Les pionniers en Engadine
C'est à Saint-Moritz que l'histoire du golf suisse prend ses sources, en août 1891. En Engadine, le jeu était le privilège de riches touristes, surtout britanniques, mais aussi américains. Les enfants des paysans pauvres de la région gagnaient quelques centimes en servant de caddies. Des artistes de renom comme Giacometti et Segantini auraient aussi, dans leur jeunesse, porté les sacs de golf des riches hôtes anglais et gagné ainsi un peu d’argent de poche. Découvrez ici tout ce qui a changé dans le golf suisse au cours de ses 100 premières années.
C'est en 1744 que «The Honourable Company of Edinburgh Golfers» a organisé le premier tournoi de golf au monde attesté par des sources. Mais beaucoup d’eau a coulé sous les ponts avant que le reste du monde ne s'intéresse de près à ce jeu difficile qui consiste à faire entrer une petite balle blanche dans un trou. Plus de 100 ans après le premier tournoi de golf, des officiers écossais créaient le premier parcours d'Europe continentale à Pau, en France. Celui-ci s'appelle aujourd’hui officiellement «Pau Golf Club 1856».
Peu avant, les Britanniques avaient exporté le jeu aux États-Unis, en fondant en 1786 le premier club à Charleston, tandis qu'à Calcutta, en Inde, le premier parcours de golf pour hommes ouvrait ses portes en 1829, trente ans avant que l'Inde ne devienne officiellement une colonie de la couronne britannique.
A cette époque, la Suisse était un pays de paysans pauvres, avec une industrie peu développée. L'espérance de vie était de 40 ans. En 1850, plus de la moitié des gens travaillaient dans l'agriculture, et à peine un tiers dans l'industrie et l'artisanat. Jusqu'à la fin du 19e siècle, la Suisse était bien plus un pays d'émigration que d'immigration, une situation qui a changé notamment grâce à la construction du tunnel du Gothard, ouvert en 1882.
Le chemin de fer a été d'une importance capitale pour le tourisme, qui se développait lentement. Le réseau ferroviaire suisse est passé de 38 kilomètres en 1854 à près de 3800 kilomètres en 1900, ce qui correspond à la majeure partie du réseau actuel, qui compte un peu plus de 5300 kilomètres. L'Engadine n'a été desservie que tardivement par le chemin de fer. Malgré tout, Saint-Moritz, réputée pour ses sources thermales, était une destination privilégiée des artistocrates et des personnes aisées venant de nombreuses régions d'Europe. Il y avait donc de l'argent à disposition pour des réalisations pionnières: en 1879, la première lampe électrique de Suisse a éclairé la salle à manger de l'hôtel Kulm de Saint-Moritz et le premier tram électrique a circulé à partir de 1896, à Saint-Moritz également, permettant aux curistes du village de ne pas devoir se rendre à pied à la cure thermale à 1,5 kilomètre de là ou de devoir louer une calèche.
Double début en 1891
L’année 1891 est marquée notamment par la première célébation officielle de la fête nationale suisse, le 1er août. En 1891, Josef Zemp, originaire de l'Entlebuch, est le premier conservateur catholique à entrer au Conseil fédéral, et Zermatt inaugure sa ligne de train.
La «construction» du premier parcours de golf en Suisse, le St. Moritz Golf Club, fait naturellement partie des actes pionniers de cette époque. À l'époque, on se contentait de faucher des prés à vaches et d'y aménager des trous. Les greens, tels qu'on les connaît aujourd'hui, n'existaient pas. Le terrain de golf, qui se situait près de l'actuel hôtel Palace à Saint-Moritz, a été mentionné pour la première fois le 27 juin 1891 dans le journal anglophone «Alpine Post», qui annonçait que le parcours de 9 trous serait prêt après la récolte des foins, vers la deuxième semaine de juillet. Le 1er août, un grand article (en anglais bien sûr) titrait: « Le premier links de Saint-Moritz est prêt». Il devait être inauguré le lundi 3 août à 10 heures. En raison du mauvais temps, le premier tournoi officiel a finalement dû être reporté au 15 août.
