniquement
Après les grands moments sportifs vécus avec les deux championnats du monde amateurs à Genève et à Lausanne et la reconnaissance de «Golf & Country» comme organe officiel de la fédération, une développement passionnant a eu lieu en 1983. «Golf & Country» a écrit un grand article avec cette entrée en matière: «Depuis l'été dernier, Genève mène une expérience unique en Europe. Avec l'accord du Royal & Ancient Golf Club of St. Andrews, les handicaps des golfeurs genevois sont calculés électroniquement selon la méthode américaine».
Le système américain était relativement simple: les vingt derniers scores de chaque joueur étaient enregistrés par l'ordinateur. Celui-ci calculait ensuite la moyenne des dix meilleurs scores.
L'ASG a bien entendu dû autoriser le test. Daniel Pfister, membre du comité et président de la commission technique, a écrit que l'association saluait cet essai. Toutefois, l'effort à fournir pour évaluer les tours amicaux pour le handicap était sans doute trop important pour de nombreux clubs. Il plaidait pour que seuls les tours en compétition soient pris en compte, comme en Australie.
Comme nous le savons aujourd'hui, il a fallu presque 40 ans pour que le système américain soit introduit en 2020 en tant que World Handicap System.
Détail concernant les handicaps: le magazine officiel de la fédération publiait déjà à l'époque ce que l'on appelait les «handicaps nationaux». Voici l’élite au printemps 1983:
Handicap +2:
Markus Frank, Niederbüren
Handicap +1:
Johnny Storjohann, Lausanne
Handicap 0:
Charles-André Bagnoud, Crans
Régine Lautens, Genève
Pierre-Alain Rey, Crans
Carlo Rampone, Bad Ragaz
Voir chapitre Le développement du système de handicap
Optimisme après la chute du mur
Le mur de Berlin est tombé le 9 novembre 1989, inaugurant une nouvelle ère pleine d'optimisme sur le plan politique et économique.
«Golf & Country» écrivait dans son premier numéro de 1990: «L’Association suisse de golf compte désormais 37 clubs. Lors de son assemblée du 2 décembre 1990 à Berne, les délégués des clubs ont accepté sans opposition le Golf & Country Club Esery comme nouveau membre. Esery se trouve en France, à dix kilomètres au sud-est de Genève. Les 18 premiers trous, sur un total de 27, ont été inaugurés au printemps 1990.»
L’ASG pouvait alors se réjouir d'autres demandes d'adhésion. A l'époque, pas moins de 13 projets de parcours étaient en phase d'autorisation. Selon le président de l'association, Ugo Sadis, il était surtout regrettable que l'importance des nouveaux terrains de golf pour les régions touristiques ne soit guère reconnue. Il invitait ainsi tous les golfeurs suisses à participer au travail de relations publiques et à se faire, à l'occasion, «missionnaires du golf». Par ailleurs, le Tessinois était convaincu que son jeune compatriote Paolo Quirici continuerait en 1990 à mettre le golf en valeur en obtenant de bons résultats.
A cette époque la question du dopage faisait également les titres. Le magazine «Golf & Country» consacrait deux pages aux tests antidopage nouvellement introduits, ceci en raison du nouveau statut sur le dopage de l'Association suisse du sport SLS (aujourd'hui Swiss Olympic). L'ASG était déjà et elle est toujours membre de SLS/Swiss Olympic.