Le voyage fascinant du golf féminin en Suisse de ses débuts à aujourd’hui – Partie 1
- Introduction
- 1891 à 1914 – Les débuts du golf en Suisse
- Le golf dans les années 1920 et 1930 – Progrès et personnalités
- Le golf dans les années d’après-guerre et les années 1950 – Développements et événements clés
- Les années 1960 et 1970 – Le golf féminin en progression
- Les années 1980 et 1990 – Une nette progression et des succès
- 2000-2024 – 24 années prometteuses pour le golf féminin en Suisse
- Conclusion
Le voyage fascinant du golf féminin en Suisse de ses débuts à aujourd’hui – Partie 2
- Interview
- Mot de la fin
La fascinante évolution du golf féminin en Suisse de ses débuts à nos jours – Partie 1
Première partie – Introduction
Depuis ses modestes débuts, le golf féminin est devenu une composante essentielle du paysage sportif suisse. Dans cet article, nous allons retracer son évolution passionnante, de ses débuts jusqu’à aujourd’hui, tout en donnant la parole aux femmes elles-mêmes.
Pour commencer, il est important de noter que l’histoire du golf féminin en Suisse est une véritable histoire à succès. Jamais auparavant, elle n’a été aussi brillante qu’en 2024. Voici quelques points marquants:
- Jamais autant de golfeuses n’ont pratiqué le golf sur les 100 parcours de la Suisse, dont certains se trouvent à l’étranger proche.
- Jamais il n’y a eu autant de Suissesses talentueuses sur le Ladies European Tour (LET) et dans les clubs, dont de nombreuses jeunes filles.
- Jamais le golf féminin n’a bénéficié d’un soutien aussi important qu’aujourd’hui.
- Jamais les championnes de golf n’ont bénéficié d’autant d’attention et de reconnaissance dans notre pays.
Ces aspects positifs ne doivent pas masquer le fait qu’il reste encore beaucoup à faire en matière de promotion et de développement. Le chemin vers un équilibre entre le golf masculin et féminin est encore long, mais les bonnes mesures prises au cours des dernières décennies commencent à porter leurs fruits.
1891 à 1914 – Les débuts du golf féminin en Suisse
Le premier parcours de golf en Suisse a été ouvert en 1891 à St. Moritz, dans le parc de l’hôtel Engadiner Kulm, à l’initiative de riches curistes et touristes anglais. Ce sont également eux qui ont encouragé la création de nouveaux parcours en Suisse. Bien que ce soient principalement les hommes qui pratiquaient le golf, les femmes avaient aussi la possibilité de jouer, malgré les restrictions vestimentaires de l’époque.
En 1893, des golfeuses anglaises ont fondé la «Ladies’ Golf Union of Great Britain» (LGU). Le 13 juin 1893, la LGU a organisé le premier tournoi officiel de golf pour dames au Royal Lytham & St. Annes Golf Club dans le Lancashire. Par la suite, des femmes en Europe et à l’étranger ont fondé leurs propres clubs de golf et construit leurs propres club houses.
La même année, l’Engadine Golf Club a été inauguré à Samedan. Début août, les premiers tournois officiels y ont eu lieu, dont un «mixed foursome». Les hommes et les femmes jouaient en général séparément. Au début, les dames avaient leur propre parcours de 9 trous, le Samedan Ladies Links, qui a été supprimé par la suite.
La fondation de la «Women’s Golf Association of America» en 1896 a été importante pour le développement du golf féminin. Comme la LGU, elle a contribué à promouvoir les droits des femmes et la diffusion du golf féminin. Cependant, en raison du manque de soutien et de financement, ces organisations ont connu des débuts difficiles.
En 1902, la Swiss Golf Association a été fondée par Sir Arthur Henry Crosfield, le colonel Woodward, Alfred Hoffmann (Zurich) et Hans Pfyffer von Altishofen. Les objectifs principaux de l’association étaient de regrouper tous les clubs suisses, de promouvoir et de développer le golf et d’organiser des championnats.
En 1904, le premier championnat suisse amateur a eu lieu à Samedan, avec la participation de onze hommes et cinq femmes. Chez les dames, Lady Margaret Hamilton-Russell a remporté le titre pendant trois années consécutives. À partir de 1907, les Swiss Open Ladies Championships ont été organisés et ont également été dominés par des Britanniques.
Jusqu’en 1914, plusieurs parcours de golf ont été aménagés en Suisse, principalement pour les touristes anglais: St. Moritz, Maloja, Samedan, Montreux, Bad Ragaz, Lucerne, Zurich, Interlaken et Montana. Certains de ces parcours n’existent plus aujourd’hui.
Les années 1920 et 1930 – progrès et personnalités
Au début du 20e siècle, le golf féminin a fait des progrès significatifs dans le monde entier. La Britannique Charlotte Cecilia Leitch est devenue, à partir de 1914, la première superstar féminine du golf, avec douze titres remportés en Grande-Bretagne, en France et au Canada.
Le championnat international suisse féminin a repris en 1922 après une pause de neuf ans. Depuis 1925, le championnat suisse amateur a occupé une place fixe dans le calendrier des tournois de l’Association suisse de golf (ASG).
L'Américaine Glenna Collett Vare était une figure centrale du golf féminin. Dans les années 1920, elle a dominé la scène internationale et a remporté six fois le championnat amateur féminin des États-Unis. Elle a été intronisée au World Golf Hall of Fame en tant qu'amateure et a contribué de manière significative à la reconnaissance du golf féminin. Les qualités importantes pour réussir étaient pour elle: l’amour du combat, la sérénité et l’absence de peur. Cela reste valable encore aujourd’hui!
La Curtis Cup, l’équivalent de la Ryder Cup pour les femmes, a été introduite en 1932 et a favorisé la diffusion du golf féminin.
En Suisse, Dorothée de Weck et Marcelle Petter (plus tard Marcelle Perret) étaient des golfeuses remarquables. Marcelle Petter, fille d‘un greenkeeper du Golf Club de Lausanne, a remporté sept titres nationaux et internationaux et était la meilleure joueuse suisse avant la Seconde Guerre mondiale. En 1932, elle a été la première Suissesse à remporter le championnat International suisse amateur des femmes
En 1930, les 25 clubs de golf suisses comptaient 3300 membres, mais en raison de la crise économique des années 1930, ce nombre a chuté à 1500 en 1939. Environ un quart d’entre eux étaient des femmes, de sorte qu’à la veille de la Seconde Guerre mondiale, il n’y avait que quelques centaines de golfeuses en Suisse.