Auparavant, le journal local avait expliqué le déroulement du jeu, les règles du club et les coûts: «La cotisation de membre est de 25 francs par an et de 15 francs par mois. Des conditions spéciales sont prévues pour les visiteurs qui ne séjournent que brièvement en Engadine. Ces derniers peuvent devenir membres temporaires pour 1 franc par jour ou 5 francs par semaine», lisait-on entre autres. A l'époque, il était déjà possible de louer des clubs. Le trésorier honoraire (et hôtelier) Conradin von Flugi avait découvert le golf lors d'un voyage en Angleterre. Il proposait des «spoons», des «brassies», des «mashies» ou des «niblicks» pour 25 centimes par jour. A l'époque, les clubs en bois de hickory portaient encore un nom, et pas un numéro comme aujourd'hui. Bien d’autres choses ont changé depuis les débuts du tourisme.
En août de la même année, non loin de Saint-Moritz, le Maloja Palace Hotel lançait aussi avec succès une offre golfique pour ses clients anglophones. Le parcours de golf commençait par un départ sur le «Ice Rink» et se poursuivait sur 9 trous jusqu'au Maloja Palace, l’ancien hôtel de luxe. Le colonel Woodward, un Britannique, a été le premier secrétaire bénévole du club, et a également fait partie des pères fondateurs de l'association suisse de golf en 1902.
Bien plus tard, à partir de 1927, le parcours de Maloja a été agrandi à 18 trous, pour revenir à 9 trous quatre ans plus tard après la grande crise économique mondiale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, le terrain autour de l'hôtel a servi au Plan Wahlen, et les balles de golf cessèrent de voler sur le départ du marathon de ski de l'Engadine. Petit détail: politiquement et géographiquement, Maloja ne fait pas partie de l'Engadine, mais du Bergell.
Samedan existe toujours
Un autre projet à proximité de Saint-Moritz a connu nettement plus de succès. L'ouverture du premier 18 trous en Suisse, à Samedan, a été annoncée le 14 juin 1893 dans un article par «The Alpine Post». Le journal indiquait que la commune avait mis à disposition le terrain nécessaire, situé à quelques minutes à pied de l'hôtel Bernina. Le propriétaire de l'hôtel, Angelo Fanconi, faisait office de premier secrétaire et d'interlocuteur pour les clients. Les premiers tournois officiels de l'Engadine Golf Club eurent lieu les mardi et mercredi 1er et 2 août 1893. Selon le journal, le tournoi le plus important était le foursome mixte. L'article sur l'événement était suivi des classements des différentes compétitions disputées. Le secrétaire Paul Spring avait remporté le mixte avec Miss L. Earle. Le baron H. von Kaufmann et Mademoiselle von Kaufmann avaient eu besoin de 89 coups après déduction du handicap et s’étaient classés derniers. Ce tout premier tournoi en foursome mixte ne s’est joué que sur neuf trous.
Mais en règle générale, les dames et les messieurs jouaient alors séparément. Le sexe fort disposait de 18 trous, tandis que les dames jouaient sur un parcours 9 trous qui leur était réservé. Le «Samedan Ladies Links» fut supprimé par la suite. Le reste a été conservé et c'est ainsi que Samedan est le plus ancien parcours de golf de Suisse existant aujourd'hui encore. Petite anecdote: le St. Moritz Golf Club prévoyait, deux ans après sa création, de construire un clubhouse permanent. Un article fait état de coûts budgétés à 200 francs. Dans le même numéro de l'«Alpine Post», quelqu'un proposait un appareil photo d'occasion de la marque Kodak pour exactement le même montant. Prix neuf à l'époque: 350 francs (!). Dans son rapport annuel de 1893, le St. Moritz Golf Club chiffrait les «members subscriptions» à 880 francs. Les ventes de clubs et de balles rapportaient presque autant d'argent. Le compte de résultat de cette année affichait une perte de 7,35 francs.
A titre de comparaison, le trajet d'une heure en calèche entre Samedan et Saint-Moritz coûtait à l'époque 1,50 franc aller-retour. Jusqu'à Maloja et retour, c'était 5 francs par personne. Une comparaison avec les salaires de l'époque en Suisse montre à quel point les voyages étaient un luxe: selon les chiffres officiels, un ouvrier suisse du textile gagnait 28 centimes de l'heure en 1893, les femmes ne gagnaient que 22 centimes. Seul le secteur des arts graphiques, encore jeune à l'époque, offrait des salaires horaires nettement plus élevés que ceux de l'industrie, avec près de 60 centimes. Un détail encore: aujourd'hui, le trajet en bus sur le même parcours, nettement plus rapide, coûte un peu plus de 10 francs avec un abonnement demi-tarif, ce qui relativise fortement l'inflation.
