Des années 2000 à aujourd’hui
Le chaos informatique redouté lors du changement de millénaire n'a pas eu lieu, grâce aux améliorations apportées aux ordinateurs et aux logiciels. Vladimir Poutine a été officiellement élu président de la Russie fin mars 2000, succédant à Boris Eltsine, et le juge américain Edward Korman a approuvé l'accord dans la plainte collective déposée par des survivants de l'Holocauste contre les deux grandes banques suisses UBS et Credit Suisse. Les deux banques ont dû verser 1,25 milliard de dollars en règlement de toutes les créances datant de la Seconde Guerre mondiale.
Rétrospectivement, 2001 est donc une année catastrophique, notamment en raison des attentats terroristes du 11 septembre aux Etats-Unis, sans oublier le grounding de Swissair, la compagnie nationale autrefois si fière, la tuerie au parlement cantonal de Zoug et l'incendie du tunnel routier du Gothard.
Malgré ces événements, le boom de la construction de nouveaux parcours de golf s'est poursuivi de manière presque inchangée. Entre 2000 et 2008, 24 nouveaux clubs ont rejoint l'association. Il est intéressant de noter que près de la moitié d'entre eux ont commencé par 9 trous, et que la plupart en sont restés là.
Le premier parcours de golf du nouveau millénaire a été le terrain Migros à Waldkirch, qui a ouvert ses portes en mai 2000. Là aussi, les choses se sont passées relativement vite pour la Suisse. En avril 1997, la coopérative Migros de Suisse orientale avait signé avec onze propriétaires fonciers des contrats de location pour 84 hectares de terrain. Le permis de construire était déjà disponible en septembre 1998. Ce parcours de 27 trous a coûté au total 18,5 millions de francs. Cinq ans plus tard, les plans pour 9 trous supplémentaires étaient lancés et ceux-ci ont pu être inaugurés en mai 2008.
En août 2000, le Golf Club Lipperswil a ouvert ses portes, toujours en Suisse orientale. Les débuts ont été nettement plus ardus. En 1994, l'assemblée communale de Lipperswil a approuvé le changement de zone nécessaire par 68 voix pour et 18 voix contre. Le permis de construire était disponible depuis février 1996. Il a toutefois dû être prolongé à plusieurs reprises. «Le financement s'est transformé en un parcours du combattant avec des investisseurs changeants, des banques qui se sont retirées et des contrats inacceptables», écrivait la «NZZ» avant même que les premières balles ne volent à côté du parc d'attractions Connyland.
Quatre nouveaux membres durant l’année catastrophe de 2001
Durant la catastrophique année 2001, quatre clubs ont rejoint l'association. Le Golf Gerre Losone est venu compléter l'offre au Tessin aux côtés des deux clubs traditionnels d'Ascona et de Lugano.
Le Golf Club Lägern s’est installé au Golfparc Migros d'Otelfingen, près de Baden, avec un grand avantage: Otelfingen est le seul parcours de golf suisse à disposer de sa propre gare. Grâce notamment à sa liaison rapide vers Zurich, les 30 trous d’Otelfingen comptent parmi les plus fréquentés de Suisse. C’est d'ailleurs le seul Golfparc que Migros exploite en grande partie sur son propre terrain. Elle a pu acheter 70% de la surface nécessaire à une filiale de Coop; les autres 30% sont loués.
Les clubs de Thunersee et de Vuissens ont également rejoint l'association en 2001. A Vuissens, les promoteurs ont dû aller jusqu'au Tribunal fédéral en raison de deux recours, mais cette longue procédure en a valu la peine. Sur les hauteurs d'Yverdon, un véritable joyau golfique de 18 parcours a vu le jour autour du petit château de Vuissens.
Les 100 ans de l’ASG
L'Association suisse de golf a célébré en juillet 2002 son centième anniversaire par une grande fête, avec notamment une croisière sur le lac des Quatre-Cantons et un tournoi de golf sur le Dietschiberg, juste au-dessus du lieu de création de l’association. «Je pense que dans cinq ans, nous serons arrivés à 100 clubs maximum», déclarait alors au «Tages Anzeiger» Christian Grand, président de l'ASG depuis 1997. L'événement de deux jours a été organisé par Louis Balthasar, vice-président de l'ASG, avec un budget de 650’000 francs. Celui-ci a qualifié d'«éducative» la participation aux frais de 100 francs demandée aux participants. En contrepartie, tous les membres des clubs de l'ASG recevaient gratuitement le livre du jubilé de l'association.
Les petits parcours ont la cote
Durant les années suivantes on observait pour la première fois une nette demande en parcours 9 trous plus courts, c'est-à-dire moins chers et «plus rapides à jouer». Le 9 trous du Golf Club Unterengstringen a été créé sur un terrain du couvent de Fahr. Il a notamment profité de la proximité de la ville de Zurich, suivi peu après du Golf Club Winterberg, également très bien situé entre Winterthur et Zurich.
Le Golf Club Rastenmoos, dans le canton de Lucerne, a ouvert avec seulement six trous, alors qu'un projet beaucoup plus grand avait été prévu. «Premiers drives en été 1996», titrait alors le journal local à propos du parcours 18 trous prévu. Ce n'est que quatre ans plus tard que les premières balles ont volé à Rastenmoos, près de Neuenkirch. Le 1er août 1996, six trous étaient officiellement prêts à être joués. L'extension à neuf trous en 2003 a été importante: «Cela nous a permis d'adhérer à l'Association suisse de golf et de mettre à la disposition de nos membres une offre adaptée», a déclaré plus tard Martin Bütschi, l'initiateur du projet.
Les quatre parcours 9 trous de Matterhorn, Klosters, Brigels et Heidiland ont rejoint l'ASG à la même époque. Ils devaient compléter l'offre touristique en été.
Et ce n'est pas fini: les clubs de Rheinfelden, Weid Hauenstein et Fricktal ont rejoint l'association entre 2007 et 2008. Tous trois s'orientaient clairement vers les besoins de la population locale: des offres comparativement simples, accessibles et bon marché pour des parties rapides sur neuf trous.
Peu avant, Migros avait ouvert deux autres vastes Golfparcs, l'un près de Berne (Moossee en 2003) et l'autre trois ans plus tard, près de Sursee dans le canton de Lucerne (Oberkirch en 2006). Outre les offres classiques de 18 trous, Migros a continué à miser sur des petits parcours plus simples pour les débutants. En plus de ses 18 trous, le Golfpark Moossee comprend également un parcours 6 trous et un parcours 9 trous. À Oberkirch, les six trous initiaux ont été transformés plus tard en un parcours de compétition de 9 trous.
En 2004, le club tant attendu de Kyburg, près de Zurich, se trouvait enfin «sur le marché». Le jeune entrepreneur Daniel Weber avait repris un projet déjà approuvé et acheté le domaine de Rossberg en octobre 2002. Le premier coup de pioche a été donné en février suivant. Grâce à sa très bonne situation entre Zurich et Winterthur, Kyburg a été économiquement rentable dès le début. «Avant même l'ouverture, nous avions déjà 400 membres. Beaucoup d'entre eux venaient de la ville de Zurich», a déclaré Daniel Weber au «Tages Anzeiger» en juin 2004. Pour un prix d'entrée de 22’000 francs, les membres pouvaient jouer à Kyburg tout en utilisant gratuitement les installations du Golf Sempach. L'idée de pouvoir jouer sur différents parcours avec une seule adhésion était née. C’était le début de «ClubGolf».
Quatre autres nouveaux clubs
L’année 2008 a été celle de la grande crise financière. Le 15 septembre, la banque américaine Lehman Brothers s'est effondrée. UBS, la plus grande société de gestion de fortune au monde, s'est retrouvée à court de liquidités et a dû être sauvée un mois plus tard par le gouvernement suisse et la Banque nationale, pour un total de 60 milliards de francs. Un an plus tard, le gouvernement a dû à nouveau intervenir pour sortir l'UBS de l'ornière. La banque a accepté de mettre à la disposition de la justice américaine les noms et les données de milliers de clients soupçonnés d'évasion fiscale, une intervention qui a marqué le début de la fin du secret bancaire suisse.
Au milieu de cette période assombrie par les problèmes financiers, le Lucerne Golf Club fit les gros titres parce qu'il s'était vu attribuer 80’000 francs du fonds de la loterie du canton de Lucerne pour la rénovation de son terrain sur le Dietschiberg. Après un déferlement de critiques, le club, présidé à l'époque par l'ancien conseiller d'État Ueli Fässler, a renoncé à cette contribution. Malgré cela, les golfeurs ont été involontairement le sujet du carnaval de Lucerne.