L’après-guerre et les années 1950 – les femmes s’organisent
Après la Seconde Guerre mondiale, le golf a connu une forte baisse en Suisse, avec seulement 560 membres enregistrés dans 18 clubs. Le comité de l’ASG a alors décidé de prendre des mesures pour promouvoir le golf en Suisse. Cela comprenait des camps d’entraînement pour les joueurs nationaux et des camps pour la relève, promus notamment par Pierre Ducrey.
En 1949, des golfeuses américaines de premier plan, dirigées par Babe Didrikson Zaharias, ont fondé la «Ladies’ Professional Golf Association» (LPGA), devenu le premier Tour du circuit féminin aujourd’hui. Babe Didrikson Zaharias, une athlète exceptionnelle, s’était qualifiée en 1932 pour cinq compétitions d’athlétisme aux Jeux olympiques, mais n’avait été autorisée à participer qu’à trois d’entre elles. Outre l’athlétisme, elle a également excellé en baseball, basket-ball, billard, bowling, golf et dans d’autres sports. En golf, elle a remporté trois fois l’US Open et a été la première Américaine à gagner le British Ladies Amateur Golf Championship. Elle a été plusieurs fois récompensée et intronisée à titre posthume au IAAF (International Association of Athletics Federation) Hall of Fame.
À cette époque, la séparation des sexes était très stricte dans de nombreux clubs, surtout en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Les femmes jouaient généralement le matin, tandis que les parcours étaient réservés aux hommes l’après-midi et le soir. Les hommes et les femmes ne mangeaient jamais ensemble, et certains clubs, comme celui du président Eisenhower à Crownsyille (Maryland) n’acceptaient pas de membres féminins.
La situation était flagrante au Home of Golf, St Andrews, en Écosse. Fondé en 1754, ce club a été réservé aux hommes pendant 260 ans. Ce n’est qu’en septembre 2024 que plus de 85% des 2400 membres masculins ont voté en faveur de l’admission des femmes. Deux ans plus tôt (2012), l’ancienne secrétaire d’État américaine Condoleeza Rice et la femme d’affaires Darla Moore ont été les premières femmes à devenir membres de l’Augusta National Golf Club, qui accueille chaque année l’US Masters.
Cependant, une telle séparation des sexes n’existait pas en Suisse, comme le racontent les dames d’un certain âge. Au contraire, les pionnières du golf féminin suisse ont pris leur destin en main, surtout dans les grands clubs comme Lausanne, Genève, Blumisberg, Zürich-Zumikon, Bâle, Niederbüren, Ascona.
L’équipe féminine de Lausanne a remporté le premier championnat interclubs en 1957 et a dominé le tournoi depuis, avec 23 victoires. Aux championnats suisses interclubs féminins des seniors, disputés depuis 1994, les dames de Lausanne ont également gagné quatre fois.
En 1959, Leida Feldpausch et Marie-Jeanne Blum, accompagnées de 23 autres fammes, ont fondé à Blumisberg la Swiss Senior Ladies Golf Association (alors SSL, aujourd’hui SSLGA), la première association nationale de seniors en Europe. Leida Feldpausch était une femme active et entreprenante. Il n’y avait pas d’assemblée générale, pas d’élections – on se connaissait, on était une grande famille. Chaque année, les dames seniors des clubs suisses se rencontraient pour un événement de trois jours sur différents parcours. Et de nombreux clubs organisaient régulièrement des compétitions pour les dames seniors.
Jacqueline Stucki de Neuchâtel, une golfeuse exceptionnelle, a été cinq fois championne suisse entre 1955 et 1968. La signification sociale du golf a commencé à se développer de plus en plus. Voici une anecdote amusante relatée par un journaliste: les femmes étaient «moins sujettes aux bavardages au service de la promotion sociale que les hommes, tant dans le club house que sur le parcours».
À la fin des années 1950, le nombre de membres dans les 27 clubs suisses est passé à 3000, dont environ 800 étaient des femmes.
Les années 1960 et 1970 – le golf féminin progresse pas à pas
Dans les années 1960 et 1970, le golf féminin en Suisse a gagné du terrain. En 1964, Helena von Tobel (Zumikon) est devenue la première femme à diriger l’équipe nationale féminine, suivie d’Andrée Visinand de Lausanne, puis de Germaine Ust. En 1965, la première équipe féminine suisse a participé à un championnat d’Europe. Elle était composée de Saskia et Claudia Fehr, Andrée Visinand (capitaine), Adeline Kellenberger et Jacqueline Stucki.
À la fin de l’année 1971, le nombre de membres de l’ASG a dépassé 5000. L’année suivante, Peter Prager a nommé Vreni Salvisberg au comité de l’ASG, et de 1973 à 1976, elle a été capitaine de l’équipe nationale féminine. En 1975, il y avait déjà 6800 golfeurs jouant sur 28 parcours en Suisse, dont environ 30% étaient des femmes.
En 1976, Carole Charbonnier et Marie-Christine de Werra ont remporté les championnats internationaux de France féminins de foursome. Carole Charbonnier a également remporté le championnat international de Suisse féminin en 1978.
La Genevoise Marie-Christine de Werra, née en 1952, était une golfeuse suisse exceptionnelle, qui a été championne suisse à cinq reprises entre 1973 et 1980. Elle est décédée en 2022, un jour après son 70ee anniversaire. Marie-Christine de Werra a remporté neuf fois le championnat du Léman et quatre fois le championnat international de Suisse, de même que le Trophée Fiat en 1980 (en équipe avec Régine Lautens, Charles-André Bagnoud et Yvan Couturier) ainsi que le Trophée ASG. Elle a été plusieurs fois championne suisse en stroke play et en match play et a remporté de nombreux titres avec les seniors. Son caractère engagé, sa nature joyeuse et sa passion pour le golf ont marqué la scène du golf suisse pendant de nombreuses années, inspirant et motivant de nombreuses jeunes golfeuses.
Les années 1980 et 1990 – bel essor et succès internationaux
Dans les années 1980 et 1990, le golf féminin en Suisse a connu un essor significatif, marquée par des événements importants et des personnalités remarquables.
En 1982, l’ASG a organisé pour la première fois les championnats du monde amateurs par équipes en Suisse. Les dames ont joué du 8 au 11 septembre sous un soleil radieux à Genève. L’équipe suisse, composée de Marie-Christine de Werra, Régine Lautens et Priscilla Staible-Moore, a manqué de peu la médaille de bronze, terminant à la cinquième place, la victoire revenant sans surprise aux États-Unis.