Comme nous l'avons dit, le premier parcours de golf de Suisse près du St. Moritz Palace a vite été abandonné. A partir de 1898, les clients pouvaient taper leurs balles ailleurs, dans le grand parc de l'hôtel Kulm, également sur neuf trous, connus à l'époque sous le nom du St. Moritz New Links. Le terrain de golf de Kulm a existé jusqu'en 1964, avant de disparaître. Ce n'est qu'à partir de 2001 qu'il est réapparu grâce à l'initiative de Mario Verdieri, architecte de parcours de golf de Saint-Moritz, et aux moyens financiers de l'hôtel Kulm. Un terrain d’une longueur de 930 mètres seulement, ce qui ne lui suffit pas pour faire partie de Swiss Golf.
Premiers parcours en Suisse romande
C’est en 1898 également que le premier parcours en terre romande a été inauguré, dans le Parc des Sports des Charmilles de Genève. Malgré un président («Eugène Colgat», selon la tradition) et un secrétaire (Lucien Pictet) éminents, les premières années ne furent apparemment pas faciles. En mars 1901, le vice-président annonçait, après deux années difficiles, un effectif de 150 membres et un budget équilibré. Le 19 octobre de la même année eut lieu la première rencontre interclubs avec Montreux. Six joueurs s’affrontèrent, les hôtes gagnant haut la main avec un total de 19 trous d'avance. Ce terrain de golf a rapidement cessé d'exister.
L'actuel Golf Club de Genève n'a été fondé qu'en novembre 1922 et a changé plusieurs fois d'emplacement. Vous trouverez plus de détails à ce sujet dans le chapitre Les terrains de golf qui n'existent plus en Suisse.
Dans l'histoire du golf en Suisse, le parcours de Montreux est considéré comme le plus ancien site encore existant aujourd'hui en Suisse romande. Un parcours 9 trous a été inauguré le 27 septembre 1900 à Aigle, non loin de Montreux. Là encore, les hôteliers de la région ont joué un rôle moteur. William Entwistle, un pro anglais, a aidé à la construction du parcours, avant de tenter d'initier la jet-set européenne aux secrets du swing de golf. Quelques années plus tard, le parcours a été agrandi à 18 trous. Le terrain a été réduit pendant les deux guerres mondiales et une partie de la surface de jeu a été perdue. Ce n'est qu'en 1964 que l'architecte Donald Harradine a réaménagé le terrain en 18 trous. À partir de 2005, ce parcours classique de type parkland a été redessiné par Ronald Fream. Le Golf de Montreux est toujours resté l'un des rares parcours en Suisse où il est possible de jouer toute l'année sur les greens d'été.
Les quatre fondateurs de l’association
Deux ans seulement après le début officiel du golf en Suisse romande, quatre messieurs, deux Anglais et deux Suisses, se sont rencontrés à Lucerne en 1902 pour fonder la Swiss Golf Association, dont ne faisaient partie à l’époque que quelques clubs. Pour bien marquer l’importance de cette fondation, mentionnons que «The English Golf Union», qui comptait à l'époque bien plus de 1000 clubs, n'a vu le jour qu'en 1924.
Les objectifs de la Swiss Golf Association étaient formulés dans son premier article: le regroupement de tous les clubs suisses, y compris ceux qui se trouvent en dehors du pays, dans la zone frontalière proche, ainsi que la promotion et le développement du golf et des bonnes relations entre les golfeurs en Suisse. En outre, des manifestations communes, c'est-à-dire des championnats, devaient être organisées.
Le premier comité était composé du président Alfred H. Crosfield et de trois vice-présidents, le colonel Woodward et les hôteliers Alfred Hoffmann et Hans Pfyffer.
Alfred Hoffmann, directeur et propriétaire de l'Hôtel National à Lucerne, a joué un rôle déterminant dans le développement de l'offre golfique dans cette ville touristique. C’est lui qui a également fait construire le Dolder Grand Hotel à Zurich, ouvert en 1899, qui a été doté peu de temps après d’un parcours 9 trous.