Après l’orage: contrats avec l’ASGI et Migros
La croissance rapide de nouvelles offres de jeu a eu des conséquences pour les clubs existants. Martin Kessler, alors président de l'ASG, écrivait dans son rapport annuel 2005: «Il n'y a pas si longtemps, de nombreux clubs avaient des listes d'attente et ne pouvaient pas répondre pleinement à la demande d'adhésion. En raison de l'évolution du contexte économique - et parce que de nombreux jeunes golfeurs ne cherchent pas à devenir membres d'un club et préfèrent jouer ici ou là au greenfee - la situation a évolué relativement rapidement au cours des deux dernières années. De nombreux clubs ASG recherchent aujourd'hui des membres et se demandent s'ils en auront demain encore suffisamment pour financer leurs futurs investissements par des finances d'entrée». Des mots qui figuraient, en substance, un an plus tard dans le rapport annuel 2006.
En 2007, le comité lançait sa propre licence ASG en concurrence évidente avec l'ASGI. «Le sondage d'opinion auprès des clubs ASG a montré qu'une bonne majorité soutient le projet», indiquait à ce sujet le rapport du président de 2007. Mais comme on le sait, les choses se sont passées autrement: «De longues discussions, parfois violentes, ont eu lieu», a déclaré Louis Balthasar, président de l'association, fraîchement élu en 2008, dans une interview accordée à Golf Suisse. «Nos membres se sont divisés en plusieurs camps». Après d'intenses négociations, l'association a présenté, peu avant l'assemblée des délégués 2008, un contrat avec l'ASGI et les responsables de la Migros GolfCard nouvellement créée. Au lieu d'émettre sa propre licence, l'ASG recevait 65 francs de cotisation par joueur, soit la même somme que les joueurs de clubs payaient à l'association. Les deux organisations s'engageaient en outre à investir 65 francs supplémentaires pour chaque membre «en faveur de l'ensemble de la scène golfique suisse». «L'association faîtière du golf suisse veut ainsi éviter une éventuelle prolifération d'organisations dans le domaine du golf public», peut-on lire dans le communiqué de presse officiel. Il s'agissait plutôt d'empêcher une croissance sauvage.
Pour Pascal Germanier, le secrétaire général de l'ASGI, cet accord valable cinq ans a été «un grand moment». «Les deux parties ont revu leurs positions, se sont rapprochées et sont parvenues à un consensus significatif», a-t-il commenté.
«Au cours de ma première année de présidence, l'un des grands objectifs était de ramener le «navire ASG» dans des eaux plus calmes après la tempête», écrivait plus tard Louis Balthasar dans son rapport annuel. «Nous sommes une association sportive et les années passées ont montré que nous, les membres du comité, ne sommes pas des politiciens. Le calme est donc revenu cette année, tout comme le retour à nos compétences en tant que fédération sportive et gardiens de la 'Maison du Golf'». Entre-temps l'association s’était agrandie avec l'équivalent de dix postes à plein temps et un budget annuel de 4,5 millions de francs.
Trois nouveaux clubs ont été admis simultanément dans l'ASG en 2008. Le parcours relativement court d'Axenstein y est parvenu lors de sa deuxième tentative, suivi du parcours de 18 trous de Sagogn, près de Flims, et du Golf Club Fricktal dans le canton d'Argovie, qui a ouvert en 2004 avec six trous et a été agrandi en 2007 pour atteindre le «strict minimum», soit 9 trous. Ce n'est qu'en 2011 qu'un nouveau membre a été accueilli dans la fédération, le club bâlois de Laufental. Détail marquant: Albert Schmidlin s'est battu pendant 17 ans pour réaliser le rêve de sa vie à Zwingen.
Un déluge de magazines
L'euphorie semblait alors ne pas finir: André Glauser, secrétaire de la Swiss PGA et chef de presse de l'ASG, déclarait en 2004 à la «Berner Zeitung»: «Il y aura certainement 100 clubs de golf un jour, peut-être même 120, car il y a encore des besoins dans le Mittelland et dans la région de Zurich».
Avec le recul, André Glauser avait raison, même s’il a sous-estimé la difficulté de trouver du terrain. Hormis le parcours 9 trous d'Augwil en 2013, aucun autre terrain de golf n'a plus vu le jour à proximité de la métropole économique de Zurich.
Cette euphorie temporaire ne se manifestait pas seulement sur le gazon, mais aussi dans les publications de golf. En août 2004, la «Handelszeitung» répertoriait pas moins de huit titres différents en Suisse romande et en Suisse alémanique, alors que le pays comptait environ 60’000 golfeurs actifs. A cette époque le magazine «Bilanz» a présenté pour la première fois les handicaps des personnalités économiques jouant au golf.
Voici l'aperçu «historique» de 2004, accompagné d'un bref commentaire de Piero Schäfer, qui a lui-même écrit sur le golf pour différents médias, notamment en tant que rédacteur en chef de «Golf Suisse».
- «Golf Suisse»: Grâce à l'engagement financier de l'association, le numéro 1 en termes de tirage. Un nombre étonnant de contributions à la promotion. Devenu interchangeable.
- «Golf & Country»: Bien géré sur le plan rédactionnel. Beaucoup de travail personnel. Forte référence à la Suisse. Coopération intéressante avec «Golf Digest» (USA), ce qui lui a permis de réaliser des reportages exclusifs.
- «Drive»: Visuellement, le plus beau magazine de golf en langue allemande de Suisse. Concept de contenu clair, structure cohérente et conviviale pour le lecteur.
- «Golf Magazin»: Un autre produit «me too». Après des débuts modestes, s’est amélioré. Seul magazine de golf avec une couverture régulière de type cartoon. Tirage sans certification de la Remp.
- «Golf Lifestyle»: insuffisant au niveau journalistique. Beaucoup de photos, peu de texte, textes rédactionnels et promotionnels peu différentiables.
- «News in One»: Le seul magazine de golf suisse qui donne des informations détaillées sur les clubs, ce qui constitue une innovation. Malheureusement réalisé de manière bâclée et bon marché. Tirage sans certification de la Remp.
- «Golf Events»: Bien établi en Suisse romande. Caractère promotionnel prononcé avec de nombreux reportages de voyage. Diffusion peu claire. Pas de certification REMP.
- «Golfers & Co»: La revue de golf la plus noble du pays, très classe, avec des auteurs internationaux intéressants. Tirage sans certification REMP.
Seules trois de ces huit publications ont survécu aux problèmes économiques. Depuis 2021, le magazine officiel de la fédération s'appelle «Swiss Golf».
«Golfers Only» a été lancé en 2010, qui couvrait à la fois la presse écrite, la presse en ligne et la télévision. L'ex-Miss Suisse Jennifer Ann Gerber présentait le magazine sportif à la télévision suisse. Malgré une approche professionnelle, «Golfers Only» n'a tenu que deux ans et a enregistré une perte d'environ 400'000 francs.
Voir chapitre: Les magazines de golf suisses
L’ASG a son propre site internet
Le magazine officiel de l'association, «Golf Suisse», annonçait textuellement dans son premier numéro de 2000: «Depuis peu, l'ASG propose sur Internet (sic !) de nouvelles prestations et de nouveaux services. Il suffit d'aller sur www.swissgolfnetwork.ch pour en profiter».
Les deux concepteurs, l'informaticienne Sarah Roberts et Stéphane Rapin, alors directeur du Golf Club de Payerne, poursuivaient: «Après la présentation du système lors de l'assemblée des délégués du 30 janvier 1999, il n'a fallu que quelques mois pour mettre en place le concept, après plusieurs années de discussions sur le développement d'un système d'information pour l'ASG. Le projet avait toujours échoué en raison des coûts élevés. Grâce à la nouvelle technologie, il a pu être réalisé en un temps record et à des prix compétitifs. Pour le moment, près de la moitié des clubs de golf suisses sont raccordés au système».