Lors du championnat d’Europe à Stavanger (Norvège) en 1985, les Suissesses ont remporté la troisième place, gagnant ainsi la première médaille européenne de l’histoire du golf féminin suisse. Elles ont triomphé lors de matchs de play-off passionnants contre la Suède, terminant derrière l’Angleterre et l’Italie.
Deux ans plus tard, lors du championnat du monde par équipes 1987 en Colombie les Suissesses ont de nouveau décroché le bronze, A noter que la Genevoise Régine Lautens a en plus gagné le classement individuel du Mundial Feminino à Cali, Colombie.
Au début des années 1990, Danièle Berruex a fondé le Golf Club Les Coullaux à l’extrémité est du lac Léman dans le canton de Vaud. Berruex, initialement cavalière, a décidé de créer un parcours de golf sur sa propriété après une visite à un terrain de golf en Suisse alémanique. Avec l’aide de Johnny Storjohann et Yves Hofstetter, le Golf Club Les Coullaux a été officiellement admis dans l’ASG en 1991. En 2013, Danièle Berruex a pu agrandir le parcours, qui est aujourd’hui le deuxième plus court des 100 parcours de Swiss Golf et le seul club de golf suisse fondé et dirigé avec succès par une femme. En 2023, elle avait déjà quatre collègues féminines à la tête de clubs de golf suisses: Yvonne von Deschwanden (Engelberg-Titlis), Georgia Staudt (Rheinfelden), Barbara Baruffol (Schönenberg) et Jacqueline Ryffel (Blumisberg).
En 1990, la Suisse comptait 37 parcours de golf avec 15’700 membres. La même année, les championnats d’Europe amateurs féminins se sont tenus à Zurich Zumikon, avec cinq Suissesses en lice. L’Allemande Martina Koch a remporté le tournoi, mais les Suissesses se sont bien défendues.
En mai 1996, l’entraîneur national a dressé un bilan positif: les objectifs fixés ont été atteints, notamment une victoire sur le PGA Tour, la qualification de trois joueurs pour le PGA Tour européen, une joueuse sur l’European Ladies Tour et trois joueurs dans le top 100 du Challenge Tour. Cependant, il manquait de nouveaux talents féminins derrière Régine Lautens et Evelyn Orley.
Les premières proettes suisses sur le Tour
Trois golfeuses suisses ont été en quelque sorte des pionnières en tant que professionnelles sur le circuit international. Elles ont montré aux jeunes joueuses qu’il était possible de gagner sa vie en tant que proette et ont certainement contribué aux performances des futures générations de golfeuses professionnelles suisses.
Carole Charbonnier, qui a grandi en Zambie et est arrivée en Suisse à l’âge de 16 ans. Elle a remporté le championnat international de Suisse en 1978 et est passée dans le camp professionnel en 1980 en se qualifiant à la Q-School du LPGA Tour. Sa situation état typique de cette époque: elle devait absolument trouver des sponsors pour financer sa saison (environ 30’000 dollars par an). Sur le circuit féminin américain en 1979, le prize money était d’environ 5 millions de dollars pour une saison (la moitié du PGA Tour masculin). En Suisse, l’idée a été lancée que l’ASG pourrait créer un fonds spécial à cet effet. En septembre 1982, Evelyn Orley a raté d’un coup son premier titre sur le circuit féminin américain, ce qui lui a permis toutefois de progresser dans le classement et de pouvoir participer à tous les tournois LPGA en 1983.
En 1984, après quatre ans sur le LPGA Tour, Charbonnier était 36e à l’ordre du mérite avec près de 43’000 dollars de gains (88’000 au total en quatre saisons). Entre 1980 et 1989, elle s’est classée huit fois dans le top 10, remportant un total de 140’000 dollars de prize money. Elle a nettement amélioré sa technique grâce à Jim Flick, l’un des meilleurs coaches américains. La force mentale, la volonté et l’ambition sont essentielles, a répété la pionnière.
La Genevoise Régine Lautens, née en 1960, est une figure marquante du golf féminin suisse. Dans les années 1980 et 1990, elle était l'une des meilleures golfeuses suisses et a fait partie du cadre national suisse de 1976 à 1987. En 1977, à l'âge de 16 ans, elle est devenue championne suisse pour la première fois (mais pas la dernière). En 1979 et 1980, elle est devenue championne internationale junior de Belgique resp. de France. En 1980, elle a remporté le classement individuel du Fiat Trophy à Turin avec un record de parcours (67, -5) et a également gagné en équipe avec Marie-Christine de Werra, Charles-André Bagnoud et Yvan Couturier. En 1981 et 1987, elle a remporté le championnat international de Suisse et a enchaîné jusqu'en 1987 une douzaine de victoires à des championnats internationaux, ainsi que de nombreuses victoires aux championnats suisses amateurs et juniors. Elle a notamment été championne d'Australie, du Maroc et de Belgique en 1982, et a participé deux fois au championnat amateur des États-Unis à cette époque. En 1983, elle est devenue championne internationale de France, en 1984, championne internationale d'Italie, ainsi qu'en 1985. En 1986, elle a remporté le championnat international d'Espagne et en 1987, les championnats internationaux de Suisse et d'Italie. En 1987 également, elle a remporté le classement individuel au Mundial Feminino à Cali, Colombie. Entre 1980 et 1985, elle n'a perdu qu'en finale de match play lors de cinq championnats internationaux. Elle a été membre de l'équipe continentale à trois reprises (1983/1985/1987) et a participé cinq fois au championnat du monde par équipes. Ce n’est qu’en 1988, à l’âge de 28 ans, que la Genevoise a fait le saut dans le monde professionnel avec un contrat de l’agence McCormack en poche. Elle a joué avec succès sur le Ladies European Tour, en compagnie de Carole Charbonnier, de retour des Etsts-Unis En 1988, elle s’est classée 19e à l’ordre du mérite du WPGT (Women’s Professional Golf Tour) et 3e à l’European Masters. En 1992, elle a fini quatrième avec Evelyn Orley au World Pro Team Championship. En 2001, Régine Lautens était la seule Suissesse établie sur le Ladies European Tour. Elle a joué par la suite un rôle important en tant que coach de l’équipe nationale féminine suisse.