Comme nous l'avons déjà mentionné, le colonel Woodward était le premier secrétaire du club de golf de Maloja, tandis que son compatriote Arthur H. Crosfield faisait partie du comité du Golf Club Engadine. Arthur Crosfield était le directeur de l'entreprise familiale Joseph Crosfield & Sons Ltd, spécialisée dans la fabrication de savons et de produits chimiques. De 1906 à 1910, il a été membre du Parlement britannique et également président de l'association nationale des terrains de sport. Il consacrait la majeure partie de son temps à ses hobbies, l'alpinisme, le tennis et le golf. Il était également membre du Royal & Ancient Golf Club of St Andrews, du Royal Liverpool et des clubs de golf de Cannes et de Paris.
Le premier championnat officiel de la jeune Swiss Golf Association fut organisé en 1904 en Engadine. Il s'agissait encore d'un événement modeste. Le président Crosfield avait offert une coupe itinérante pour les hommes. Onze golfeurs se sont disputés le premier titre officiel en match play. En finale, le président a dû s'avouer vaincu par 2&1 contre John Tarver. Chez les femmes, le tableau était nettement plus restreint. La favorite Lady Margaret Hamilton-Russell a remporté la finale face à Mrs Moseley sur le score de 8&7. Compte tenu de la brièveté de la préparation, le journal qui a donné un compte-rendu du tournoi et qui avait envoyé son propre photographe à Samedan s'est dit «très satisfait» du nombre de participants.
Lors de l'assemblée générale de la Swiss Golf Association convoquée après le tournoi, le club de Lucerne a été prié d'organiser le championnat l'année suivante. Les membres officiels de l'association étaient alors les clubs d’Engadine, de Lucerne, de Genève, de Montreux, d’Interlaken et de Maloja.
En raison d’une forte demande de la part des touristes, l'association des bains de Saint-Moritz avait ouvert en 1904 un autre parcours 9 trous dans la région de San Gian, près de Champfèr. Après diverses modifications, celui-ci fait désormais également partie de la longue liste des terrains de golf qui n'existent plus en Suisse.
D'autres sites touristiques suivent
L'Anglais Arthur W. Crosfield présida la jeune Swiss Golf Association pendant onze ans, jusqu'en 1913. La Première Guerre mondiale provoqua une césure profonde dans le golf suisse. Les nouveaux clubs d'Axenfels, de Lucerne, d'Interlaken et de Saint-Moritz San Gian, qui avaient commencé à être exploités dès 1909, durent fermer temporairement ou complètement leurs portes en raison de la guerre.
En Suisse centrale, les golfeurs ont commencé à jouer au Sonnenberg, près de Kriens, à partir de 1903. Herbert March, qui passait la saison d'hiver à Cannes en qualité de professeur de golf, en était le responsable principal. Jusqu'à la Première Guerre mondiale, le terrain ne disposait que de neuf trous. Il fut entièrement fermé en 1915. Par la suite, l'hôtel de luxe Sonnenberg, situé à proximité, servit notamment de camp d'internement.
A partir de 1920, le club reprit ses activités grâce à l'initiative de Hans Pfyffer d'Altishofen, sur un nouveau terrain construit sur le Dietschiberg tout proche. Le Lucerne Golf Club est considéré comme le plus ancien de Suisse centrale, sa date de fondation officielle étant 1903.
Les installations d'Axenfels, au-dessus de Brunnen, sur le lac des Quatre-Cantons, ont été réaménagées à plusieurs reprises, avant de disparaître. Dans d'autres lieux de villégiature, comme Interlaken ou Bad Ragaz, les terrains de golf actuels ne se trouvent plus à l'endroit où ils avaient été construits à l’origine.
Le premier parcours 18 trous du canton de Berne a été ouvert le 22 juin 1904 dans la station touristique d'Interlaken. La bourgeoisie louait le terrain du «Neue Ey» pour 4000 francs par an. Cela suffisait pour un parcours d'une longueur totale de 6,3 kilomètres. Le premier comité était présidé par un habitué d'Interlaken, le baron Kammerherr von Roeder. Howard Copland, conseiller en golf américain, en était le secrétaire honoraire. Un mois seulement après l'ouverture, la première compétition internationale de golf a été organisée sur le «Neue Ey». Trois ans plus tard, Interlaken a accueilli le premier «Championnat International Suisse Messieurs». La société des thermes d’Interlaken était le principal bailleur de fonds et exploitait elle-même le parcours de golf. Après cinq ans, et apparemment de vives discussions, l'association des hôtels d'Interlaken reprit le terrain de golf. Lorsque la Première Guerre mondiale éclata et que les touristes disparurent d’Interlaken, le premier chapitre de l'histoire du golf en terre bernoise prit fin. Ce n'est qu'à la Pentecôte 1965 que le Golf Club Interlaken-Unterseen a commencé à fonctionner sur son site actuel, au bord du lac de Thoune.