Succession au secrétariat ASG
A cette époque, le comité de l'ASG a dû s’occuper de la succession de Johnny Storjohann, secrétaire général depuis de nombreuses années. Il avait commencé ses activités à l’ASG en 1981 avec un poste à 50%, terminant 30 ans plus tard à la tête d'un imposant bureau à Epalinges. Pendant un quart de siècle, l'ancien amateur de haut niveau a oeuvré avec succès comme secrétaire général non seulement de l'ASG, mais aussi de l'Association européenne de golf EGA. Son départ pour raison d’âge devenait inéluctable. Après sa sortie, Johnny Storjohann est devenu membre d'honneur de l'ASG et a donc le droit de vote lors des assemblées des délégués, en reconnaissance de ses énormes mérites dans le développement de l'ASG. En 2011, il a été remplacé par son adjointe Barbara Albisetti (aujourd'hui Heath-Albisetti).
Associations affiliées
Selon les statuts actuels, les organisations suivantes sont membres de Swiss Golf avec droit de vote: «clubs de golf, organisations de golf public, associations affiliées, installations de Driving Range, Pitch & Putt et Indoor, présidents d’honneurs, membres d'honneur et membres du Comité».
Entre 1998 et 2022, 15 associations affiliées ont été admises au sein de la fédération.
Après les associations professionnelles des greenkeepers et des pros, l'association des managers de clubs de golf a rapidement suivi. Pour soutenir les playing pros, le Swiss Golf Pro Supporter Club a été également affilié à Swiss Golf. Un an plus tard, les seniors hommes et femmes, ainsi que l'ASGI, ont officiellement rejoint l'association.
Pour l'ASGI et Migros GolfCard, une catégorie spécifique «Public Golf Organisations» (PGO) a été créée en 2018 et inscrite dans les statuts.
Voici le bref aperçu de ces associations et quand elles ont été admises par l'assemblée des délégués.
L'écart de dix ans entre l'admission de la Fédération des coopératives Migros (2010) et celle de Special Olympics Switzerland et Swiss Hickory Golf (2020) est particulièrement frappant.
La fondation Special Olympics Switzerland organise des manifestations sportives variées pour les personnes handicapées, notamment des tournois de golf.
L'association Swiss Hickory Golf célèbre le golf historique avec d’anciens clubs en bois et des vêtements datant des débuts de ce sport de gentlemen. Les femmes jouent en jupe longue et chapeau, les hommes en knickerbockers et casquette plate.
L’histoire du hickory golf
En 2000, des Américains fondaient aux États-Unis la «Society of Hickory Golfers». Douze ans plus tard, le 1er août 2012, quelques golfeurs suisses les ont suivi en créant le premier Hickory Golf Club de Suisse, après avoir joué leur premier parcours de golf en Hickory sur le Old Course de St Andrews. L'association nationale SWISS HICKORY GOLF a vu le jour en 2017. Elle s'occupe de l'entretien et du développement de ce récent mouvement en Suisse.
«Comme pour une course de voitures anciennes, notre but n'est pas d'aller rapidement d'un point A à un point B. Nous voulons avant tout passer de bons moments ensemble, entre gens sympathiques», a déclaré Maurus Lauber, le président fondateur de l'association, pour expliquer la différence entre le hickory et le «golf en tant que sport de compétition», qu'il a lui-même pratiqué de façon intensive pendant des années.
Les clubs en bois historiques ne portent pas de numéros, mais des noms comme «Spoon», «Brassie», «Mashie» ou «Niblick». John W. Fischer a été le dernier vainqueur d'un grand tournoi en 1936 avec des clubs en bois de hickory. Les shafts en acier ont ensuite pris le relais chez les professionnels, suivis un peu plus tard par le graphite chez les amateurs. Autrefois, les balles de golf étaient appelées des «gutties», fabriquées à partir de gutta-percha, une matière semblable au caoutchouc. Les balles actuelles sont aussi souples que possible. Plus la balle de golf est dure, plus le joueur ressent le feedback avec les clubs hickory. En hickory, c'est avant tout la sensibilité qui compte, c'est pourquoi de nombreux golfeurs professionnels préfèrent utiliser les clubs traditionnels en hickory lors de leurs entraînements, car ils sont plus difficiles à jouer et ne pardonnent pas les erreurs. Sur ces clubs, le «sweet spot», le point sur la face du club où la transmission de la force à la balle de golf est maximale, doit être atteint avec précision. De plus, le bois tenace, dur et lourd du hickory exige un swing plus doux et plus rond. «Il faut moins de force et plus de swing», résume Maurus Lauber. Lui-même fait vibrer les bois historiques de Walter Hagen, l'icône américaine du style. «Cela me rend fier, et contrairement à un set moderne, les anciens clubs ont tendance à prendre de la valeur», précise-t-il.
Plus de temps et de plaisir
«Lors de nos tournois, on rencontre nettement plus de gens à l'apéro qu'à l'échauffement. Nous aimons aussi garder nos vêtements historiques après le jeu, alors que beaucoup d'autres joueurs ne prennent même plus le temps de boire un verre ensemble après des heures passées sur le parcours», résume Maurus Lauber.
Le «Nipp», un shot de whisky pris au début du tour, est également typique du hickory. C'est ainsi que les Écossais «saluent» le parcours et les autres joueurs. «Enjoy the walk» est la devise des golfeurs de hickory. Bien entendu, les outils modernes comme les voiturettes électriques ou les appareils laser pour mesurer les distances sont mal vus, voire même interdits. Les golfeurs hickory portent eux-mêmes leur matériel de jeu historique, généralement dans des sacs en cuir assez lourds. C’est pour ça que la moitié des 14 clubs habituels leur suffit généralement. «Cela permet de vivre la partie de golf de manière nettement plus relaxe», explique le président, malgré ses problèmes à la hanche droite. Après l'opération, son médecin lui a interdit de continuer à porter le sac. C'est donc fier et détendu qu'il se déplace désormais sur les parcours de hickory en «voiturette de golf historique».
Ce qui lui plait, c'est l'embarras du choix des vêtements appropriés. «Les femmes ont la vie beaucoup plus facile: une jupe longue, un beau chapeau, un faux collier de perles suffisent facilement pour jouer», explique Maurus Lauber, qui possède lui-même une armoire entière de vêtements de hickory. Il prend toujours soin à ce que la chemise à carreaux s'accorde avec le nœud papillon rayé, les bretelles, les pantalons knickerbocker et les chaussettes aux genoux. «Pour le golfeur moderne, un polo et un pantalon suffisent. En tant que golfeur hickory, je me pomponne et je suis heureux quand les autres le font aussi», explique le Zurichois, qui fait une comparaison avec l'opéra. «Par 30 degrés aussi nous jouons en chemise et nœud papillon. On transpire un peu plus qu'avec des vêtements modernes, mais pour nous, cela fait aussi partie du jeu.»
Un «champion du monde» suisse
Lors du «World Hickory Open 2013», Paolo Quirici, ancien joueur du circuit suisse, a remporté le titre inofficiel de champion du monde. Le premier tournoi a eu lieu en 2005 sur le Old Golf Course de Musselburgh, en Écosse, le plus vieux terrain de golf du monde. «C’est moi qui ai organisé le premier tournoi. Il y avait 36 joueurs et j'ai dû distribuer 36 sets de clubs. Mais tout le monde s'est tellement amusé que j'ai dit que je continuerais», a raconté sur CNN le collectionneur anglais Lionel Freedman, directeur de longue date du World Hickory Open.
Lors du World Hickory Open Champions 2023 en Écosse, le Suisse Roberto Francioni n'a d'ailleurs manqué la victoire que d’un coup chez les professionnels. La Suisse était fortement représentée parmi les 110 participants. Pas moins de 42 golfeurs suisses de hickory ont pris le départ dans les diverses catégories de cet événement qui s'est déroulé sur trois jours.
Des modèles de fonctionnement alternatifs
Le soutien financier apporté au golf suisse par le sponsor principal SKA, devenu par la suite Credit Suisse, s’est poursuivi pendant presque 22 ans, une durée historique. En 2014, Jean-Marc Mommer, président de l'ASG, a annoncé la fin du partenariat avec la grande banque. Quelques années plus tard, Jaguar a également renoncé à son sponsoring. Malgré des efforts intensifs, ces deux partenaires importants n'ont pas pu être remplacés immédiatement.
La même année, Paolo Quirici, le golfeur professionnel tessinois, est devenu directeur sportif de l'association.