La Zurichoise Evelyn Orley, née en 1966, était une golfeuse exceptionnelle qui a remporté le British Girls Championship en 1983 et le Stroke Play au championnat international d’Afrique du Sud en 1984. En 1988, elle était la meilleure amateure suisse et a gagné le championnat international amateur d’Italie. A cette époque, elle a déclaré qu’elle ne voulait pas «vivre en nomade» sur le circuit mais plutôt étudier le droit. En 1989, après quatre ans de golf universitaire aux États-Unis, elle est tout de même devenue professionnelle avec un contrat de quatre ans de Marc Biver Managment et s’est qualifiée pour le circuit américain. Elle a commencé son année de rookie en fanfare sur le LPGA avec deux grandes victoires: à l'Open de Singapour et au tournoi LET de Bonmont. En 1991, elle s’est classée deuxième à l’Open d’Angleterre et sixième au British Open. Après 17 ans de compétition de golf, elle s’est progressivement convertie au golf business aux États-Unis au début des années 1990. Aujourd’hui, elle joue à nouveau en tant qu’amateure et est membre de l’équipe suisse des dames seniors depuis 2022.
Excellentes amateures
Annette Weber, née en 1961, a commencé à jouer au golf au Club de golf de Bâle. En 1973, elle a été sélectionnée dans l'équipe nationale des Girls (alors appelées juniors). Avec les Girls, puis avec les dames (Carole Charbonnier, Marie-Christine de Werra, Régine Lautens, Evelyn Orley, etc.), elle a joué pendant 13 ans pour l'équipe nationale. En 1976, elle a remporté la médaille de bronze aux championnats d'Europe par équipes juniors. Elle a été trois fois championne de Suisse et a obtenue une quatrième place en individuel aux championnats d'Europe 1981. En 1986, elle a quitté l'équipe nationale pour des raisons professionnelles : elle souhaitait poursuivre des études et créer sa propre entreprise. En tant que capitaine de longue date des équipes nationales Girls et dames, elle a menée ces équipes à de nombreux succès : l'équipe nationale féminine a remportée la médaille de bronze au championnat d'Europe en 2014, la médaille d'argent en 2015, et la médaille d'argent lors des championnats du monde en 2016. Annette Weber est la seule femme à avoir joué dans deux équipes nationales, à avoir été capitaine de l'équipe nationale, et à être aujourd'hui membre du conseil d'administration de Swiss Golf. Elle est également l'initiatrice du projet de réhabilitation de l’histoire du golf suisse, un projet ambitieux prévu pour le 125e anniversaire de l'Association suisse de golf en 2027.
Parmi les joueuses remarquables de cette période figurent également Jackie Dangel Orley et Sandra Storjohann-Modi. Jackie Orley a joué dans l’équipe suisse junior, puis chez les dames, et fait maintenant partie de l’équipe seniors. Elle a participé à plusieurs championnats du monde féminins, tout comme sa sœur Evelyn. En 2023, elle était en lice au championnat d’Europe seniors par équipe, où l’équipe suisse a remporté la médaille de bronze. Sandra Storjohann-Modi, la fille de Johnny Storjohann, initiée tôt au golf, a participé avec l’équipe suisse à plusieurs championnats d’Europe. Elle travaille maintenant pour Swiss Golf et continue de jouer avec succès.
Sophie Ducrey, née en 1968 à Lausanne, est également une golfeuse exceptionnelle au niveau amateur. Elle a remporté six fois consécutivement (1989-1994) l’Omnium Suisse et deux fois le championnat suisse match play. Elle a joué dans l’équipe suisse junior, puis dans l’équipe nationale dames, participant à plusieurs championnats d’Europe et à quatre championnats du monde féminins. Ces dernières années, elle a participé avec succès à cinq championnats d’Europe seniors par équipe. En 2021, elle a remporté le championnat suisse dames seniors et a terminé deuxième ex-aequo au championnat d’Europe individuel seniors à Mortfontaine. En 2024, elle a remporté le championnat suisse Mid-amateur.
Une autre golfeuse de renom est Sheila Gut-Lee, née en 1974. Elle a dominé la scène du golf suisse féminin pendant de nombreuses années, a joué dans l’équipe nationale et a remporté huit titres de championne suisse.
En 1995, il y avait 49 clubs de golf en Suisse (dont certains à l’étranger proche, en France et en Allemagne) avec environ 25’000 membres, dont 9700 étaient des femmes.
Ces deux décennies avant l’an 2000 ont été marquées par des succès importants et une croissance continue du golf féminin en Suisse. Le travail de l’ASG – promotion des jeunes talents, organisation de tournois, soutien aux clubs – commençait à porter ses fruits.
2000–2024: le golf féminin s’affirme définitivement en Suisse
En l’an 2000, la Suisse comptait 72 terrains de golf avec environ 25’000 golfeurs et 12’000 golfeuses.
Les succès des golfeuses se sont multipliées, à commencer par la médaille d’argent de l’équipe U18 lors des championnats d’Europe féminins en Suède.
Les dames seniors suisses se sont également distinguées en obtenant la deuxième place au championnat d’Europe par équipes en Suède, pour la deuxième année consécutive. En 2001, elles ont décroché de nombreux titres, notamment aux Internationaux d’Italie avec Mimmi Guglielmone, Ariella del Rocino et Karina Lorang, ainsi que la médaille de bronze au championnat d’Europe par équipes seniors à Schönenberg.
En juillet 2002, l’ASG a célébré son centenaire avec une grande fête et un livre anniversaire richement illustré, retraçant le siècle écoulé. Le président de l’époque, Christian Grand, a indiqué que l’ASG était davantage tournée vers l’avenir que vers le passé. Les années suivantes ont confirmé cette vision, avec une croissance notable dans la construction de nouveaux parcours de golf, l’augmentation du nombre de joueurs et joueuses et les nombreux succès des golfeuses et golfeurs suisses.
En 2012, près de 28’000 golfeuses et 50’000 golfeurs jouaient sur les 94 parcours affiliés à Swiss Golf, en Suisse et à l’étranger proche.
Depuis 2014, le Flumserberg Ladies Open se déroule sur le parcours de Gams-Werdenberg dans la Vallée du Rhin de Saint-Gall. Cet événement a célébré son 10e anniversaire en mai 2023. Le parcours soigneusement entretenu propose chaque année de nouveaux défis. Ce tournoi fait partie des LET Access Series et se distingue par la proximité entre les joueuses, les spectateurs, les sponsors et les bénévoles. Pour les golfeuses suisses, c’est un moment fort, leur permettant de jouer devant un public local et de remporter du prize money. Il offre également aux amateures l’opportunité de se mesurer aux proettes et de découvrir le quotidien d’une joueuse professionnelle. Le jeune talent Elena Moosmann a remporté ce tournoi, encore amateure, en 2019 à l’âge de 21 ans, soutenue par un public enthousiaste.