A Bad Ragaz, les hôtes de passage en Engadine ont pu jouer sur neuf trous dans la zone «Heulöser» dès 1905. Le premier clubhouse a été officiellement inauguré le 1er avril de la même année. Les touristes ont profité du terrain jusqu'en 1942, qui fut ensuite sacrifié pour le Plan Wahlen. Ce n'est qu'en 1958 qu'a eu lieu l'ouverture officielle d'un nouveau parcours 9 trous sur le domaine du Giessenpark. Le financement provenait directement du Grand Resort Bad Ragaz, qui gère encore le parcours de golf aujourd'hui.
Quelques chiffres pour l’anecdote: les coûts officiels de construction du terrain de golf se sont élevés à 165'713.05 francs. Un premier budget d'exploitation prévoyait des dépenses annuelles de 43'511 francs et un déficit de 19'011 francs à couvrir par les établissements de cure. Bad Ragaz est aujourd'hui le seul parcours 18 trous de Suisse exploité directement par un hôtel.
La figure de proue du Valais
L'interruption due à la guerre n'a pas duré aussi longtemps à Montana, la localité située au-dessus de Sierre, qui est devenue au fil des années la principale vitrine internationale du golf suisse. Peu après l'ouverture du parcours en 1907, le magazine «Golf Illustrated» écrivait déjà avec euphorie: «Il n'y a aucun doute: Montana est destiné à devenir en peu de temps le St Andrews de la Suisse». Cette comparaison était peut-être un peu boiteuse, mais grâce à l'Omega European Masters, le parcours surplombant la vallée du Rhône offre une fois par an des images télévisées spectaculaires et attire de nouveaux golfeurs en Suisse.
En Valais aussi, le premier terrain de golf a été créé à l'initiative de plusieurs hôteliers, dont Henry Lunn, le propriétaire de l'Hôtel Palace. Les 9 premiers trous ont pu être ouverts en 1906 et 9 autres étaient praticables dès 1908. Le parcours conçu par William Freemantle disparut durant la Première Guerre mondiale. À partir de 1921, Elisée et Albert Bonvin, les propriétaires du Golf Hôtel et du Beau-Séjour, aménagèrent un 9 trous pour leurs clients. Les pros étaient Charles Antille et Antoine Duplan, probablement les premiers Suisses à avoir jamais exercé ce métier.
Chronologie du parcours du golf de Crans-sur-Sierre
1906 Ouverture des premiers 9 trous
1908 Ouverture des premiers 18 trous
1914 Abandon du parcours
1919 Ouverture de 9 trous
1929 Parcours dessiné par Harry Nicholson
1955 Nouveau concept du parcours
Dès 1999 Modifications régulières du parcours
2002 Le parcours est baptisé Severiano Ballesteros
Chronologie du Golf Club Crans-sur-Sierre
1919 Réouverture d’un parcours de 9 trous
1919 Le Golf Club de Crans est admis au sein de l’Association Suisse de Golf
1943 Premiers statuts du Golf Club de Crans
1981 Le Golf Club Crans-sur-Sierre est inscrit dans le Registre du commerce
Source : Pierre Ducrey, Histoire du golf de Crans 1906-2006 (2006)
Ce n'est que depuis l'Omega European Masters 2002 que le parcours transformé par Severiano Ballesteros a reçu officiellement son célèbre nom. De nombreux millions sont régulièrement investis dans l'amélioration du parcours de tournoi. Gaston Barras a joué un rôle décisif dans le succès de Crans. Il est devenu président du comité d'organisation du tournoi en 1964. Il a occupé le poste de président du Golf Club Crans-sur-Sierre depuis 1981 et jusqu'à sa mort en mars 2021, tout en étant président de l’association suisse de golf de 1991 à 1997.