L'Andermatt Golf Course, appartenant à l'investisseur égyptien Sami Sawiris, a été officiellement inaguré en mai 2014. Après huit ans, les golfeurs ont ainsi pu disposer pour la première fois d'un 18 trous classique. Ce parcours passionnant était d'abord réservé aux clients de tous les établissements hôteliers de la vallée d'Urseren. Après un «tournoi de célébrités», réunissant notamment les quatre champions olympiques Tanja Frieden, Donghua Li, Pirmin Zurbriggen et Didier Défago, le terrain de golf a été ouvert aux joueurs greenfee en été 2016. Faisant partie du grand projet immobilier d'Andermatt, ce parcours est exploité sans club. Juridiquement, l'Andermatt Golf Course fait partie du Golf Club Andermatt Realp. Les membres de ce dernier peuvent décider s'ils veulent avoir le droit de jouer uniquement sur le parcours 9 trous à Realp ou sur l’ensemble des 27 trous de la vallée d'Urseren.
A peu près à la même époque, Migros a élargi pour la première fois son offre avec un «club privé». En mai 2015, Migros Aare a repris la société Golf Limpachtal Betriebs- und Verwaltungs AG avec son personnel et son parc de machines, ce qui veut dire que 54% du Public Golf Bucheggberg AG, avec le driving range et les biens immobiliers (clubhouse et proshop), appartenaient dès lors à Migros. Le propriétaire Rudolf Schnorf a déclaré au «Solothurner Zeitung»: «La principale raison d'une vente à Migros est la durabilité. Plusieurs personnes étaient intéressées, mais je ne voulais pas vendre à des investisseurs seulement intéressés à court terme par le terrain de golf. La transaction avec Migros garantit que le parcours sera entre de bonnes mains». La présence du grand distributeur n'aura toutefois pas duré très longtemps. En août 2022, Migros Aare a annoncé qu'elle vendait son paquet d'actions à un groupe d'investisseurs privés formé de membres du Golf Limpachtal.
Une campagne onéreuse
En 2016, l'ASG a lancé la campagne intitulée «Golf, it's magic!». Un «City Tour» dans quelques villes devait permettre d'attirer les golfeurs potentiels. L'un des événements les plus importants et les plus innovants a été le lancement de la campagne de communication «Golf, it's magic!», a écrit plus tard le président dans son rapport annuel. L'action a coûté environ 3 millions de francs et a été financée en premier lieu par une augmentation des cotisations des membres.
Le moins que l'on puisse dire, c'est que le succès a été mitigé. «Mon prédécesseur avait pour objectif d'enthousiasmer 10'000 nouvelles personnes pour le golf. Au final, il y a eu 30 à 40 nouveaux golfeurs, un chiffre dérisoire. La campagne s'est avérée très malheureuse. Lors de l'assemblée des délégués, j'ai promis que nous arrêterions la campagne», a déclaré Reto Bieler, nouveau président élu en 2018, dans une interview accordée à la «Schweizer Illustrierte».
Nouveau départ après le «grand chahut»
Les mois précédant la campagne ont sans doute été les moments les plus difficiles pour l'association, en particulier pour les membres du comité. La «NZZ» écrivait à ce sujet: «Le boom du golf s'étant essoufflé en Suisse, le nombre de membres de l'ASG a stagné, voire diminué, ces dernières années. Cela a donné au président de l'ASG, Jean-Marc Mommer, l'idée de confier à l'association la gestion des handicaps des joueurs indépendants et de faire profiter les clubs ASG, sous forme de subvention, des millions perçus chaque année. Mommer a mis l'ASGI et Migros GolfCard devant le fait accompli en ne renouvelant pas leurs contrats. Le grand chahut dans le golf suisse démarrait».
Une scission menaçait. Migros a réagi, notamment en lançant une GolfCard Migros sans licence officielle, ce qui a fait baisser temporairement le nombre de membres de la fédération d'environ 4000 personnes. Du côté des clubs aussi, la résistance s'est manifestée contre cette grande redistribution. En février 2018, Jean-Marc Mommer a annoncé sa démission anticipée - officiellement pour des raisons de santé - et a proposé son collègue du comité Raphael Weibel comme successeur. Selon la «NZZ», ce dernier avait activement soutenu «le combat contre les indépendants» et aurait en outre été partie prenante en tant qu'exploitant du Golf Club Emmental, ce qui aurait sans doute durci encore les fronts. Une situation inextricable - jusqu'à ce que Raphael Weibel se retire huit jours avant l'assemblée des délégués face à l'opposition croissante.
C'est notamment sur l'insistance du président d'honneur de l'ASGI, Yves Hofstetter, que Reto Bieler s'est mis à disposition pour devenir président de l'ASG.
Capitaine de longue date du Golfclub Breitenloo, il était auparavant responsable du Course Rating et du Handicapping au sein du comité ASG. Il était le seul à s'opposer aux projets de Jean-Marc Mommer et avait donc quitté le comité en mai 2017. Moins d'un an plus tard, ce golfeur de 65 ans a été élu à l'unanimité nouveau président de l’association. Sa devise était: «Nous voulons aller ensemble vers l'avenir».
L'automne suivant, Reto Bieler a rencontré les journalistes à l'Omega European Masters à Crans-Montana et a pu leur parler du nouvel avenir commun du golf suisse. La collaboration avec l'ASGI et la Migros GolfCard n'était plus réglée par contrat, mais ancrée dans les statuts de l'association. Les golfeurs publics ont davantage leur mot à dire. Jusqu'à présent, ils disposaient d'une voix à l'assemblée des délégués, maintenant de trois voix pour 1000 membres. De plus, en tant qu'organisation officielle de golf public, ils disposent chacun d'un représentant au sein du comité de Swiss Golf. Parallèlement, l'ASGI et Migros GolfCard versent beaucoup plus à l'association: au lieu de 300 francs, elles versent désormais 50’000 francs chacune. En plus de la licence de 70 francs par membre, s'ajoute désormais une «contribution à la promotion du golf» de 90 francs (contre 65 francs auparavant), dont 60 francs doivent être utilisés pour la promotion des clubs.
Les membres ont approuvé les nouveaux statuts par 90% des voix lors de l'assemblée des délégués 2019. Parallèlement, le nom français de l'association, «Association Suisse de Golf», est devenu «Swiss Golf», en signe de renouveau. Il s'agissait d'une décision consciente de retour aux sources: lors de la fondation en 1902 à Lucerne, les représentants des clubs s'étaient mis d'accord sur «Swiss Golf Association».
Meggen sans club
C'est à Meggen, à quelques kilomètres de Lucerne, lieu de fondation de l'association, que Josef Schuler a construit le parcours de golf le plus récent sur sol suisse. L'initiative est venue de cinq agriculteurs qui voulaient mieux utiliser leurs terres. Ils se sont réunis en 2003 pour former le «IG Golfplatzprojekt Meggen». Après avoir négocié entre autres avec la Migros, ils se sont mis d'accord cinq ans plus tard à l'unanimité pour le projet de 9 trous de Josef Schuler, le fondateur du Golf Küssnacht. Peu après, la population a approuvé le changement de zone par les urnes. Malgré tout, le chemin entre l'idée et le terrain achevé a été semé d'embûches: «Jusqu'à présent, le projet a surtout fait parler de lui à cause des recours et d'une décision de justice négative. La date d'ouverture initiale de 2011 a été repoussée à plusieurs reprises», écrivait la «Luzerner Zeitung» à l'occasion du premier coup de pioche en 2016.
Dès l'année suivante, Josef Schuler ouvrait un joli parcours 9 trous exigeant, avec un parcours de petit jeu et un petit hôtel-boutique de 14 chambres. A la demande de la commune, il n'existe pas de club de golf à proprement parler à Meggen. Selon les chiffres officiels, Meggen gérait fin 2023 les handicaps de 32 joueurs actifs. Grâce notamment à la vue sur la ville de Lucerne, le lac des Quatre-Cantons et les montagnes, Meggen a déjà été élu à plusieurs reprises «meilleur parcours 9 trous de Suisse». Les cartes annuelles, qui permettent également de jouer le weekend, ont toutes été vendues. Il existe une liste d'attente.
Détail intéressant: Meggen est le seul parcours 9 trous de Suisse à offrir six trous d'entraînement courts supplémentaires. L'hôtel, situé à proximité de la ville touristique de Lucerne, est remarquable, tout comme le restaurant, visité par de nombreux promeneurs qui viennent profiter de la vue.