Une nouvelle génération de jeunes joueuses engagées et motivées a émergé, comprenant Caroline Rominger, Fabienne In-Albon, Kim et Morgane Métraux, Albane Valenzuela, Vanessa Knecht, Elena Moosmann et Chiara Tamburlini.
Parmi les succès exceptionnels des dernières années :
- En 2014, l’équipe féminine suisse a remporté la médaille de bronze au championnat d’Europe féminin par équipes en Slovénie.
- 2015, les Suissesses ont brillamment remporté la médaille d’argent lors des championnats d’Europe féminins par équipes au Danemark.
- En 2016, les Suissesses ont décroché la médaille d’argent lors de la Coupe du monde amateur par équipes au Mexique, avec la participation de 55 nations. L’équipe suisse était composée de Kim et Morgane Métraux ainsi que d’Azelia Meichtry. La couverture médiatique du golf féminin s’est considérablement améliorée, avec notamment une augmentation des retransmissions télévisées.
- En 2017, les golfeuses suisses ont occupé les 2e, 3e et 21e places lors du championnat d’Europe Individuel à Lausanne (Albane Valenzuela, Morgane Métraux, Kim Métraux).
- En 2021, les dames seniors suisses ont remporté la médaille de bronze lors de l’European Senior Ladies Team Championship sur le parcours de Blacksearama, en Bulgarie.
- En 2022, Morgane Métraux a triomphé au Ladies Italian Open, devenant la première Suissesse depuis 32 ans à remporter un tournoi sur le Ladies European Tour.
- En 2023, des succès sensationnels ont marqué les tournois internationaux, dont les deux médailles d’or obtenues lors du Marisa Scaravatti Trophy pour les femmes des catégories 50+ et 65+.
- Les golfeuses suisses seniors ont de nouveau remporté la médaille de bronze lors de l’European Senior Ladies Team Championship à Parador de El Saler, en Espagne, qui passe pour un des meilleurs golfs du monde.
Chiara Tamburlini et d’autres jeunes golfeuses ont connu en 2023 des succès remarquables et sont remontées dans les classements. L’augmentation du prize money et des sponsors s’engageant dans le golf féminin a contribué à augmenter également l’intérêt du public pour le golf féminin. Cela est dû aussi à des joueuses comme Albane Valenzuela, ainsi que Kim et Morgane Métraux, qui sont des «ambassadrices de Swiss Golf» et jouent sur les plus grands circuits internationaux. Swiss Golf soutient leurs performances et est fier qu’elles représentent le golf suisse à l’échelle mondiale.
Swiss Golf soutient également les playing professionals les plus prometteuses – comme Elena Moosmann, Chiara Tamburlini, Tiffany Arafi, Elena Colombo, Vanessa Knecht – qui débutent sur le circuit, tout en encourageant les amateures et amateurs prometteurs qui souhaitent passer dans le camp professionnel. Gabi Tobler, National Captain Women, dirige l’équipe nationale des amateures. Nora Angehrn, multiple championne suisse et coach, forme elle aussi des enfants et des adolescents avec un grand engagement en tant que National Coach Girls.
Un autre projet réussi de Swiss Golf est Golf4Girls, lancé en 2017 avec le soutien du R&A (St Andrews) afin de promouvoir les filles comme groupe cible. A l’époque, seul un quart des juniors suisses jouant au golf étaient des filles. Sous la houlette de Claudia Krakau-Wörrle, le programme Golf4Girls est devenu une véritable «success story»: en 2023, 150 filles de toute la Suisse ont participé, avec l’assistance de 33 expertes, à ce programme varié qui comprenait des camps d’été, des Family Days, des événements Beat the Pro ainsi que le Swiss Golf G4G Championship à Meggen.
Une bonne nouvelle était la qualification d’Albane Valenzuela et de Morgane Métraux pour les Jeux olympiques de Paris en août 2024. Albane Valenzuela a déjà participé aux JO de Rio 2016 (en compagnie de Fabienne In-Albon) et de Tokyo 2020. Aux Jeux olympiques de 2016, elle avait terminé 21e, et à Tokyo, elle a amélioré sa performance en atteignant la 18e place. À Paris, elle a de nouveau progressé, en terminant 13e. Quant à Morgane Métraux, elle a créé la sensation sur le Golf National près de Paris: troisième au soir du premier jour, la Lausannoise a joué de manière souveraine et a pris la tête lors du deuxième et du troisième tour. Une victoire olympique semblait à portée de main. Mais malheureusement, elle a raté son tour final et a reculé à la 18e place.
Deux semaines plus tard, lors de l’AIG British Womens Open à St Andrews, Albane Valenzuela a partagé la 20e place. Grâce à sa solide saison sur le LPGA, elle a réussi une sélection historique pour le golf suisse en faisant partie des quatre Captain’s Picks pour la Solheim Cup, qui s’est déroulée à la mi-septembre à Gainesville, Viriginia (USA).
En 2024, il y a environ 36’300 golfeuses en Suisse (sur plus de 102’000 licenciés au total) qui pratiquent le golf, sur les 100 parcours des 98 clubs affiliés à Swiss Golf. Même si elles ne figurent pas parmi les championnes, elles profitent de leur sport dans la nature sur des parcours magnifiques et contribuent par leur présence, leur joie de jouer et leur engagement au développement croissant du golf. Elles sont toutes les «ambassadrices du golf féminin suisse».
Conclusion
Historiquement, les femmes n’ont pas bénéficié de l’égalité dans le golf. Les clubs étaient souvent réticents envers les golfeuses, même après leur admission officielle. Heureusement, ce passé est révolu. Même des personnalités connues comme l’ancien premier britannique David Cameron et Rory McIlroy ont pris position contre les pratiques sexistes dans certains clubs de golf.
La popularité du golf féminin a augmenté, soutenue par des gains plus élevés. L’AIG Women’s British Open (un des cinq tournois majeurs du golf féminin) a augmenté sa dotation à 7,3 millions de dollars en 2022 et même à 10 millions de dollars une année plus tard. De même, la LPGA a augmenté son prize money à 101,4 millions de dollars pour la saison 2023. De meilleures conditions financières incitent davantage de femmes à devenir des golfeuses professionnelles.