Des enfants et des paysans caddies
Le recrutement des caddies du golf de Crans répondait au début à une règle très particulière: seuls étaient admis à porter les sacs des joueurs les enfants des propriétaires des terrains sur lequel se déroulait le parcours, exclusivement des bourgeois du village de Chermignon. Les enfants du village voisin de Lens ne furent admis que progressivement, à partir de la seconde Guerre mondiale. L’apport économique pour les familles des agriculteurs et éleveurs, souvent nombreuses, était très appréciable, même si les tarifs étaient modestes (0, 90 franc pour 9 trous, 1, 80 franc pour 18 trous). A cela s’ajouta bientôt une ouverture sur le monde, grâce aux contacts que nouaient les jeunes gens les plus dégourdis avec leurs «clients» étrangers. Très tôt, les caddies se passionnèrent pour le golf et se mirent à jouer avec des clubs de fortune. C’est ainsi que le golf devint très populaire dans toute la région de Crans.
Comme c’était l'usage à l'époque, Gaston Barras avait commencé sa carrière de golfeur comme caddie. Les sources historiques ne contiennent que peu d'indications sur le rôle des porteurs de sacs. C’étaient des gens «normaux» qui ne méritaient guère d'être mentionnés. «Les caddies, généralement des paysans, que j'ai pu observer, sont très habiles et savent garder le contrôle de la balle dans les situations les plus difficiles. Je pense que si on leur donnait la chance de jouer sur l'un de nos parcours, ils éclipseraient même les Écossais», écrivait Graham Hutchison, lui-même Écossais, en août 1930 dans «Golf Illustrated». La chance de se rendre en Écosse restait toutefois un rêve inaccessible pour la plupart de ces caddies. Dans certains clubs (par exemple à Gstaad), les caddies n’avaient pas le droit de jouer, sous peine de recevoir des coups de canne. D'autres clubs, en revanche, les encourageaient à s’entraîner, parfois très jeunes.
On voulait toutefois que le montant des pourboires reste «raisonnable». Dans un procès-verbal du Golf Club d'Interlaken dans les années soixante, on pouvait lire: «Afin de lutter contre les abus en matière de pourboires aux caddies, il est recommandé de payer 50 centimes supplémentaires pour 9 trous et 1 franc pour 18 trous».
Plus tard, les porteurs de sacs furent remplacés par les chariots de golf, puis les chariots électriques.
La figure de proue du Valais
L'interruption due à la guerre n'a pas duré aussi longtemps à Montana, la localité située au-dessus de Sierre, qui est devenue au fil des années la principale vitrine internationale du golf suisse. Peu après l'ouverture du parcours en 1907, le magazine «Golf Illustrated» écrivait déjà avec euphorie: «Il n'y a aucun doute: Montana est destiné à devenir en peu de temps le St Andrews de la Suisse». Cette comparaison était peut-être un peu boiteuse, mais grâce à l'Omega European Masters, le parcours surplombant la vallée du Rhône offre une fois par an des images télévisées spectaculaires et attire de nouveaux golfeurs en Suisse.
En Valais aussi, le premier terrain de golf a été créé à l'initiative de plusieurs hôteliers, dont Henry Lunn, le propriétaire de l'Hôtel Palace. Les 9 premiers trous ont pu être ouverts en 1906 et 9 autres étaient praticables dès 1908. Le parcours conçu par William Freemantle disparut durant la Première Guerre mondiale. À partir de 1921, Elisée et Albert Bonvin, les propriétaires du Golf Hôtel et du Beau-Séjour, aménagèrent un 9 trous pour leurs clients. Les pros étaient Charles Antille et Antoine Duplan, probablement les premiers Suisses à avoir jamais exercé ce métier.