Association de douze clubs
En novembre 2018, les choses ont commencé à bouger sur la scène du golf suisse. Les clubs de Gstaad, Heidental, Interlaken, Wallenried et Wylihof se sont regroupés pour former l'association «Private Partner Golf», ou PPG. Les membres de ces clubs profitent du droit de jouer sur tous les parcours PPG, que ce soit des parties gratuites ou en tournoi. Quelques mois seulement après sa création, le Golf de Küssnacht am Rigi a rejoint l'association. Quatre autres clubs, Lavaux, Schloss Goldenberg, Obere Alp et Engelberg ont suivi en 2020, puis Neuchâtel et Lipperswil, soit un total douze clubs en 2024. «Nous voulons clairement nous distinguer des installations
«pay-and-play» et de la politique de prix bas, et mettre l'accent sur des normes de qualité et de service élevées pour nos membres», explique Bernhard Nufer, président du Golf Club Interlaken-Unterseen et membre du comité de la PPG. «J’espérais, et je m'attendais aussi à ce que nous répondions aux besoins des golfeurs et des golfeuses, et donc à l’air du temps. Mais le fait que le succès ait été aussi rapide me surprend quand-même», a déclaré Mario Rottaris, manager du Golf & Country Club Wallenried et président de la PPG, à l'occasion du cinquième anniversaire de l'association. «Nos membres ont toujours l’occsasion de jouer et profitent de la variété et des privilèges que nous avons convenus au sein de l’association», explique Roland Meyer, directeur de la PPG et manager au Golfclub Wylihof.
En été 2016, le parcours de Wylihof, membre de la PPG, est passé de 18 à 27 trous pour un investissement de 5 millions de francs (achat du terrain inclus). Depuis, le nombre de membres du club a augmenté de plus de 15%. Fin 2023, Wylihof était ainsi, avec 920 membres actifs, le plus grand club de l'association Private Partner Golf, suivi de près par Heidental avec près de 890 actifs, qui ne disposent toutefois «que» de 18 trous. Le plus petit club PPG est Gstaad-Saanenland avec 465 membres. Dans ce club traditionnel de l'Oberland bernois, le nombre de membres ne varie guère depuis dix ans, il se situe toujours entre 430 et 470. A titre de comparaison, le Golf Club Heidental a accueilli 124 membres supplémentaires durant la même période.
Saint Apollinaire, un cas à part, et la pandémie
L'évolution du club le plus récent de Swiss Golf a été particulière. Grâce aux dispositions planifiées de longue date par l'entrepreneur Daniel Weber, le nombre de membres à Saint Apollinaire, près de Bâle, a bondi de 160 à 1678 personnes en l'espace d'un an, et ce avant même que les 9 premiers trous (sur un total de 45) ne soient mis à la disposition des golfeurs, à l'été 2019.
L'offre était la suivante: les membres ne devaient pas payer un franc de droit d'entrée, pouvaient jouer en même temps sur les deux autres parcours appartenant à ClubGolf (Kyburg et Sempach), ce qui assurait une grande fréquentation et une renommée certaine. Cette offre alléchante a fait du Golf Saint Apollinaire en Alsace le plus grand club de Swiss Golf pendant un certain temps.
Même si le nombre de 1678 membres en 2018 n'a plus jamais été atteint par la suite, Saint Apollinaire reste également un cas à part au sein de la fédération suisse, en termes de parcours et de longueur. Aucun autre parcours ne compte plus de 45 trous, répartis sur deux parcours de championnat et un parcours de petit jeu de 9 trous. De plus, le Tree Garden, avec ses 6800 mètres à partir des tees les plus reculés, est le plus long parcours de Swiss Golf.
La première saison régulière, qui a débuté le samedi 14 mars 2020, a été très spéciale. Deux jours plus tard, le Conseil fédéral annonçait la fermeture de toutes les installations sportives en raison de la pandémie de coronavirus. Le droit français s'appliquait bien entendu au terrain français. Le jour suivant, le président de la République a ordonné le lockdown, qui devait initialement durer un peu moins de deux mois. Les membres du Golf Saint Apollinaire ont donc dû attendre la mi-juin pour pouvoir à nouveau jouer.
La ruée sur le parcours suisses a eu lieu à partir du 11 mai 2020, le premier jour d’ouverture après la pause forcée due au lockdown. Swiss Golf titrait: «Enfin du vrai golf, plus au jardin». Contrairement à ce que l'on craignait au départ, la fermeture de près de deux mois n'a pas eu de graves conséquences sur les caisses des clubs, car l'Office fédéral du sport a compensé assez généreusement les recettes de greenfees perdues et de nombreux parcours ont connu une fréquentation supérieure à la moyenne après le lockdown. A certains endroits, il était même difficile d’obtenir un tee time. La situation la plus extrême à l'époque a probablement été celle où les terrains de golf en France n'étaient pas accessibles alors que les golfeurs français voulaient tout de même jouer. Les grands voyages étaient encore limités, mais on pouvait sans autres franchir la frontière vers la Suisse pour jouer au oglf sans danger. Ce phénomène a d'ailleurs été observé dans le monde entier. Le New York Times a rapporté que, «grâce» à la pandémie, les cinq terrains publics du comté de Somerset ont enregistré quatre fois plus de parties de golf que l'année précédente. La situation n'était pas aussi extrême en Suisse. Les cours pour débutants étaient toutefois complets et les professeurs de golf plus demandés que jamais.
Première assemblée des délégués par correspondance
Pour la première fois dans la longue histoire de la fédération, l'assemblée des délégués 2020 a dû être organisée par correspondance. (Normalement, les représentants des clubs se réunissent à la mi-mars à l'hôtel Bellevue à Berne.) Deux points de l'ordre du jour ont retenu l'attention. D'une part, le comité a proposé d'augmenter la cotisation annuelle Swiss Golf de 70 à 80 francs. Ici, l'approbation a été d'un peu plus de 60%, avec près de 10% d’abstention. «Il était prévu d'augmenter la cotisation pour la mise en œuvre de notre nouvelle stratégie. Nous utiliserons certainement les fonds supplémentaires à bon escient après la pandémie», a expliqué le président de l'association Reto Bieler.
D'autre part, la demande de Swigocard d'être admise au sein de l'association en tant qu'organisation de golf public n'a pas été soutenue. Seul un quart des membres s'est prononcé en sa faveur. Ainsi, l'ASGI et la Migros GolfCard restent aujourd'hui les seules organisations de golf public de l'association.
Les assemblées des délégués de 2021 et 2022 ont également dû être organisées sans réunion physique. En 2021, une nouvelle catégorie de membres a été introduite pour les pitch & putt, les driving ranges et les installations indoor.
«Monsieur Golf et Crans»
Gaston Barras, président d'honneur de Swiss Golf et «Monsieur Golf», est décédé le 7 mars 2021. Il était resté président de l'Omega European Masters jusqu'à la veille de son 90ème anniversaire. L'ancien amateur de haut niveau a présidé le Golf Club de Crans-sur-Sierre pendant 40 ans exactement. Il a également été président de l’ASG de 1991 à 1997. «Mon objectif a toujours été qu'en Suisse, tous ceux qui le souhaitent puissent jouer au golf dans des conditions acceptables», disait-il.
Gaston Barras a également été pendant 20 ans président de la commune de Chermignon, ainsi que la force motrice derrière les Championnats du monde de ski de 1987 à Crans-Montana. L'ancienne conseillère fédérale Micheline Calmy-Rey, sa cousine, a rédigé la préface d'une biographie à son sujet. Elle y écrit: «Il s'est engagé avec une volonté infatigable pour faire connaître le Haut-Plateau de Crans et son golf dans le monde entier. Gaston et le golf, c'est une histoire d'amour".
Aucun parcours de golf suisse n'est aussi étroitement lié au village que les 18 trous du parcours de Seve Ballesteros et le beau parcours 9 trous de Jack Nicklaus. A cela s'ajoutent les deux installations d’entraînement situés à proximité: 9 trous à Noas, un peu en dessous du village, et 9 autres trous de pitch & putt au-dessus de Crans. Ces deux derniers sont également à la disposition des golfeurs sans autorisation de parcours.
Les clubs possédant le plus de membres
Depuis de nombreuses années, le Golf Club Crans-sur-Sierre est le champion suisse au niveau du plus grand nombre de membres actifs. En 2014, ils étaient environ 1600, un nombre inchangé dix ans plus tard. Juste derrière, on trouve le Golf Saint Apollinaire avec un total de 45 trous et plus de 1500 membres (à l'exception du «pic» de courte durée de 1678 membres en 2018), suivi par les deux grands complexes de Waldkirch et Sempach. En quatrième position se trouve le Golf Club Domat/Ems, avec plus de 1000 actifs licenciés fin 2023.