Le golf féminin suisse a fait des progrès impressionnants, tant au niveau de l’élite que du sport populaire. Avec une augmentation du nombre de joueuses talentueuses, de meilleures conditions d’entraînement et de compétition, ainsi qu’un soutien croissant de la part des clubs, des médias et des sponsors, les perspectives pour le golf féminin en Suisse sont très prometteuses.
Deuxième partie – Le sondage
Pour obtenir une idée de ce que les femmes en Suisse pensent du golf féminin en Suisse, j’ai envoyé ce questionnaire à environ 50 golfeuses suisses de différents âges et niveaux de jeu. Voici un résumé des réponses intéressantes et informatives – et un grand merci à toutes les répondantes pour leur temps et leur patience en répondant au questionnaire!
Interview
64,5 % d’hommes, 35,5 % de femmes jouent au golf en Suisse en 2024. Pourquoi y a-t-il une telle disparité, à votre avis ?
Les raisons pour lesquelles il y a plus de golfeurs que de golfeuses sont multiples et peuvent être attribuées à des facteurs historiques, sociétaux et temporels, selon les répondantes. Historiquement, le golf a été un sport dominé par les hommes, où les femmes avaient peu ou pas de place. Cette répartition traditionnelle des rôles influence encore aujourd’hui la répartition des sexes dans le golf. Les femmes ont souvent moins de temps pour jouer au golf, étant davantage impliquées dans les tâches familiales et domestiques. De plus, beaucoup de femmes ont des obligations professionnelles qui laissent peu de temps libre pour le golf. Le golf demande beaucoup de temps, et les femmes avec des enfants préfèrent souvent utiliser leur temps libre limité pour faire du jogging ou du Pilates. Les femmes ont également tendance à commencer à jouer au golf lorsque leurs enfants sont plus âgés. Financièrement, le golf est un sport coûteux, et comme les hommes gagnent en moyenne plus que les femmes, cela contribue également à la différence de près de 30 %. Bien que la situation s’améliore lentement et que davantage de femmes, y compris des femmes célibataires, deviennent membres de clubs, il reste encore du chemin à parcourir. Pour encourager plus de femmes à jouer au golf, de meilleures conditions sont nécessaires, telles qu’une répartition plus équitable des rôles familiaux, une égalité financière, ainsi que la promotion et la motivation des jeunes joueuses.
Qu’est-ce qui a changé dans les clubs et dans le golf en général en ce qui concerne le golf féminin depuis que vous avez commencé à jouer au golf?
Presque toutes les répondantes s’accordent à dire que beaucoup de choses ont changé dans le golf féminin au cours des dernières décennies. Les points suivants ont été soulignés :
- Plus de femmes jouent au golf qu’auparavant, mais elles sont sous-représentées dans les organes de décision et sont souvent limitées à des tâches traditionnelles.
- Les parcours de golf publics et des organisations comme l’ASGI et Migros ont rendu le sport plus accessible.
- Le golf est globalement plus présent et moins élitiste qu’il y a 30 ou 40 ans.
- Les politiques discriminatoires d’admission contre les femmes célibataires, qui existaient auparavant, ont quasiment disparu.
- Les sections féminines sont plus actives avec plus de compétitions sponsorisées et de camps d’entraînement pour les jeunes golfeurs et golfeuses.
- Les filles sont encouragées dès le départ, et il existe des programmes spécifiques pour elles dans de nombreux clubs, en particulier les plus grands. Bien que Golf4Girls soit une bonne initiative, certains clubs ne l’adoptent pas suffisamment.
- Des joueuses à succès comme Albane Valenzuela et Kim et Morgane Métraux inspirent de nouvelles joueuses, et les jeunes golfeuses se motivent mutuellement.
Comment améliorer le golf féminin?
Pour promouvoir le golf auprès des jeunes femmes, des camps d’entraînement mensuels sont suggérés. Des rencontres internationales et des initiations au golf dans les écoles pourraient également être utiles. Des activités exclusivement féminines, comme des compétitions et des événements spéciaux, pourraient encourager davantage le golf féminin, selon les répondantes. La mise à disposition de services de garde d’enfants dans les clubs de golf permettrait aux jeunes mères d’avoir plus de temps pour jouer au golf. Dans la plupart des clubs, il existe des après-midis pour les dames avec divers tournois, mais les femmes avec des enfants en âge scolaire ont rarement le temps de participer. L’importance des compétitions et des événements spéciaux au sein des clubs est soulignée. Les programmes comme Golf4Girls et la présence de modèles féminins dans divers postes au sein des clubs sont essentiels. Encourager les jeunes filles et offrir des programmes d’entraînement flexibles répondant à leurs besoins individuels sont également importants. Enfin, une plus grande présence médiatique du golf féminin et une harmonisation progressive des primes aideraient à augmenter la visibilité et à réduire les inégalités flagrantes.
Le golf féminin continuera-t-il de croître à votre avis?
Les avis varient sur cette question. La plupart des répondantes sont optimistes: elles croient en une croissance, car les femmes deviennent plus indépendantes et les structures familiales évoluent lentement mais sûrement. De plus, les avancées technologiques et l’équipement amélioré facilitent l’accès au golf. D’autres sont plus sceptiques: elles mentionnent le temps limité que les femmes peuvent consacrer au golf, en raison des obligations professionnelles et familiales. Les structures parfois encore conservatrices de certains clubs de golf, qui sont réticentes aux préoccupations spécifiques des femmes, constituent également un obstacle, tout comme la crainte de certaines femmes de se ridiculiser. En général, la plupart des répondantes croient en une croissance du golf féminin, mais celle-ci dépend de divers facteurs tels que le soutien des sponsors, la flexibilité des rôles familiaux et l’ouverture des structures traditionnelles dans les clubs de golf.
Quelle est l’importance des modèles féminins pour les jeunes générations?
Toutes les répondantes s’accordent à dire que les modèles sont très importants pour les jeunes golfeuses: ils aident les jeunes à s’identifier à des sportives à succès et les motivent. Les modèles féminins montrent qu’il est possible de réussir en tant que femme dans le golf et stimulent ainsi l’intérêt et l’engagement de la prochaine génération. Les succès récents de golfeuses suisses ont un effet inspirant et sont largement couverts dans la presse golfique. Les modèles sont particulièrement importants dans un sport dominé par les hommes, car ils permettent aux filles de se comparer de manière réaliste et de progresser. Ils offrent une orientation psychologique et, grâce à leurs succès, motivent les jeunes filles à s’intéresser au golf.