Chronologie du parcours du golf de Crans-sur-Sierre
1906 Ouverture des premiers 9 trous
1908 Ouverture des premiers 18 trous
1914 Abandon du parcours
1919 Ouverture de 9 trous
1929 Parcours dessiné par Harry Nicholson
1955 Nouveau concept du parcours
Dès 1999 Modifications régulières du parcours
2002 Le parcours est baptisé Severiano Ballesteros
Chronologie du Golf Club Crans-sur-Sierre
1919 Réouverture d’un parcours de 9 trous
1919 Le Golf Club de Crans est admis au sein de l’Association Suisse de Golf
1943 Premiers statuts du Golf Club de Crans
1981 Le Golf Club Crans-sur-Sierre est inscrit dans le Registre du commerce
Source : Pierre Ducrey, Histoire du golf de Crans 1906-2006 (2006)
Ce n'est que depuis l'Omega European Masters 2002 que le parcours transformé par Severiano Ballesteros a reçu officiellement son célèbre nom. De nombreux millions sont régulièrement investis dans l'amélioration du parcours de tournoi. Gaston Barras a joué un rôle décisif dans le succès de Crans. Il est devenu président du comité d'organisation du tournoi en 1964. Il a occupé le poste de président du Golf Club Crans-sur-Sierre depuis 1981 et jusqu'à sa mort en mars 2021, tout en étant président de l’association suisse de golf de 1991 à 1997.
Des enfants et des paysans caddies
Le recrutement des caddies du golf de Crans répondait au début à une règle très particulière: seuls étaient admis à porter les sacs des joueurs les enfants des propriétaires des terrains sur lequel se déroulait le parcours, exclusivement des bourgeois du village de Chermignon. Les enfants du village voisin de Lens ne furent admis que progressivement, à partir de la seconde Guerre mondiale. L’apport économique pour les familles des agriculteurs et éleveurs, souvent nombreuses, était très appréciable, même si les tarifs étaient modestes (0, 90 franc pour 9 trous, 1, 80 franc pour 18 trous). A cela s’ajouta bientôt une ouverture sur le monde, grâce aux contacts que nouaient les jeunes gens les plus dégourdis avec leurs «clients» étrangers. Très tôt, les caddies se passionnèrent pour le golf et se mirent à jouer avec des clubs de fortune. C’est ainsi que le golf devint très populaire dans toute la région de Crans.
Comme c’était l'usage à l'époque, Gaston Barras avait commencé sa carrière de golfeur comme caddie. Les sources historiques ne contiennent que peu d'indications sur le rôle des porteurs de sacs. C’étaient des gens «normaux» qui ne méritaient guère d'être mentionnés. «Les caddies, généralement des paysans, que j'ai pu observer, sont très habiles et savent garder le contrôle de la balle dans les situations les plus difficiles. Je pense que si on leur donnait la chance de jouer sur l'un de nos parcours, ils éclipseraient même les Écossais», écrivait Graham Hutchison, lui-même Écossais, en août 1930 dans «Golf Illustrated». La chance de se rendre en Écosse restait toutefois un rêve inaccessible pour la plupart de ces caddies. Dans certains clubs (par exemple à Gstaad), les caddies n’avaient pas le droit de jouer, sous peine de recevoir des coups de canne. D'autres clubs, en revanche, les encourageaient à s’entraîner, parfois très jeunes.
On voulait toutefois que le montant des pourboires reste «raisonnable». Dans un procès-verbal du Golf Club d'Interlaken dans les années soixante, on pouvait lire: «Afin de lutter contre les abus en matière de pourboires aux caddies, il est recommandé de payer 50 centimes supplémentaires pour 9 trous et 1 franc pour 18 trous».
Plus tard, les porteurs de sacs furent remplacés par les chariots de golf, puis les chariots électriques.
Le Golfclub Dolder Zurich était récemment le seul à offrir encore une (petite) équipe de caddies: «La plupart du temps, de jeunes garçons des environs qui veulent gagner de l'argent de poche en tirant les chariots de golf des membres, en leur passant les clubs, les nettoyant, en ratissant les bunkers, réparant les pitchmarks et lisant les lignes. Ce dernier point est toutefois plutôt rare; les membres connaissent «leurs» greens et en prennent soin - il est peu courant de trouver un terrain où les pitchmarks sont réparés aussi rigoureusement qu'ici», écrivait la «NZZ» en juillet 2013, plus de 100 ans après les débuts du golf sur les hauts de Zurich.
Le Golfclub Dolder Zurich a officiellement rejoint l'association en 1907. Quelques années plus tard, le premier président de la Swiss Golf Association écrivait à propos du premier club de Zurich: «Ce club, qui doit son existence à l'énergie et au sacrifice de son président, l'excellent golfeur et sportif Alfred Hoffmann (soutenu activement par le populaire consul américain Mansfield), peut se vanter d'être le premier club de golf de Suisse dont la majorité des membres sont de nationalité suisse». Par comparaison, la seule mention historique sur la page web du Golfclub Dolder semble plutôt sobre: «Le Dolder Golfclub Zurich a été fondé en 1907, ce qui en fait l'un des plus anciens clubs de golf de Suisse ».