Le plus grand club «véritable», avec 18 trous, est Payerne, avec 970 actifs. Une grande partie d'entre eux sont toutefois des membres à distance. Il est frappant de constater que les trois autres parcours 18 trous avec environ 900 actifs se trouvent tous en Suisse romande ou dans les pays voisins: Bossey, Genève et Lausanne. Il est tout aussi frappant de constater que l'on parle français dans les clubs qui comptent les plus grandes sections juniors. Fin 2023, Esery annonçait 208 garçons et filles de moins de 18 ans, suivi de Genève, Crans-sur-Sierre et Bossey.
Le Golf Club Bern compte près de 120 juniors. La plus petite section juniors est celle de Schinznach Bad avec une fille et sept garçons. Le plus petit club, Les Coullaux, ne dispose d'aucune relève. Il faut aussi dire qu’il ne compte que 32 membres, sept femmes et 25 hommes. Cela montre également les énormes disparités entre les 98 clubs de Swiss Golf.
Les 20 plus grandes sections juniors*
Voir chapitre L’histoire du mouvement junior en Suisse
En 2024, 1170 juniors étaient inscrits auprès des deux organisations de golf public ASGI et Migros GolfCard. Nombre total de membres: 22'891 pour la Migros GolfCard et 18'070 pour l'ASGI.
Quatre golfeurs sur dix en Suisse sont donc membres de l'une des deux organisations de golf public, soit 42'131 sur un total de 103'183 licenciés officiellement enregistrés.
La part des femmes dans le golf suisse
En comparaison avec les pays de golf traditionnels comme la Grande-Bretagne ou l'Écosse, la part des femmes en Suisse (et dans l'espace germanophone) est nettement plus élevée. Selon les derniers chiffres de Swiss Golf, 34’388 femmes étaient actives en 2024, ce qui correspond à 35,5% des golfeurs. En y regardant de plus près, on constate là aussi de grandes différences au sein des clubs. Par exemple, à Winterberg ou Ascona, plus de 45% des membres sont des femmes. A l'autre bout de l'échelle, le Domaine du Brésil, Oberkirch et Sedrun comptent moins de 30% de femmes.
Les 20 clubs avec le plus de membres féminins
Voir chapitre Les femmes dans le golf suisse
Changements dans le nombre de membres
Plus intéressants que l'observation statique, ce sont les déplacements de membres au cours des dernières années. On constate une préférence claire aux installations 9 trous faciles d'accès, qui ne demandent généralement pas de droit d'entrée. Le Golf Club Aaretal, par exemple, a doublé son nombre de membres entre 2014 et 2024 pour atteindre 590. Le Golfpark Rheinfelden a même accueilli plus de 500 nouveaux golfeurs durant cette période. Cela correspond à une augmentation record de près de 190%. Bubikon a fait un bond de géant en 2017 et, avec 777 actifs et plus de 100 jeunes golfeurs, fait désormais partie des quinze plus grands clubs de Swiss Golf en termes de membres. Et ceci, sans droit d'entrée et sur un parcours 9 trous, donc très fréquenté.
Le Golfpark Waldkirch, en Suisse orientale, compte lui aussi nettement plus de membres. Ce club Migros, qui possède 36 trous, a annoncé en été 2018 qu'il supprimait totalement les frais d'entrée. Auparavant, les membres payaient 4000 francs, soit un peu moins qu'à Otelfingen, mais plus qu'à Oberkirch, où le prix d’entrée était de 2500 francs. Waldkirch a ainsi été le premier club à changer aussi radicalement de modèle. Cela lui a apporté 180 joueurs supplémentaires dès la première année. Si l'on compare sur dix saisons, l'augmentation est de 326 golfeurs, soit presque 40% de plus.
Montreux avait déjà réduit drastiquement ses droits d'entrée deux ans plus tôt, passant de 19’500 francs à 3000 francs seulement. Le nombre de membres est toutefois resté stable.
Les plus grands changements en 10 ans
Le nombre total de membres actifs de clubs en Suisse a augmenté de 5566 entre 2014 et 2023, soit une hausse de 11,1 %. Mais tous les clubs n’ont pas connu une progression durant cette période.
Si l'on excepte le cas particulier de La Largue (faillite, terrain fermé), ce sont surtout les parcours traditionnels 18 trous qui ont perdu des membres. Au Golf & Country Club Blumisberg, le nombre a diminué de près d'un quart au cours des deux dernières années, avec 157 départs. Bonmont compte 140 actifs de moins qu’il y a dix ans. Au Golf Club Limpachtal, il y avait fin 2023 environ 120 membres de moins qu'il y a dix ans. Trois autres parcours 18 trous, Küssnacht am Rigi et les deux clubs romands de Villars et Verbier, enregistrent un net recul de leurs membres. Ils ont perdu entre 60 et 80 membres, alors que le «club moyen» de Swiss Golf a augmenté de 57 membres actifs au cours des dix dernières années, qu'il s'agisse d'un petit parcours 9 trous ou d'une grande installation avec plusieurs parcours au même endroit.
Des possibilités d’entraînement supplémentaires
Le nombre de membres enregistrés dans les clubs est publié chaque année par Swiss Golf. Il est plus difficile d'avoir une vue d'ensemble des installations qui ne proposent que des possibilités d'entraînement et d'initiation. Il s'agit notamment de driving ranges, d’installations pitch & putt ou indoor, généralement gérés indépendamment d'un club de golf.
Aujourd'hui, de plus en plus de clubs proposent des trous d'entraînement supplémentaires sous forme de pitch & putt au sein de leurs installations, notamment pour les débutants. En 2023 seize clubs de golf suisses proposaient une telle offre, comme par exemple les Golfparcs Holzhäusern et Oberkirch. Des plans similaires doivent également être mis en œuvre à Otelfingen. Les six trous actuels y seront transformés en un parcours pitch & putt de 9 trous.
Ouvert en 2001, Otelfingen a construit six trous d'entraînement supplémentaires huit ans plus tard. En 2019, Migros prévoyait une nouvelle extension importante. Malgré le soutien de la commune d'Otelfingen, elle n'a toutefois pas pu réaliser ce projet, car le canton a refusé l'extension sur des surfaces agricoles. Migros doit se contenter d'un développement à l'intérieur du Golfparc existant.
En 2017, le géant orange disposait d'un projet approuvé pour la construction de 9 trous supplémentaires au Golfparc Moossee. Ici le projet n'a pas échoué à cause de la population ou de la politique, mais du refus de la direction de la coopérative Migros Aar.
Construction de parcours de golf: optimisme décroissant
Dix ans plus tôt, la plupart des acteurs du golf restaient encore nettement optimistes quant à la poursuite de la construction de parcours en Suisse. «Si ce n'est pas en 2008, ce sera en 2009: l'Association Suisse de Golf (ASG) pourra bientôt fêter son 100ème membre et donc son 100ème terrain de golf», écrivait la «Handelszeitung» en mai 2007, peu après l’admission de quatre clubs dans l'association pour la première fois depuis huit ans, portant ainsi le total à 93. Mais depuis 2008, seuls cinq nouveaux parcours de golf ont été ouverts.
Actuellement, l’objectif de dépasser les 100 clubs de golf disposant de leur parcours semble irréaliste. Aucun projet n'est en cours et les obstacles dans la lutte pour dézoner des terres agricoles sont désormais si importants que les experts estiment qu'aucun nouveau terrain de golf ne verra le jour en Suisse ou dans les pays voisins dans un avenir proche.
Daniel Weber, qui a fait construire le dernier parcours à Saint Apollinaire en Alsace, ne voit pas non plus de chance de bâtir un nouveau terrain de golf en France, en raison des nouvelles prescriptions en matière de plan d’affectation des zones. En Suisse, il serait tout au plus possible de transformer une décharge en terrain de golf, comme cela a été le cas pour le Paris National. Mais cela ne semble pas non plus réaliste, car il n'existe guère de décharges aussi grandes en Suisse.
Détail intéressant: en 2006, l'ajout au Golf Sempach de 11 trous supplémentaires a créé deux fois plus de dossiers administratifs que la construction du parcours et du clubhouse douze ans auparavant. Il a été nettement plus simple de construire un hôtel supplémentaire sur le site. Selon les autorités cantonales, le terrain est déjà utilisé de manière trop intensive, mais rien ne semblait s'opposer à des chambres d'hôtes supplémentaires. Plutôt que de construire un terrain de golf supplémentaire, Daniel Weber prévoit donc d'utiliser encore mieux les surfaces existantes. A Kyburg, il a reçu l’autorisation de construire quatre maisons avec des appartements à louer, mais seulement après une longue bataille juridique. Le Patrimoine zurichois a porté son recours jusqu'au Tribunal fédéral, mais sans succès.