Comment évaluez-vous l’état du golf féminin professionnel en Suisse en 2024?
La plupart des répondantes évaluent très positivement l’état du golf féminin professionnel en Suisse en 2024. Elles soulignent que les jeunes golfeuses ont connu des succès remarquables ces dernières années – citons Albane Valenzuela, Kim et Morgane Métraux, Elena Moosmann, Chiara Tamburlini, Tiffany Arafi, Elena Colombo, Vanessa Knecht parmi les jeunes golfeuses les plus accomplies de ces dernières années. La présence des Suissesses dans les tournois internationaux est en croissance. Cette évolution est motivante pour les jeunes talents et le public, selon les répondantes. L’histoire du golf suisse montre qu’il n’y a jamais eu autant de talents et de succès qu’aujourd’hui. Le travail continu et la promotion qui ont commencé il y a plus de 30 ans portent maintenant leurs fruits. De nombreuses voix soulignent que la professionnalisation et le soutien par des organisations comme l’ASG ont grandement contribué aux succès actuels. Les golfeuses suisses se sont établies sur les grands circuits en Europe et aux États-Unis et ont régulièrement montré de bonnes performances, y compris des victoires remarquables. En résumé, l’état du golf féminin est décrit comme meilleur que jamais, avec un avenir prometteur grâce à des joueuses talentueuses et des programmes de promotion efficaces.
Le golf féminin atteindra-t-il un jour l’importance du golf masculin?
Les avis sur cette question varient. Les répondantes s’accordent sur trois points:
- Le golf féminin est moins visible et reçoit moins de soutien que le golf masculin, ce qui limite son développement.
- Il y a de l’espoir pour une plus grande reconnaissance mais le chemin est encore long.
- Les différences de style de jeu, comme la force et le spectaculaire, influencent l’attention et l’intérêt des spectateurs et des sponsors.
Certaines répondantes étaient plutôt pessimistes. Elles ne croient pas à une égalité, et si elle devait arriver, ce serait plutôt dans le sport de haut niveau que dans le sport populaire.
En résumé, bien qu’il y ait de l’espoir pour que le golf féminin gagne en importance, il existe des défis considérables en termes de présence médiatique, de soutien financier et de perception du jeu.
Que peuvent apprendre les golfeuses des golfeurs? Ou inversement?
Il y a eu des réponses très intéressantes à cette question. Certaines ont dit qu’il n’y avait pas de grandes différences; la plupart des répondantes étaient d’avis que les deux sexes pouvaient apprendre les uns des autres et ont différencié:
- Les golfeuses pourraient jouer plus audacieusement; les golfeurs devraient apprécier la précision plutôt que la force et utiliser leur potentiel plus habilement.
- Les golfeuses pourraient jouer plus agressivement; les golfeurs pourraient apprendre le rythme, le contrôle et la constance.
- Les golfeuses pourraient apprendre à être plus calmes; les golfeurs pourraient jouer moins obsessionnellement.
- Les golfeuses pourraient avoir plus de confiance en elles; les golfeurs pourraient adopter d’autres perspectives et être plus ouverts.
- Les golfeuses pourraient montrer plus de mordant; les golfeurs pourraient apprendre à ne pas devenir agressifs en cas d’erreur.
- Dans le domaine amateur, la technique est plus importante que la force.
- La force mentale et physique est tout aussi importante pour les hommes que pour les femmes.
En résumé, c’est un apprentissage mutuel – hommes et femmes peuvent apprendre les uns des autres, comme dans la vie en général..
Les femmes sont-elles plus compétitives que les hommes – ou l’inverse?
Les avis sur la question de savoir si les femmes ou les hommes sont plus compétitifs varient: certaines pensent que les femmes sont moins nombreuses dans le plus haut niveau de compétition, ce qui pourrait être amélioré par un entraînement mental. La compétitivité dépend davantage du caractère et de l’éducation que du sexe. D’autres pensent qu’il n’y a pas de grande différence dans la compétitivité, mais peut-être dans la façon dont elle est vécue. Les hommes sont généralement plus compétitifs et l’expriment plus ouvertement, notamment au club-house et lors des compétitions.
Certaines croient que les hommes sont mentalement plus forts et donc plus compétitifs. En effet, les hommes participent plus souvent à des tournois et jouent souvent de manière plus compétitive. D’autres encore estiment qu’à haut niveau, femmes et hommes sont également compétitifs.
Conclusion: Les opinions sont partagées sur la question de savoir si la compétitivité est spécifique au genre ou non.
Préférez-vous jouer avec d’autres femmes ou plutôt avec des hommes?
- Certaines préfèrent jouer avec des hommes, mais trouvent fatigant de devoir constamment chercher des balles ou d’être ignorées par les hommes.
- Beaucoup aiment jouer avec les deux sexes. La personnalité des partenaires de jeu est décisive. Elles sont flexibles et aiment jouer avec des personnes agréables et sympathiques, indépendamment du sexe. Des parties justes et sportives sont importantes.
- Certaines préfèrent jouer seules, mais apprécient aussi jouer avec des partenaires réguliers.
- Certaines disent qu’elles jouent principalement avec des femmes, mais aussi avec des hommes lorsque l’occasion se présente.
- D’autres encore préfèrent les parties mixtes ou les groupes uniquement masculins lors des tournois.
En général, la plupart des répondantes accordent plus d’importance à la personnalité et au comportement des partenaires de jeu qu’à leur sexe.
Préférez-vous jouer avec votre partenaire ou avec d’autres personnes?
Les golfeuses ont des préférences différentes: certaines aiment jouer à la fois avec leur partenaire et avec d’autres personnes et trouvent enrichissant de rencontrer différentes personnes. Certaines préfèrent jouer avec des amis ou d’autres golfeurs, car elles partagent déjà beaucoup d’autres activités avec leur partenaire. Certaines alternent selon la situation entre jouer avec leur partenaire et avec d’autres personnes. Celles qui n’ont pas de partenaire golfeur apprécient de jouer avec différentes personnes. D’autres préfèrent jouer avec leur partenaire lors de parties amicales, mais avec d’autres golfeurs ou golfeuses lors des tournois.