Dolder est l'un des rares parcours en Suisse à ne pas disposer de son propre driving range. Les premières installations d'entraînement ont vu le jour en 1915 à New York. Aujourd'hui encore, en Grande-Bretagne, de nombreux anciens parcours ne disposent pas de leur propre driving range. Il est impossible de savoir qui a exploité le premier driving range en Suisse. Une chose est sûre: actuellement, 95 des 100 parcours de golf de Swiss Golf disposent de telles aires d'entraînement. A cela s'ajoute un nombre considérable de driving ranges exploités dans toute la Suisse, indépendamment des clubs.
Dès le début, les tarifs officiels des caddies ont été bien documentés. A Saint-Moritz, par exemple, ils étaient en 1896 de 75 centimes pour le parcours 18 trous et de 50 centimes pour le parcours 12 trous. La même année, «The Alpine Post» publiait les cotisations saisonnières du club. Les «Gentlemen and Married Ladies» payaient 20 francs, les «Unmarried Ladies» 15 francs. Il était également précisé: «Tea will be served every afternoon after 4 o'clock».
A l'époque, les visiteurs illustres avaient l’habitude de passer des séjours de plusieurs semaines dans des hauts lieux du tourisme comme les Grisons ou la Suisse centrale. Les hôtes étaient donc heureux de pouvoir profiter d’activités de loisirs en tout genre. En hiver, ils pouvaient skier, faire de la luge et assister à des concerts dans les salles de loisirs des stations huppées. Il y avait aussi des idées originales: à Flims et Maloja, par exemple, un casino avait été construit dans la forêt. Mais très vite, les clients payants ont fait défaut.
De cette phase de golf purement touristique dans les stations suisses, qui a duré jusqu'au début de la Première Guerre mondiale, seuls six clubs sont encore aujourd'hui membres de l’association: Dolder, Crans-sur-Sierre, Bad Ragaz, Lucerne, Montreux et Engadine. Tous les autres parcours ont disparu ou ont été utilisés à d'autres fins.
Voir chapitreLes terrains de golf qui n’existent plus en Suisse
L’association change de nom
A l’époque, il se passait beaucoup de choses au sein de la Swiss Golf Association. Comme chaque club avait droit à une place de vice-président au sein du comité, on ne comptait pas moins de 14 vice-présidents en 1910. C’était encore un chiffre acceptable, car selon le procès-verbal, le nombre de vice-présidents était limité à 28. Lors de cette même assemblée générale du 16 août 1910, les délégués approuvèrent la proposition de rebaptiser l'association «Swiss & Central European Golf Association» (SCEGA). Le nouveau nom ne changeait rien aux structures. Il n’y a pas d’explication pour ce changement de nom, si ce n’est qu’il avait probablement pour but de pouvoir accueillir des clubs amis des pays voisins, comme le club de golf de Menaggio sur le lac de Côme et le club de Villa d'Este, qui était même représenté à l'assemblée. Un an plus tard, la question de savoir si les championnats amateurs pourraient être aussi organisés en dehors des frontières suisses fut soulevée. Les discussions ne débouchèrent apparemment sur rien de tangible.
Trois ans plus tard, les mots «Central European» avaient déjà disparu de tous les documents et il était question de l'Association suisse de golf, l'«ASG».
Première Guerre mondiale
L'assassinat de François-Ferdinand, l'héritier du trône autrichien, à Sarajevo le 28 juin 1914 marqua le début de la Première Guerre mondiale. Un mois plus tard l'Autriche-Hongrie déclarait officiellement la guerre à la Serbie. Ce fut le prélude à un conflit sanglant qui dura des années et qui fit près de dix millions de victimes militaires et environ sept millions parmi les civils. Vingt millions de soldats furent blessés, souffrant de blessures parfois très graves.
L'attentat de Sarajevo et ses conséquences eurent aussi une influence dramatique sur la vie en Suisse. Notre pays mobilisa ses soldats le 2 août 1914 et la neutralité suisse fut proclamée le lendemain. Tous les hommes âgés de 20 à 48 ans devaient effectuer leur service militaire.