L’attractivité financière des installations golfiques
Migros non plus n'a pas réussi à atteindre ses objectifs dans le domaine du golf. En 2013, les responsables parlaient encore d'exploiter dix Golfparcs. Après la vente des deux installations d'entraînement à Greifensee et Wädenswil, le grand distributeur en est resté à six Golfparcs. Au total, plus de 400'000 parties de golf y sont jouées chaque année, y compris sur les divers parcours de petit jeu. Migros a annoncé pour la dernière fois ses chiffres officiels en 2013, mentionnant au journal «Handelszeitung» un chiffre d'affaires total de 41,3 millions de francs dans le domaine du golf. Ce montant comprenait les cotisations des 14’000 détenteurs d'une GolfCard Migros. Au cours des dix dernières années, ce nombre a augmenté de 9'000, soit une croissance impressionnante de près de 65%, alors que l'ASGI n'a accru que de 4% son nombre de membres durant la même période.
Il est difficile d'évaluer à quel point le golf est une activité lucrative pour Migros. L'ensemble de l'offre est contrôlé par la société Migros Golf SA, qui appartient à 100% à la coopérative Migros Lucerne, qui ne communique pas de chiffres dans le domaine du golf.
Comme les membres de Swiss Golf sont des associations, il n'existe guère de chiffres publics concernant la fédération suisse de golf.
L'Engadine Golf Club, avec ses deux installations à Samedan et Zuoz, constitue une exception. La société anonyme donne chaque année une information détaillée de ses activités. Voici un compte d'exploitation très simplifié avec les principaux chiffres de l'année 2023 concernant ses recettes et ses dépenses.
La construction de parcours en Suisse à l’avenir
Dans le cadre de son travail de master sur l'évaluation des terrains de golf, Yves Gadient a interrogé six experts en 2021, dont Reto Bieler, le président de Swiss Golf.
Le bilan est relativement décevant. Yves Gadient résume: «Aujourd'hui, il y a d'une part une saturation de l'offre dans les zones rurales et d'autre part, pour des raisons légales et/ou sociales, il n'est presque plus possible de construire de parcours de golf 18 trous dans des zones urbaines comme Zurich et Bâle. Quelques petits projets de terrains de golf et des extensions de terrains existants sont toutefois en cours de planification. Dans les régions périphériques, des fermetures d'installations ne sont pas exclues».
Fin 2023, La Largue a fermé ses portes pour cause de faillite. On ne sait pas si les 27 trous envahis par la végétation seront un jour à nouveau ouverts. Petite anecdote: en 1998, «Golf & Country» titrait encore «The Big Shots in La Largue», lorsque les joueurs de la Ryder Cup Sam Torrance, Costantino Rocca et Padraig Harrington, invités par Canon avec d'importants clients suisses, avaient effectué une «partie de golf presque privée» sous les yeux des membres.
Attaques contre les terrains de golf
En avril 2023, des activistes climatiques du groupe «Grondement des Terres» ont creusé des trous et labouré le gazon sur le parcours de golf de Lausanne pour y planter des légumes et des pommes de terre. Des actions similaires ont suivi à Payerne, Vuissens et Genève. Le terrain de Neuchâtel a également été recouvert de slogans. Les activistes ont justifié cette action par le fait que le golf - en raison de sa forte consommation d'eau - fait partie des sports les plus polluants.
La fédération a immédiatement réagi en condamnant fermement ces actes de vandalisme: «Swiss Golf a pris connaissance avec inquiétude et incompréhension des actes de vandalisme perpétrés ces derniers jours sur les terrains de golf de Lausanne, Genève et Payerne. La fédération suisse de golf condamne avec la plus grande fermeté ces dommages matériels et la violation de domicile qui en découle. Ces actes, prétendument commis dans le cadre d'un activisme écologique, constituent en réalité un vandalisme inacceptable».
Des actes de vandalisme similaires ont eu lieu dans d'autres pays: en juillet 2023, des activistes climatiques ont rempli les trous de dix parcours de golf espagnols de ciment pour protester contre leur forte consommation d'eau. Des activistes d' «Extinction Rebellion» et du groupe «Collective Kirikou» ont revendiqué à l'automne 2022 le saccage de parcours de golf près de Toulouse, Limoges et dans l'est de la France. Le ministre français de l'Intérieur, Gérald Darmanin, a qualifié leurs auteurs d'«éco-terroristes».
Indépendamment de ces actions hautement symboliques, le thème de l'eau fera encore beaucoup parler de lui dans les années à venir. «Après la sécheresse de l'été dernier, ce thème a continué à progresser dans notre liste de priorités», expliquait en mars 2023 Alicia Moulin, responsable du développement durable chez Swiss Golf, à golfsustainable.com. Selon elle, le but est d'obtenir une image claire de la situation en Suisse. «Nous travaillons à la collecte anonyme de données sur la consommation d'eau, afin d'avoir une vue d'ensemble sur le pourcentage d'eau potable nécessaire par rapport à l'arrosage naturel, par exemple», a-t-elle expliqué.
Selon les chiffres officiels de la fédération, la consommation d'eau annuelle d'un parcours 18 trous est en moyenne de 21'000 m3, ce qui représente un quart de la surface arrosée. L'association allemande de golf avait auparavant calculé un besoin de 43'700 m3.
D’après Daniel Weber, les deux chiffres peuvent être exacts: «Les différences entre les régions sont énormes, même en Suisse», note l'exploitant des trois installations de Sempach, Kyburg et Saint Apollinaire. Concrètement, à Saint Apollinaire près de Bâle, par exemple, on pompe chaque année environ 40’000 m3 d'eau de pluie collectée dans les bassins de rétention pour les déverser sur le parcours. Cela correspond à 40 millions de litres d'eau pour un parcours de 18 trous. En comparaison, nous utilisons en moyenne 53'000 litres par an et par personne. Grâce aux moyens financiers et à la technique, nous devenons indépendants des sources externes. Nous continuons à avoir besoin de la pluie, même si le temps semble devenir de plus en plus extrême».
Voir chapitre Durabilité, y compris Golf et le bien commun / ESG
Disparus ou jamais construits
Au cours des 100 dernières années, 29 parcours de golf ont vu le jour mais n'existent plus aujourd'hui, pour diverses raisons. Un exemple supplémentaire actuel est La Largue.
En ce qui concerne les raisons de la disparition des 29 parcours de golf en Suisse, nous renvoyons au chapitre détaillé Les terrains de golf qui n’existent plus en Suisse
Au cours de l'histoire, il y a eu, surtout dans le canton de Zurich, plus de projets planifiés que de projets finalement réalisés.
L'aperçu suivant montre, sans prétendre à l'exhaustivité, la large palette d'idées qui, pour diverses raisons, n'ont jamais été mises en œuvre.
Projets de terrains de golf non réalisés
En juin 1997, l'assemblée communale de Hinwil a voté contre un plan d'aménagement privé, empêchant la réalisation du terrain de golf de Zurich-Bachtel.
Peu après, l'assemblée communale de Hedingen a clairement rejeté un changement de zone par 290 voix contre 135. Un terrain de golf de 18 trous avait été prévu dans la zone Frohmoos/Feldenmas/Hirslen, à proximité d'Affoltern.
Dans la région de Berne, Migros voulait investir environ 20 millions de francs à Tägermatt pour un parcours 18 trous, un autre de 9 trous ainsi qu'un golfodrome avec restaurant public. En 1999, après une réunion d'information, la «Berner Zeitung» titrait: «Le parcours de golf est une honte. Un ancien employé du domaine de la clinique psychiatrique de Münsingen s'est levé et a pris pour cible les projets de golf». «Je trouve honteux que le meilleur terrain de la vallée de l'Aar devienne un parcours de golf», a-t-il déclaré d'une voix tremblante. Le projet a été rejeté par les votants.