Le mot de la fin Sophie Ducrey
En considérant l’histoire du golf féminin en Suisse, on voit que l’Association suisse de golf (ASG) a toujours soutenu les femmes. Les femmes ont participé très tôt à des camps d’entraînement ainsi qu’à des tournois nationaux et internationaux, au même titre que les hommes. Les femmes n’ont rien à envier aux hommes, car leur niveau est souvent comparable lors des championnats d’Europe ou du monde.
Au fil des ans et avec l’évolution du jeu, certaines jeunes joueuses amateures sont devenues professionnelles (comme Carole Charbonnier, Régine Lautens, Evelyn Orley). Des programmes tels que «Golf4Girls» ont été créés pour promouvoir le golf féminin en Suisse. La génération de joueuses de 1968-1990 (dont Evelyn et Jackie Orley, Régine Lautens, Marie-Christine de Werra, Sandra Storjohann) a cédé la place à une nouvelle génération de joueuses excellentes, devenues professionnelles (comme Albane Valenzuela, Kim et Morgane Métraux, Caroline Rominger et Chiara Tamburlini). Chaque génération laisse le champ libre à une nouvelle génération de joueuses, dont le niveau n’a rien à envier à celui des joueurs masculins.
D’un point de vue sociétal, il est également remarquable que des sections féminines se développent dans les clubs, avec des tournois et des camps d’entraînement spécialement pour les femmes. Le golf féminin joue un rôle non négligeable au sein des clubs, comme en témoigne le nombre croissant des différentes équipes participant chaque année aux championnats suisses interclubs, et le niveau de ces équipes qui ne cesse de s’améliorer. Bien qu’il reste encore beaucoup à faire, le développement du golf féminin en Suisse, tant au niveau amateur qu’au niveau professionnel, est très encourageant.
COMMENTAIRE: Ce que les golfeuses suisses pensent du golf féminin
Pour avoir une idée de ce que les Suissesses pensent du golf féminin dans leur pays, Alexandra Gütermann a envoyé un questionnaire à environ 50 golfeuses suisses d’âges et de niveaux de jeu différents. Voici un résumé de leurs réponses.
Comme le montre l’histoire du golf féminin, ce sport était autrefois un domaine masculin aux structures souvent patriarcales. Pendant longtemps, les femmes n’avaient pas ou peu de place dans le golf. Cette répartition traditionnelle des rôles a des conséquences encore aujourd’hui dans le golf. En Suisse, les hommes sont presque deux fois plus nombreux à pratiquer le golf (64,5%) que les femmes (35,5%).
Les femmes ont souvent moins de temps, car elles sont plus impliquées dans les tâches familiales et domestiques et souvent, elles ont en plus des obligations professionnelles. Elles préfèrent donc faire du jogging, du yoga ou du Pilates pendant leur temps libre. Les femmes ont également tendance à commencer à jouer au golf seulement lorsque les enfants sont grands.
Mais contrairement au passé, les femmes célibataires et actives sont aujourd’hui beaucoup plus nombreuses à devenir membres de clubs. Elles sont toutefois sous-représentées dans les organes de décision – et ne sont pas toujours prêtes ou capables d’assumer des responsabilités. Mais ces dernières années, beaucoup de choses ont changé. Cinq des 98 clubs suisses sont présidés par une femme. Au niveau national, la fédération est dirigée par deux directrices dans le domaine opérationnel. Trois des huit membres du comité de Swiss Golf sont des femmes. Mais si l’on compare le rôle des femmes dans la vie publique, le golf suisse est clairement en retard sur l’évolution de la société.
Pour motiver davantage de femmes à pratiquer le golf, il est nécessaire d’améliorer les conditions-cadres, de changer la répartition des rôles au sein de la famille, de prendre en compte les préoccupations spécifiques des femmes (p. ex. des garderies dans les clubs), ainsi que d’encourage et de motiver les jeunes filles.
Il est indéniable que les golfs publics et les PGO comme l’ASGI et la Migros ont rendu le sport plus accessible. Les sections féminines de nombreux clubs sont aujourd’hui très actives avec des Ladies’ Days hebdomadaires, des tournois, des entraînements ou des voyages de golf réguliers. Dans les grands clubs surtout, il existe des programmes d’encouragement spéciaux pour les filles. Des plans d’entraînement flexibles, répondant aux besoins individuels, sont souhaitables. Le programme national de promotion Golf4Girls, créé en 2017, donne déjà des résultats positifs.
Toutes les personnes interrogées s’accordent à dire que les modèles sont très importants pour les jeunes golfeuses. Des professionnelles comme Albane Valenzuela, Kim et Morgane Métraux aident les jeunes à s’identifier aux sportives qui réussissent et montrent qu’il est possible de percer dans le golf en tant que femme. Les modèles sont particulièrement significatifs dans un sport dominé par les hommes, car ils permettent aux filles de se comparer de manière réaliste et de grandir. Une présence médiatique accrue pour le golf féminin, ainsi qu’une adaptation plus équitable des gains entre les circuits féminins et masculins seraient bien sûr souhaitables.
L’histoire du golf suisse montre qu’il n’y a jamais eu autant de talents féminins et donc de succès qu’aujourd’hui. Le travail et la promotion soutenus, qui ont commencé il y a plus de 30 ans, portent leurs fruits. Dans l’ensemble, la situation du golf féminin est décrite comme meilleure que jamais, avec un avenir prometteur grâce à des joueuses établies sur les meilleurs circuits et à des programmes de promotion efficaces pour la relève. Il existe néanmoins un écart dans l’appréciation et le soutien par rapport au golf masculin (gains modestes, peu de couverture médiatique, de sponsors et de spectateurs).
Il est intéressant de se demander ce que les golfeuses peuvent apprendre des golfeurs – et inversement. La plupart des personnes interrogées estiment que les deux sexes devraient apprendre l’un de l’autre. Les golfeuses pourraient jouer avec plus de courage et agressivité, les golfeurs pourraient apprendre le rythme et la constance. Les golfeuses pourraient faire preuve de plus de mordant, les golfeurs de moins d’acharnement. Les golfeuses pourraient être plus sereines, les golfeurs plus ouverts moins de rage en cas de coups ratés. Les golfeuses pourraient avoir davantage de confiance en elles, les golfeurs devraient utiliser leur potentiel plus habilement grâce à la précision plutôt qu’à la force. Les femmes pensent que les hommes sont plus compétitifs et plus portés sur la compétition… en particulier dans le club house. Et même si la plupart des femmes aiment jouer dans des flights mixtes, beaucoup trouvent épuisant de devoir constamment chercher les balles perdues de leurs partenaires de jeu masculins. toh