En avril 2000, Migros a renoncé à deux projets en cours dans le Fricktal. Deux sites étaient prioritaires: le «Meler Feld» (communes de Möhlin et Zeiningen) et la zone du «Grossgrüt» (Rheinfelden et Möhlin). «Le domaine de Schönau est destiné à devenir le point de départ et le centre convivial du parcours de golf. Il est desservi par la route cantonale reliant Sihlbrugg à Kappel et Hausen et ne nécessite donc pas de nouvel accès. Il est prévu d'y aménager un clubhouse et des locaux pour les équipements de golf en utilisant les bâtiments existants. Le restaurant public sera doté d'une terrasse avec vue sur le lac de Zoug», écrivait la «NZZ» en septembre 2000 à propos du plan du «Säuliamt». L'article se terminait ainsi: «Le calendrier optimiste du comité de fondation table sur un début des compétitions en août 2004». En raison de l'absence de changement de zone, le projet est resté bloqué au stade de la planification.
Le projet de golf public de Migros entre Mauensee et St. Erhard a échoué en 2001. Dès le début, la coopérative Migros Lucerne a lié la décision définitive concernant le site à la condition que le projet soit largement accepté par toute la région. «Cette condition n'a pas été remplie», indiquait le communiqué de Migros.
L'entrepreneur de travaux publics Adrian Risi et un comité d'initiative avaient prévu en 2002 de construire un grand parcours de golf à proximité de Baar, près de Zoug. Ce 18 trous devait être ouvert en l'espace de quatre ans, suivi deux ans plus tard d’un terrain de 9 trous. Là encore, il n'en fut rien.
En 2003, Migros a mis fin à ses projets de terrain de golf sur la presqu'île de Horwer, près de Lucerne. La surface nécessaire pour un parcours de 18 trous n'a pas été trouvée.
Les travaux préparatoires ont duré nettement plus longtemps à Aristau, en Argovie. Lors d'une assemblée communale extraordinaire à tous points de vue, la construction du parcours de 18 trous dans le Freiamt a été clairement rejetée par 292 non contre 152 oui.
Un 18 trous devait être construit sur une surface de 85 hectares dans une zone de loisirs très populaire sur les hauts de Pfannenstiel, au-dessus de Meilen et Herrliberg. Les initiateurs se démarquaient clairement de ceux qui avaient échoué en 1999 avec un projet encore plus grand: «Ce n'est pas un club élitiste qui doit voir le jour au Pfannenstiel, mais un parcours de golf pour la classe moyenne», assurait le chef de projet Franz Scherrer au Tages Anzeiger. La Zürisee Golf AG avait proposé aux agriculteurs de multiplier par dix le montant du bail actuel. L'association de promotion qui soutenait le projet au Pfannenstiel comptait 1170 membres. Mais là encore, le peuple n’a pas suivi.
En novembre 2005, l'assemblée communale de Liestal a rejeté le projet d'un 9 trous dans la région de Sichtern par 75 voix contre 63.
En avril 2006, l'idée d'un parcours de golf 9 trous à Lampenberg, Bâle-Campagne, a été politiquement enterrée. Les initiateurs étaient les célèbres jumeaux footballeurs David et Philipp Degen et la famille de leur oncle. La modification de la zone pour le projet de golf de Sormatt/Grund a clairement échoué lors d'un vote à bulletin secret, par 160 voix contre 40.
Dans le Jura, il y avait à cette époque deux projets très concrets. A Bassecourt, un parcours de golf devait être construit sur 100 hectares. Les responsables prévoyaient un investissement de près de 20 millions de francs. Le projet nettement plus modeste de Delémont, prévu sur 42,5 hectares avec un budget d'investissement de 4,2 millions de francs, n'a lui non plus jamais vu le jour.
Même après des votations populaires positives, des projets peuvent encore échouer. Dans le cas de Bonstetten-Wettswil, c'est même le Tribunal fédéral qui a dû trancher. Celui-ci a donné raison à l'Union des paysans qui s'était opposée au changement de zone. Le véritable point d'achoppement concernait les surfaces d'assolement. Il s'agit de terres fertiles que les cantons doivent tenir à disposition en cas d'urgence, conformément aux directives de la Confédération. Ces surfaces d'assolement ont fait capoter le projet de terrain de golf à Wettswil/Bonstetten en 2008. Le Tribunal fédéral a en effet estimé que l'intérêt public de telles surfaces était supérieur à celui des golfeurs.
En mai 2008, Daniel Weber avait lancé une deuxième tentative de construction d’un 18 trous à Beinwil, dans le canton d'Argovie. Le projet devait s'étendre sur une surface totale d'environ 56 hectares. Un projet de 2007 nécessitait 65 hectares de plus. Malgré le soutien de la commune, cette deuxième tentative a également échoué. Après de longues discussions, le vote à bulletin secret n'a commencé qu'à 23h15. Avec 180 non contre 155 oui, l'assemblée communale s'est prononcée contre le projet.
En novembre 2010, les habitants de Bergdietikon ont voté pour savoir s'ils voulaient un parcours de golf de 18 trous dans la zone de loisirs du Herrenberg. Malgré le soutien du conseil municipal et de l'assemblée communale, le projet n'a pas abouti.
Peu de temps auparavant, un projet à Bad Zurzach, soutenu par les autorités locales, avait été rejeté dans les urnes. «Le taux de participation de 65% prouve que les parcours de golf font bouger les gens - ou plutôt les excitent», écrivait ensuite le «Tages Anzeiger».
Après dix ans de travaux préparatoires, le projet de Mönchaltorf, dans le canton de Zurich, a été abandonné en février 2011. Les votants ont d'abord rejeté une demande de vote à bulletin secret avant de refuser clairement le projet de terrain de golf par 583 voix contre 147.
Le verdict était similaire à Niederhasli, près de Dielsdorf. Là, l'inscription nécessaire dans le plan directeur a échoué lors de la votation populaire de 2012. Migros avait soutenu les promoteurs locaux.
Un an plus tard, Migros voulait étendre à 18 trous le Golf Campus de Wädenswil. Là aussi, l'obstacle était trop important, d'autant plus que douze communes du district devaient se prononcer. La majorité de la population, et au moins sept communes, auraient dû voter pour. «L'objectif actuel de Migros est toujours de créer dix Golfparcs en Suisse», précisait encore le géant orange en 2013. Mais cela n’a rien donné. Migros a vendu le Golf Campus Wädenswil peu après la décision négative du peuple.
En 2018, l'association Gnadenthal a repris une vieille idée dans la vallée de la Reuss. Un parcours de 9 trous et un driving range devaient être construits sur 34 hectares de terrain, au sud et à l'ouest du Reusspark. L'association avait déjà fait une première tentative en 2002, avec une surface de 80 hectares, en collaboration avec Migros. Même le projet nettement plus petit n'a jamais pu être réalisé. Le canton d'Argovie a posé son veto avant même qu'un vote n'ait eu lieu.
Le dernier projet de terrain de golf connu à ce jour et qui a duré de nombreuses années a donc lui aussi échoué face à la réalité politique suisse.
1823 trous répartis sur 100 parcours
Les golfeurs s'intéressent moins aux projets qui ont échoué qu'à l'offre réelle de possibilités de jeu en Suisse. Les 98 clubs de Swiss Golf disposent actuellement de 100 parcours. La différence entre les deux chiffres s'explique facilement: l'Engadine Golf Club exploite deux parcours de 18 trous à Samedan et Zuoz, et Andermatt Realp réunit, d'un point de vue purement juridique, les deux parcours de golf uranais.
Le tableau ci-dessous présente pour la première fois un aperçu détaillé de tous les parcours membres de Swiss Golf, avec les architectes, l'année d'ouverture et surtout le nombre de trous. La palette s'étend du petit 9 trous de 1500 mètres de Riederalp au parcours de championnat de 6800 mètres de Saint Apollinaire. Dans la liste alphabétique, les deux terrains les plus «extrêmes» se trouvent d’ailleurs directement l'un sous l'autre.
D'un point de vue purement golfique, toutes ces installations sont extrêmement différentes: d'une part des parcours de montagne ouverts seulement quelques mois par an, d'autre part, un parcours de championnat avec son tournoi professionnel directement aux portes de Bâle.
Au début de l'année 2024, les golfeurs et golfeuses disposaient de 1823 trous, dont 110 trous de petit jeu sans rating pour les tournois.
Si l’on veut continuer de jouer avec les chiffres, on peut additionner tous les par des terrains homologués. Cela donne un par total de 6697 et correspond à un handicap de zéro.
Voir chapitre Les 100 installations de Swiss Golf, détaillés et dans l’ordre alphabétique